Est-il encore nécessaire aujourd’hui de présenter la saga Bomberman ? Eh bien peut-être, oui, la série explosive de Hudson Soft a beau posséder une collection assez impressionnante de déclinaisons sur la plupart des supports, le poseur de bombes n’est pas aussi connu qu’une Seamus ou qu’un Megaman. Sûrement pas aussi sexy que l’héroïne de Metroid, notre petit bonhomme reste pourtant une sacrée bombe !
A peu près un an après la sortie de son prédécesseur au Japon en avril 1995, voilà que Bomberman 4 fait son apparition sur la Super Nes en avril 1996. Hélas, pauvres européens que nous sommes, nous n'y avons pas eu droit, nous privant d'un formidable jeu dans la lignée de la série. Pour les quelques-uns au fond qui ne connaissent pas cet univers, Bomberman est un jeu à l'origine orienté arcade où plusieurs joueurs s'affrontent dans une arène quadrillée. Le but est d'arriver à piéger les autres joueurs sous l'effet d'une ou plusieurs bombes judicieusement posées sur leur chemin. En plus d'un décor destructible en partie, certaines arènes bénéficient de mécanismes originaux qui leur sont propres comme des téléporteurs, des zones glissantes, ou encore d'autres plus subtils comme une accélération / ralentissement de la vitesse du jeu générée de façon aléatoire.
Les puristes vous le diront, ce qui fait de la série Bomberman une suite de jeux à succès, c'est avant tout sa composante multijoueur. Il faut l'avouer, le gameplay multi des Bomberman sur Super Nintendo n'a pas su énormément évoluer et même ses déclinaisons plus récentes sur de nouveaux supports n'ont pas su apporter de véritables nouveautés dans ses mécanismes. Mais après tout pourquoi pas ? Est-il vraiment utile de changer une recette qui marche ? Chacune des versions du jeu a su donner à la série une valeur supérieure par quelques ajouts par-ci par-là. Et il faut le reconnaître, Super Bomberman IV arrive à ce sujet à faire preuve d'une maturité à en faire pâlir d'envie des Sonic ou autres Mario. Certains diront que l'absence de grande nouveauté entre chaque épisode n'est pas une grande preuve d'innovation (à la manière d'un Call of Duty par exemple) et on ne peut franchement pas leur donner tord. Ceci dit, si le multijoueur des Bomberman est éprouvé, particulièrement jouissif et terriblement efficace pour des parties entre amis, cette quatrième déclinaison du soft sur Super Nintendo amène un mode Histoire tout à fait charmant. En effet, les précédents épisodes proposaient aussi une aventure en solo qui n'était rien d'autre que des redites des parties multijoueurs avec une intelligence artificielle au rabais et un sidescrolling maladroit qui n'a pour mérite que d'agrandir artificiellement la surface de jeu. Oublions ceci, Super Bomberman IV propose dans son mode Histoire des séries de tableaux qui amènent à un adversaire unique de niveau intermédiaire avec une capacité spéciale (attaque au laser, fusée explosive...) puis un plus gros boss proposant un réel challenge.
Une des particularités de ce mode Histoire, qui le rend sans doute plus accessible, est la possibilité de ramasser des objets laissés par certains adversaires. Ainsi, votre personnage s'en équipe automatiquement, lui donnant un point de vie supplémentaire (un dégât fait disparaître l'amélioration) et éventuellement la capacité spéciale de l'adversaire s'il en a une. Effectivement, pour chaque chapitre (quatre au total) les ennemis sont nombreux et très variés. On oublie très vite les espèces de lézards moches et bêtes des premiers niveaux qui se contentent de s'en aller quand une bombe est posée sous leur nez. Passé quelques tableaux servant avant tout à rappeler les bases du gameplay, chaque adversaire dispose d'une capacité spéciale pouvant aller d'une barre de vie un peu plus conséquente à des subtilités plus retors comme le poisson humanoïde qui vient écraser vos bombes à coups de marteau ou ces hiboux qui font réapparaître des blocs destructibles proches d'eux pour se protéger de vos bombes. Et il faut avouer que toute cette diversité d'ennemis contribue à rendre le mode solo bien plus agréable, d'autant plus que, nouveauté de l'épisode, il est possible de faire le mode Aventure à deux. A un joueur, il est parfois possible de faire apparaître un compagnon géré par l'intelligence artificielle, mais afin de ne blesser personne, on aura tôt fait d'oublier de considérer cette IA comme intelligente...
Au sein des 32 niveaux (boss inclus) qui composent l'aventure, vous aurez donc l'occasion de faire exploser un nombre conséquent d'ennemis divers et vous rencontrerez assez de compétences différentes pour ne pas avoir l'impression de toujours faire la même chose. C'est pourtant ce qu'on pourrait reprocher à ce jeu étant donné son caractère très répétitif : votre personnage apparaît en haut à gauche de l'écran, vous disposez d'une seule bombe à la fois avec un rayon d'action plutôt ridicule et les ennemis sont générés aléatoirement dans l'espace de jeu. Inutile de préciser que le level design est réduit au minimum syndical ce qui, dans l'optique d'une partie en multijoueur est un vrai bénéfice laissé au jeu. En revanche, en mode Histoire les tableaux auront tendance à se montrer répétitifs et parfois lassants si le mécanisme de jeu général qui y est associé ne plaît pas au joueur. Bien qu'artificiel, un scrolling aurait pu être une bonne idée pour varier un peu plus la surface de jeu et pour permettre une plus grande flexibilité dans le gameplay. Mais enfin, il faut avouer qu'avec l'immense variété d'ennemis et de compétences diverses qui y sont associées, même après plusieurs heures de jeu on se surprend à découvrir encore de nouveaux mécanismes parfois assez surprenants. On retrouve d'ailleurs dans le mode Arène la plupart des capacités associées aux précédents épisodes avec en plus la possibilité d'incarner chacun des boss intermédiaires en tant que personnages jouables avec leurs compétences qui leur sont propres.
Le mode Battle Game propose trois modes de jeu qui permettent des parties explosives seul ou à plusieurs : Bat Royal, Champion et Maniac. Le mode Champion permet d'affronter en combat singulier les différents boss du jeu, générés de façon aléatoire. Assez peu intéressant, on en aura vite fait le tour pour lui préférer les deux autres modes de jeu bien plus paramétrables. En effet, le premier, Bat Royal, permet de choisir son personnage et d'affronter jusqu'à 4 autres joueurs dans pas moins de 10 arènes totalement différentes ayant chacune un gameplay qui lui est propre. On pourra aussi lui préférer le troisième mode de jeu, Maniac, où cette fois on peut choisir les bonus et les points de vie des combattants en laissant le choix des arènes au hasard. Ce dernier mode a l'originalité de permettre aux joueurs vaincus de réapparaître sur les côtés de l'arène pour lancer des bombes aux survivants. Sans doute le plus fun, ce mode est idéal pour joyeusement se massacrer la tronche entre amis. Vous l'aurez compris, ce quatrième opus de la saga Bomberman sur Super Nintendo n'a que peu de défauts, ou s'il en a, ils sont masqués par un gameplay mature et tellement bien rodé qu'on en oublierait bien vite son côté répétitif. Le mode Histoire plutôt court mais assez difficile offre une bonne rejouabilité en partie en invitant un second joueur ce qui est sans doute une des meilleures innovations du soft. Quant aux parties en multijoueur, elles sauront, à la manière d'un Mario Kart ou d'un Street Fighter, procurer assez de frénésie pour s'éclater joyeusement les uns les autres.
Points forts
- Environnements très jolis et très colorés
- Gameplay simple et terriblement efficace
- Difficulté progressive et réel challenge face aux boss en mode solo
- Multijoueur très jouissif
- De nombreuses arènes très variées
Points faibles
- Compositions musicales assez plates voire agaçantes en solo
- Absence d'un réel scénario
- Peu d'écart graphique entre les tableaux
Peut-être pas au niveau du cinquième opus des Bomberman sur Super Nintendo, cette quatrième itération de la série d’Hudson Soft sur ce support est sans conteste une vraie réussite. Reflétant un gameplay mature et surtout très convaincant, on saura l’apprécier pour tous ses modes de jeu disponibles qui ne souffrent d’aucune concession pour apporter du fun et de l’éclate. Une vraie bombe qu’on vous dit !