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Test Cyberia 2 : Resurrection
Profil de Panthaa,  Jeuxvideo.com
Panthaa - Journaliste jeuxvideo.com

1994, les consoles sont à l'aube de la génération 3D tandis que les joueurs PC se laissent peu à peu séduire par les polygones et les images de synthèse. Pour ces joueurs-là, c'est l'ère des aventures techniquement marquantes dont font partie Cyberia et sa suite Cyberia 2 arrivée deux ans plus tard. L'équipe de Xatrix offre alors au public une expérience atypique, courte mais intense, sous la forme d'un curieux mélange d'aventure et de rail-shooter, soutenu par une technique irréprochable et une mise en scène savamment orchestrée. Le second opus, sorti donc en 1996, exploite le même filon que son grand frère tout en se montrant plus riche et plus varié. Zoom sur un titre avant-gardiste et un brin déstabilisant.

Cyberia 2 : Resurrection

Intéressons-nous premièrement à l'univers qui, à défaut de briller par son originalité pose les bases d'une trame haletante. En 2022, le monde est marqué par une crise économique sans précédent. La civilisation moderne se scinde alors en deux blocs, vouant allégeance à la FWA à l'Ouest et au Cartel à l'Est. Cyberia nous mettait aux commandes d'un « cyber-hacker » répondant au doux nom de Zak Kingston et gagnant son pain en réalisant pour la FWA des missions d'infiltration de haut rang. L'une d'elles et sans doute la plus importante, fut l'intrusion dans le complexe Cyberia, un centre de recherche militaire top secret abritant un artefact d'origine inconnue que se disputaient les deux belligérants.

Cyberia 2 : Resurrection
HUD, ciblages, destructions en musique... Pas de doute, l'action est au rendez-vous !
Aujourd'hui, Zak se souvient vaguement qu'en s'y infiltrant après moult péripéties et non sans mal, ses supérieurs l'avaient stratégiquement trahi. Furieux, il avait consommé sa vengeance en fusionnant avec l'artefact, dans le but d'aller châtier ses anciens patrons, persuadés d'être en sécurité sur leur station orbitale. Epuisé par le combat, victorieux mais inconscient, notre héros s'était écrasé sur Terre avant d'être récupéré par un hélicoptère militaire. 3 ans ont passé depuis ces évènements et Kingston est soudain réveillé de son cryo-sommeil par une jolie demoiselle ayant organisé son évasion, bienvenue dans Cyberia 2. Sous-titré « Resurrection », ce second épisode poussera notre héros à combattre à nouveau la FWA, incarnée cette fois-ci par le Docteur Corbin, le même qui vous avait recueilli après votre crash sur Terre. En possession de l'artefact, il a depuis effectué d'obscures recherches sur son potentiel létal et a même créé un virus qu'il projette de propager sur la capitale voisine, berceau de la rébellion.

Cyberia 2 : Resurrection
Les phases d'aventure ou "comment mourir 60 fois dans la même pièce".
Fort d'un background dans la lignée des productions de science fiction des années 90, Cyberia 2 brille entre autres par son aspect technique. Pour une seconde fois, Xatrix conjugue avec maestria images de synthèse et rail-shooter. Ce premier type de gameplay, qui occupe un bon tiers du temps de jeu, agrémente les scènes de poursuite à pied ou en véhicule, vous mettant face à des hordes d'ennemis, le tout sur une musique électro-rock très 90's. Que vous soyez dans un avion de chasse traversant une tempête magnétique, dans un buggy en pleine capitale aux prises avec l'armée, ou même en train de dézinguer des leucocytes, on en prend plein les mirettes, ça explose çà et là et ça flingue à tout va ! Pouvant paraître redondantes sur le papier, ces séquences sont toutefois marquées par quelques originalités bien pensées. Par exemple, les scènes de shoot à bord de l'avion de chasse offrent une impression de vitesse bien retranscrite et un affichage tête-haute ciblant les ennemis à l'écran. Si vous ajoutez à cela les conversations radio et les cutscenes régulières, l'immersion en devient saisissante.

Cyberia 2 : Resurrection
Le fringant Zak, dos aux ennuis.
Le jeu n'est pas pour autant qu'un simple rail-shooter dopé aux hormones, rassurez-vous, il propose régulièrement des phases à pied, en 3D pré-calculée, s'apparentant à de l'aventure linéaire et dirigiste. D'abord fort agréables car reposantes pour vos yeux et vos doigts, ces séquences d'exploration vous confrontent très vite aux énigmes et aux pièges, donnant alors un côté die & retry fort mémorable pour ceux qui s'y sont déjà essayés. Vous disposez d'ailleurs durant ces séquences d'une liberté de mouvement relativement limitée. En effet, vous pouvez décider du « couloir » à emprunter parmi plusieurs choix et, durant le trajet, vous pouvez vous décaler sur la gauche ou la droite, ou encore vous baisser ou sauter pour éviter certains pièges. Il est toutefois regrettable de voir que cet ajout de gameplay, au final peu utilisé, impose une caméra placée juste derrière Zak, le suivant durant les déplacements. On se souvient alors avec regret des plans fixes du premier Cyberia, faisant la part belle à des environnements 2D de très bonne qualité. L'heure est désormais à la troisième dimension à tous les étages.

Cyberia 2 : Resurrection
Une mise en scène musclée jouissant d'une technique irréprochable.
Les séquences de rail-shooter étant réussies et relativement faciles dans leur ensemble, la vraie difficulté du jeu vient étonnamment des phases d'exploration. Des complexes militaires aux laboratoires scientifiques, votre route sera bien évidemment jonchée de zones interdites et de traquenards à vous rendre fou au bout de la 25ème tentative. Car oui, vous tenterez maintes fois chaque séquence, par manque d'information sur une énigme, ou tout simplement parce que vous n'avez aucune idée de l'endroit où vous rendre. Au passage, il est bon de noter que les morts sont toutes illustrées en vidéo, que vous vous trompiez de bouton sur un panneau, entraînant ainsi l'explosion du bâtiment, ou que vous vous preniez une énième bastos dans le buffet. Vous en aurez pour votre argent côté spectacle, et ce, toujours avec originalité et humour. Cela dit, le placement des checkpoints étant relativement éloigné et endossant le rôle de sauvegardes, il est parfois rageant de devoir enchaîner une scène de rail-shooter, des déplacements et des dialogues afin d'être confronté une nouvelle fois à une énigme qui vous à déjà coûté la vie à plusieurs reprises. La difficulté abusive et l'absence de directives claires de ces séquences bâtissent une durée de vie variable, en fonction de votre masochisme ou de votre propension à utiliser une soluce. Pour finir l'aventure, comptez environ 5 heures en étant préparé et vaillant, une éternité et 3 ulcères dans le cas contraire.

Cyberia 2 : Resurrection
Une faute et c'est le Game Over... Alors, vous appuyez où ?
Côté défauts, on peut reprocher un manque de profondeur dans certaines phases de gameplay dont l'originalité s'épuise à la longue et on regrette également plusieurs bonnes idées absentes de ce second épisode. On se souvient, par exemple, des lunettes high-tech de Zak permettant d'analyser les énigmes avec plusieurs « filtres », cette fonction semble s'être considérablement effacée pour n'intervenir qu'une ou deux fois durant le jeu. Même constat pour les duels armés contre les gardes qui nécessitaient un timing minutieux, et qui ont tout simplement disparu. Côté audio on remarque des doublages convaincants pour l'époque bien que légèrement datés, ajoutant ainsi à l'aventure une dimension « série Z ». Cette dernière est largement renforcée par certains passages totalement loufoques comme la scène où Zak « se lâche » littéralement dans l'ascenseur entre deux fusillades.

Cyberia 2 : Resurrection
Écrasé, empoisonné, fusillé, explosé, capturé... Vous avez du choix !
Néanmoins, il y a de bonnes surprises dans les nouveautés comme les scènes d'intrusion informatique. En bon « cyber-hacker » qu'il est, notre héros est capable de pénétrer dans les terminaux sécurisés. Une fois à l'intérieur, il peut par exemple, à travers une interface visuelle fort réussie, s'attaquer aux données sous forme de séquences de shooter ou alors naviguer et avoir accès à des dossiers en cascade. Ce sont plusieurs dizaines de séquences vidéo variées qui vous sont accessibles, allant du rapport gouvernemental au compte-rendu sécuritaire en passant par les présentations de productions militaires. Tout ce contenu annexe, qu'il n'est pas obligatoire de regarder, enrichit encore une fois de plus le background de la série, gratifiée ici d'un dernier épisode réussi bien que souffrant toujours des problèmes initiaux du premier opus.

Les notes
  • Graphismes18/20

    Le savoureux cocktail d'images de synthèse, de 3D pré-calculée, et d'incorporation de sprites 2D fait de Cyberia 2 une véritable prouesse graphique de son époque. Le jeu se veut dépaysant, varié, et ne lésine pas sur les scènes cinématiques ou sur le contenu vidéo optionnel renforçant le background.

  • Jouabilité12/20

    Sans doute le plus gros problème du jeu. Alors que le gameplay lors des phases de rail-shooter ne pose pas de problème particulier et les rend même nerveuses et rapides, les phases d'aventure, quant à elles, mettent la barre beaucoup trop haut en termes de difficulté. Qu'il s'agisse des énigmes, des nombreux pièges ou de l'absence de directives afin de trouver l'unique méthode pour progresser, le jeu vire souvent au die & retry. De plus, les checkpoints trop éloignés ne font qu'alourdir le poids de chaque tentative. Si l'on ajoute à ça une liberté de mouvement très rigide du fait de l'usage de la 3D pré-calculée, on comprend que la performance visuelle ait été réalisée au détriment de l'optimisation du gameplay.

  • Durée de vie12/20

    Comptez moins de 5 heures pour terminer l'aventure si seulement vous savez où aller. On en vient d'ailleurs à se demander si la difficulté et le côté die & retry n'ont pas été volontairement poussés à l'excès afin de rallonger une durée de vie faiblarde. Néanmoins, la trame reste agréable à suivre et on se plait à explorer l'univers, magnifié grâce aux systèmes informatiques dans lesquels on passe souvent une bonne vingtaine de minutes. Niveau rejouabilité, on apprécie la présence de 3 modes de difficulté rendant le challenge sacrément élevé.

  • Bande son14/20

    Le doublage est correct sans être formidable, les traducteurs n'ont pas oublié de placer deux ou trois insultes et gros mots durant les dialogues, ce qui pour l'époque est un acte dont l'audace mérite d'être saluée. Quant aux musiques, elles sont toutes de bonne facture et renforcent l'action avec des thèmes électro-rock. Saluons également l'effort sur les thèmes plus sombres, notamment sur les séquences de piratage, de cauchemar, et celles liées au virus. Les bruitages sont également corrects, bien qu'il ne faille pas être allergique aux « piou piou piou ».

  • Scénario14/20

    Grâce aux technologies graphiques employées sur le jeu, la part belle est faite aux cutscenes et cinématiques, servant le scénario et la mise en scène. Les dialogues, assez présents, renforcent également la narration, tout comme les nombreuses séquences que l'on trouve lors des piratages de terminaux, aidant à se faire une idée du monde dans lequel se réveille Zak. Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, elle tient la route tout en restant assez classique.

Fort d'une technique servant une mise en scène de qualité et une action soutenue, Cyberia 2 se veut résolument plus narratif que son grand frère. Il perd quelques bons éléments de ce dernier, en trouve d'autres tout aussi bons, et pèche une fois de plus sur une difficulté abusive lors des phases d'exploration et d'énigmes. Laquelle difficulté pourra soit inciter le joueur à se creuser la tête et à réussir après pléthore d'essais, soit le dégoûter complètement et le pousser à tricher un peu. Au diable les varices, de toute façon, c'est un abandonware.

Note de la rédaction

14
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