Longtemps réservée à un public de connaisseurs n'hésitant pas à braver les aléas de l'import, la série Tales of tente de s'ouvrir à une plus large audience, comme en témoigne la prochaine sortie européenne de Tales of Xillia (prononcez « Exillia »). Un épisode assez spécial à bien des égards, voici pourquoi.
Deux ans, c'est le temps qu'il aura fallu attendre entre la sortie de Tales of Xillia au Japon et sa disponibilité en Europe, prévue pour le 9 août prochain. Sachant que la moitié des épisodes de la saga n'est jamais sortie de l'Archipel, c'est déjà un progrès... Hideo Baba, le producer de la série, est visiblement ravi de la voir s'ouvrir à l'Occident ; il débordait d'enthousiasme en nous présentant le jeu. Néanmoins, il a tenu à nous rassurer d'emblée sur un point : Tales of Xillia reste typique des J-RPG. Monsieur Baba n'a rien contre les jeux de rôle à l'occidentale, au contraire – il a notamment cité Skyrim. Plusieurs studios japonais prennent d'ailleurs cette direction, avec des jeux comme Dragon's Dogma ou Dark Souls. Mais pas Tales of, donc, qui reste éminemment nippon.
La première chose qui fait du jeu un authentique J-RPG est évidemment son design. Selon M. Baba, Tales of Xillia se situe à mi-chemin entre le style anime de Tales of Vesperia et le style pastel de Tales of Graces. Le résultat est plus « réaliste » qu'à l'accoutumée, car les personnages adoptent des proportions beaucoup plus normales que ce à quoi la série nous a habitués. Leurs animations sont également plus naturelles grâce à l'utilisation de la motion capture. Et puisqu'on parle des personnages, une des spécificités de cet opus est d'avoir deux chara designers différents ! Il faut dire que la sortie de Tales of Xillia était destinée à fêter le quinzième anniversaire de la série au Japon. Namco Bandai voulait faire quelque chose de spécial pour l'occasion, et a donc fait appel à la fois à Mutsumi Inomata et à Kosuke Fujishima. On pourrait craindre que cette dualité soit la source d'un manque de cohérence visuelle, mais il n'en est rien. Les deux artistes ont semble-t-il travaillé en bonne intelligence, pour un résultat que l'on qualifiera d'harmonieux.
Une autre particularité de cet épisode est de proposer deux protagonistes principaux, une grande première dans la série ! Les joueurs peuvent ainsi choisir d'incarner Jude Mathis, un jeune étudiant en médecine, ou bien la mystérieuse Milla Maxwell. Le déroulement de l'histoire est globalement le même, à l'exception de quelques scènes spécifiques ; mais le point de vue sur les événements change selon le personnage adopté. Et puisque Tales of Xillia semble décidément né sous les auspices du chiffre deux, les combats reposent sur un « linking system » permettant de lier votre héros à un autre membre du groupe. Ce lien apporte divers avantages selon le personnage choisi. Untel vous soigne automatiquement si vous manquez de vie, un autre booste vos attaques, etc. Et avec un bon timing, il est possible d'effectuer de puissants artes en combinaison avec votre compagnon. Le plus beau, c'est qu'on peut changer de liaison à tout moment, chaque perso étant représenté par une touche de la croix directionnelle (le groupe est limité à quatre membres actifs, à choisir parmi un total de six). Cela confère une dimension tactique aux affrontements, comme nous avons pu le constater au cours d'une petite partie.
Cette session d'essai nous a aussi permis de découvrir un système d'évolution des personnages plutôt original. Les statistiques, compétences et artes ne sont pas répartis en arbre, comme c'est souvent le cas dans les jeux de rôle, mais sur une grille hexagonale évoquant une toile d'araignée. Il faut dépenser les points dans les nœuds de cette toile pour débloquer les capacités adjacentes. Voilà qui est rafraîchissant. Finalement, le seul petit bémol ressenti lors de cette prise en main concernait l'aspect technique : en ville, objets et personnages avaient une fâcheuse tendance à « poper » à cinq mètres de distance... La ville est d'ailleurs découpée en une multitude de petites zones séparées par des chargements, heureusement brefs. Autre regret : il ne sera vraisemblablement pas possible de jouer avec les voix japonaises. Pour finir, Namco Bandai nous a présenté l'édition collector destinée au vieux continent. Elle contiendra la bande originale, un artbook et une figurine de Milla d'une vingtaine de centimètres, à mettre où bon vous semblera. Le tout coûtera une centaine d'euros – 99,99 € pour être précis – et sera limité à 10.000 exemplaires.
Tales of Xillia nous arrive précédé d'une excellente réputation au Japon, où une suite – fait rare dans la série – est d'ailleurs déjà sortie. Force est de constater que cette renommée n'est pas usurpée : avec ses deux protagonistes offrant des points de vue différents sur l'histoire, et un système de combat aussi dynamique que tactique, il s'agit sans doute d'un des meilleurs épisodes de la saga. Si la localisation est à la hauteur, les amateurs de J-RPG n'auront plus aucune raison de passer à côté. Réponse en août !