Il ne fait nul doute que le nom Dungeon Keeper est resté gravé dans les mémoires de tous les amateurs de stratégie. Les fans ont même cru à un troisième opus lorsque Electronic Arts a acquis les droits il y a quelques années. Mais ce n'était au final qu'une fausse alerte et les férus du jeu de Peter Molyneux attendent toujours leur messie. Sorti en 2011 et développé par Realmforge Studios, Dungeons a su s'attirer les faveurs du public, sans pour autant lui laisser un souvenir impérissable. C'est maintenant au tour de Cyanide, à qui l'on doit entre autres l'adaptation de Blood Bowl, d'entrer dans la danse avec Impire.
Seul au sous-sol de sa résidence située en plein cœur de Babarbia, le démoniste Oscar Van Fairweather tente tant bien que mal de donner vie à une créature. Au prix d'innombrables efforts (ou tout simplement, par pur hasard), il parvient à invoquer Baal, un puissant démon. Démon ? Puissant ? Quelle bonne blague ! Il s'agit plutôt d'un diablotin qui semble avoir perdu tous ses pouvoirs. Fier de sa création, le sorcier décide de se servir de Baal pour mettre à exécution son plan machiavélique. Car sous ses airs de magicien naïf et un peu sot se cache une âme noire, qui nourrit de sombres desseins. Oscar Van Fairweather ne reculera devant rien ni personne pour devenir le maître du monde...
On ne peut s'empêcher de penser à Dungeon Keeper lorsque l'on joue à Impire. L'univers, le design, l'humour omniprésent rappellent inévitablement le chef-d'œuvre de Peter Molyneux. Pourtant, en s'attardant sur les mécaniques de gameplay, on se rend compte que les développeurs ont voulu proposer quelque chose de différent, qui se rapproche presque du STR. Comme dans tout bon jeu de stratégie qui se respecte, le joueur se voit confier des missions composées de plusieurs objectifs. Pour les remplir, vous devrez au préalable construire une base et la défendre contre des vagues régulières d'envahisseurs en levant une armée digne de ce nom. Pour cela, vous pourrez faire appel aux pouvoirs de Baal, capable d'invoquer des ouvriers, de téléporter des unités où bon lui semble (à condition d'avoir exploré la zone en question avant) ou de lancer de puissants sorts sur ses ennemis. Les ouvriers servent à la construction, à la réparation et au bon fonctionnement de différentes salles (nursery, atelier, cuisine, etc.), indispensables pour créer et entretenir votre armée. Ils sont également en mesure de creuser des galeries, vous permettant ainsi d'étendre votre base et d'atteindre les objectifs qui vous sont fixés. Enfin, ils sont les seuls à pouvoir récolter les champignons et les matériaux, ressources nécessaires au développement de votre quartier général et de vos troupes.
Si le choix de salles et d'unités est assez restreint au début (le joueur n'a accès qu'à la nursery servant à la production de soldats de base appelés berserkers), il va très vite s'étoffer au fur et à mesure de la progression. Grâce aux points DEC obtenus en développant sa base, le joueur pourra acheter des unités supplémentaires (prêtres, archers, chamans, etc.) et divers sorts et bonus (invocation de deux ouvriers simultanément, régénération des points de vie des unités, etc.). Il aura également la possibilité d'améliorer la défense et la puissance de ses troupes grâce à l'atelier ou de restaurer leurs jauges de vie et d'agressivité (augmentant ainsi leurs dégâts) en installant une cuisine. Une fois votre armée levée, à vous de la répartir en escouades (quatre unités maximum) afin de repousser les vagues de héros qui tentent de saccager votre fief, ou encore de la déployer aux quatre coins de la carte pour accomplir votre mission. Celle-ci achevée, vous obtiendrez un point de talent qui permettra à Baal de retrouver petit à petit sa puissance d'antan. Efficace, mais malheureusement un peu trop classique. Outre ce manque d'originalité, le jeu souffre de quelques défauts, notamment des choix de design discutables.
Commençons par l'utilisation générale de la souris. Pour ouvrir le menu contextuel de chaque unité ou salle, il faut maintenir le clic droit enfoncé puis cliquer gauche pour valider. En plus d'être assez inhabituel dans ce type de jeux, ce système montre ses limites lors des combats, où la réactivité et la rapidité priment. Les joueurs ayant l'habitude de déplacer la souris vers le bord de l'écran pour le faire défiler rapidement seront également surpris par le temps de réponse : il faut attendre quelques secondes avant de voir l'écran défiler. On se rabat alors sur les touches Z,Q,S,D du clavier, beaucoup moins pratiques à utiliser... En outre, le fait de devoir réutiliser les points DEC pour acheter les mêmes unités à chaque début de mission s'avère frustrant à la longue. On aurait préféré un système plus linéaire, certes un peu moins stratégique, mais beaucoup plus souple. Enfin, l'IA se montre parfois un peu capricieuse : les ouvriers et unités mettent parfois du temps à réagir aux instructions du joueur et il arrive parfois qu'ils ne les suivent pas du tout. Frustrant, surtout lorsque vos soldats restent bêtement dans un jet de flammes sans bouger, malgré une multitude de clics. Néanmoins, Cyanide signe là un titre plaisant, complet et efficace dans l'ensemble, qui se paie même le luxe de proposer une campagne en coop en ligne et un mode escarmouche contre d'autres joueurs (encore en bêta au moment où nous rédigeons ce test). De quoi ravir les amateurs de jeux de stratégie !
- Graphismes14/20
Impire affiche des textures correctes et des graphismes globalement satisfaisants. Le manque de variété des environnements ternit un peu le tableau, même s'il est inhérent au genre.
- Jouabilité13/20
Le soft propose un gameplay classique, qui se rapproche de Dungeon Keeper dans la forme mais lorgne du côté des STR dans le fond. Malheureusement, des soucis d'IA et des choix de design peu judicieux nuisent sensiblement à l'ensemble.
- Durée de vie15/20
Impire est un titre complet et propose un challenge relativement corsé, même en mode normal. La campagne est jouable en coop en ligne et un mode escarmouche est disponible. De quoi vous occuper de longues heures, en somme.
- Bande son15/20
Les musiques et les bruitages sont satisfaisants. Mention spéciale aux voix (uniquement en anglais, tout comme les textes), convaincantes et pleines d'humour.
- Scénario12/20
L'histoire du jeu n'est guère convaincante. Au final, on retient surtout les pointes d'humour dans les nombreux dialogues et cinématiques du jeu.
Impire n'est pas révolutionnaire, mais constitue un bon investissement pour les amateurs de jeux de stratégie. Malgré des soucis de gameplay (les choix de design concernant l'utilisation de la souris sont un peu déroutants), l'univers et l'humour omniprésent du soft, qui rappelle évidemment Dungeon Keeper, sauront convaincre les habitués du genre. L'élève n'a pas encore dépassé le maître, mais il s'en rapproche de plus en plus...