Annoncé le 1er avril dernier, le stand-alone Far Cry 3 : Blood Dragon n'a rien d'une blague. Non, le jeu existe bien et il nous a été présenté il y a peu par les équipes d'Ubisoft Montréal. Préparez-vous à plonger dans une aventure bleu néon complètement barrée reprenant un grand nombre de clichés des films et séries datant des années 80. Un délire complètement assumé qui risque de séduire plus d'un joueur. Epileptiques, abstenez-vous !
Se glisser dans la peau d'un développeur de la fin des années 80 et penser le jeu comme un hommage assumé à tout ce qui faisait le charme des films ou séries d'action / science-fiction les plus dingues de cette époque, tel est le pari que souhaitaient relever les équipes d'Ubisoft Montréal. Ces dernières sont allées tellement loin dans leur délire qu'elles pensaient d'ailleurs que la maison mère ne validerait pas un quart des propositions faites lors des réunions de brainstorming. Finalement, elles ont obtenu carte blanche et le résultat n'en est que plus savoureux. Oubliez Jason Brody, les îles Rook, leur végétation touffue et la mer turquoise qui les entoure. Bienvenue dans un monde rétrofuturiste flashy faisant la part belle aux néons et au rose, mauve et bleu. Quant à la faune locale, elle est dominée par de gigantesques dragons quasiment aveugles mais capables de désintégrer quiconque se met sur leur chemin en balançant des lasers avec leurs yeux. Le ton est donné.
Du côté des influences, on trouve donc Robocop, Terminator ou le dessin animé M.A.S.K. Evidemment, l'univers dans lequel vous évoluez n'a pas vraiment de sens et c'est totalement voulu. Les ennemis possèdent par exemple un équipement fait de bric et de broc. Certains ont un casque conçu à partir d'un grille-pain ou encore, des protections portées par les joueurs de hockey. Les armes n'ont elles non plus rien de réaliste et produisent un son des plus ridicules. Vous pouvez d'ailleurs leur greffer à chacune des tonnes d'éléments pour en faire des monstres de puissance à la taille démesurée. Quant aux animaux, attendez-vous à croiser des chiens et des panthères robots ou encore, des cyber-requins. Pendant qu'on y est, le scénario joue lui aussi avec tous les clichés des films hollywoodiens les plus kitsch. Nul besoin d'en raconter plus, on vous laisse découvrir cela tranquillement par vous-même. Sachez que le méchant cherche à tuer tout le monde et que le gentil doit l'en empêcher. Et le gentil, c'est le sergent Rex Power Colt qui se rend donc sur une île hostile pour une mission des plus périlleuses. Ce brave militaire, mi-homme, mi-machine, s'évertue à perpétrer la tradition des personnages principaux bien gras balançant insultes et vannes pourries toutes les deux secondes. Dès le tutoriel, il fait ainsi part de son envie d'aller buter sauvagement du méchant sans passer par cette phase d'apprentissage qu'il juge trop longue et pénible. Un travers des jeux vidéo d'aujourd'hui que ne se prive pas de souligner Ubi.
Une fois au cœur de l'aventure, on débute par quelques missions linéaires permettant de nous familiariser avec les contrôles. C'est d'ailleurs à ce niveau que le lien de parenté avec Far Cry 3 est le plus évident. On retrouve vite ses marques, étant donné que les différentes actions s'effectuent via des manipulations similaires au jeu sorti en fin d'année dernière. Tout ce qui a trait aux animations ou à la physique fait également remonter en nous une sensation de « déjà-vu ». Il en va de même pour certaines mécaniques comme l'infiltration qui fonctionne toujours de la même manière. Pour en revenir à l'aventure, celle-ci devrait s'ouvrir rapidement pour vous laisser gambader joyeusement et librement dans un monde relativement grand. Outre les missions principales, quelques objectifs secondaires peuvent aussi être remplis. A commencer par chasser certaines bestioles ou collectionner des objets cachés comme des VHS. De ce que l'on a pu voir (grosso modo, deux missions linéaires pour trente minutes de jeu), les fameux dragons que l'on évoquait plus haut tiendront un rôle important dans le jeu. Vous pouvez en effet les attirer à un endroit précis en jetant un cœur récolté auparavant sur un cyber-méchant. Ce qui permet de mettre la pagaille dans un camp ennemi avant d'aller y faire soi-même un petit tour (pour sauver des civils dans la mission qui nous était proposée). Il faut toutefois faire attention car ces grosses bestioles ne font pas la différence entre vous et vos ennemis. Elles éliminent tout ce qui bouge. Profiter de leur vue défaillante en se faisant discret – ce qui signifie se baisser en l'occurrence - est donc indispensable pour passer non loin d'elles. Impossible de se lever à côté. Sans quoi, c'est la mort assurée.
Pour ce qui est de la progression du personnage, le tout se fait de façon linéaire. Pas de choix à faire, juste de l'expérience à gagner. Ubisoft a clairement cherché à simplifier tous les aspects du titre. Il faut dire que l'unique objectif est ici de rester fun. Pas besoin de réfléchir, on avance et on s'amuse grâce au jeu lui-même ou aux situations et dialogues proposés. L'ensemble fonctionne en tout cas très bien, en particulier grâce aux multiples détails rappelant la glorieuse époque de la VHS. L'habillage a réellement été soigné. Lorsque l'on est touché, l'écran se met par exemple à grésiller. Notez par ailleurs que l'histoire se déroule via de courts dessins animés très old-school. La partie sonore joue pour sa part beaucoup dans la cohérence de l'univers. Le sound design et la bande-son forcément très rétro s'avèrent en effet particulièrement réussis. Pour conclure, on rappelle qu'il s'agit d'un stand-alone. Comprenez par là que vous n'avez pas besoin de posséder Far Cry 3 pour profiter de Blood Dragon. Que ce soit sur XBLA, PSN ou PC.
Très maligne. C'est ainsi que l'on peut résumer l’initiative prise par Ubisoft Montréal. Réutiliser le moteur et le gameplay de Far Cry 3 pour les mettre au service d'un stand-alone original, voilà une idée qui nous séduit tout particulièrement. D'autant que les développeurs sont allés au bout de leur délire et qu'il en résulte un jeu qui assume complètement son côté décalé. On apprécie particulièrement la direction artistique, le sound design et la bande-son qui permettent au titre d'être totalement cohérent avec son ambition. Quant au plaisir de jeu manette en mains, il est bel et bien réel. Reste à savoir si les six à huit heures que dure l'aventure sont aussi sympathiques que les quarante premières minutes. Mais à quinze euros, le risque est de toute façon mesuré.