Appartenant à la gamme des jeux de réflexion Objets Cachés de Micro Application, Theatre of the Absurd nous propose de vivre une aventure particulièrement angoissante sur fond d'occultisme et de possession démoniaque.
Experte en sciences occultes, la jeune femme que l'on incarne dans Theatre of the Absurd est un jour appelé au fin fond des Alpes pour expertiser un cube aux pouvoirs mystérieux. Sous-estimant la menace qu'il représente, celle-ci laisse entendre à son estimé propriétaire, le docteur Corvis, qu'il ne s'agit en réalité que d'un bout de verre sans valeur. Fou de rage, ce dernier brise alors le cube, libérant ainsi un épouvantable démon qui ne tarde pas à s'en prendre non seulement à lui, mais aussi à sa propre fille, âgée d'une dizaine d'années. Elle-même touchée par la corruption démoniaque, notre héroïne doit désormais tout tenter pour réparer sa terrible erreur et sauver la fillette d'un destin atroce.
Détonnant avec les productions habituelles du genre, Theatre of the Absurd nous plonge dès les premières minutes de jeu dans une ambiance franchement malsaine renforcée par une sensation d'isolement très pesante. Perdu dans les montagnes, le château du docteur Corvis s'apparente en effet à un véritable manoir hanté ne résonnant plus désormais que des cris de détresse d'une petite fille et des ricanements sinistres du démon qui tente de la posséder. Une bande-son minimaliste se charge de faire monter la pression tandis que des apparitions surnaturelles nous font régulièrement sursauter au détour d'un couloir voire carrément en plein mini-jeu, ce qui n'est décidément pas si courant dans l'univers très formaté des jeux d'objets cachés. Ici, on ne doit pas tant chercher dans les décors des clés, des plans ou des boîtes d'allumettes que des crânes démoniaques, des dents ou des mains coupées.
Cependant, le gameplay lui-même n'est pas particulièrement original. On explore chaque pièce du château en promenant notre souris dans les décors et de petites épreuves mettent régulièrement nos neurones à contribution pour reconstituer un puzzle, trouver des combinaisons de symboles ou bien sûr identifier des objets dans des tableaux complètement surchargés. Au fur et à mesure de notre enquête, on accumule de nouveaux objets qui nous permettent d'accéder à des salles inédites et de nous atteler à de nouvelles énigmes. Mis à part quelques pouvoirs surnaturels à utiliser de temps à autre pour faciliter notre progression, aucun mécanisme de jeu ne nous surprendra donc tout au long de notre périple, par ailleurs assez facile même pour un néophyte.
S'agissant d'un titre à 10 euros, il ne faut pas s'attendre non plus à une réalisation en béton. Les graphismes nous ramènent ainsi près de 12 ans en arrière, les animations sont extraordinairement cheap tandis que la bande-son semble réduite au strict minimum. Pourtant, il émane clairement de Theatre of the Absurd une sorte de charme désuet qui ne manquera pas de toucher la fibre nostalgique des amateurs de jeux de réflexion à l'ancienne. Les décors sont délicieusement kitsch, de même que les dialogues, très bien doublés en anglais. Les cinématiques évoquent les vieilles productions des années 90 tandis que les quelques notes de piano qui résonnent de temps à autre nous rappellent l'époque où la bande-son tenait sur une disquette de 1,44 Mo. Dès lors, il n'y a pas 36 façons d'apprécier ce point'n click décalé. Soit on adhère à son ambiance horrifique de série B et à sa réalisation en forme d'hommage aux jeux d'antan et on prend son pied les quelques heures que nécessite le bouclage de l'aventure (comprenant un chapitre inédit en édition collector), soit on le considère comme un affreux nanar indigne des productions actuelles et on passe son chemin. Aussi, nous ne saurions trop vous conseiller de télécharger la version d'essai avant de l'acheter.
- Graphismes13/20
Bien sûr, on est à années-lumière de ce qui se fait aujourd'hui mais les décors et les cinématiques dégagent un charme désuet qui rappellera aux amateurs de jeux de réflexion à l'ancienne de bons souvenirs.
- Jouabilité13/20
Les divers mini-jeux manquent d'originalité et les énigmes sont plutôt faciles mais l'interface est parfaitement ergonomique et la progression est bien équilibrée.
- Durée de vie13/20
L'aventure principale comprend 7 chapitres et du contenu inédit est accessible directement dans le jeu en résolvant le puzzle idoine.
- Bande son14/20
Constituée de quelques notes de musique, de bruitages assez kitsch et de dialogues de bon aloi, la bande-son renforce l'atmosphère à la fois angoissante et mélancolique du soft.
- Scénario14/20
L'histoire à proprement parler n'est pas suffisamment développée mais l'ambiance générale du soft mêlant occultisme, mystère et horreur est vraiment envoûtante.
Sous réserve d'adhérer à son concept limité et à sa réalisation datée, Theatre of the Absurd nous divertira agréablement durant les quelques heures que dure son aventure principale tout en se payant le luxe de nous faire frissonner à intervalles réguliers. Pour 10 euros, c'est déjà pas si mal.