Même si le passé récent a montré qu'il était particulièrement difficile de s'imposer dans le monde ultra concurrentiel des MMO, des acteurs majeurs du marché du jeu vidéo continuent régulièrement à tenter leur chance. C'est le cas de ZeniMax Online Studios (filiale de ZeniMax Media) qui espère bien déjouer les pronostics les plus pessimistes et bousculer ainsi l'ordre établi. Pour ce faire, le développeur américain possède un argument de poids : la licence The Elder Scrolls. Les membres du studio s’affairent en ce moment même à la préparation du titre massivement multijoueur exploitant cette dernière. Et alors qu'il subsistait jusqu'ici de nombreux secrets autour du projet, ZeniMax a enfin décidé de passer à la vitesse supérieure en termes de communication, en délivrant un maximum d'informations à propos de sa production. Le tout via de multiples explications fournies par les pontes du studio, mais aussi à travers une session de jeu avoisinant les quatre heures. Voici ce que l'on en retient !
Pour ZeniMax Online Studios, l'un des objectifs de l'événement était de laisser la presse expérimenter librement le jeu pendant environ quatre heures. De quoi avoir un premier aperçu concret de ce à quoi l'on pourra s'attendre à la sortie de The Elder Scrolls Online (ou TESO pour les intimes). Comme tout bon MMORPG qui se respecte, ce dernier nous propose en premier lieu de créer notre personnage de la tête aux pieds. Pas d'énormes surprises à ce niveau, mais des possibilités qui s'annoncent assez vastes. Les différentes parties du corps - jambes, bras, mains, cou, poitrine, hanches... - et du visage - menton, joues, front, mâchoire... - ainsi que des caractéristiques plus générales, comme la teinte de la peau, peuvent être personnalisées jusque dans les moindres détails. Mais avant cette étape toujours plaisante se tient une phase impliquant de multiples choix cruciaux, comme opter pour l'une des trois factions du jeu qui renferment chacune trois races différentes : Brétons, Orcs et Rougegardes forment l'Alliance de Daguefilante ; le Pacte de Cœurébène regroupe Elfes Noirs, Argoniens et Nordiques ; le Domaine Aldmeri voit les Hauts Elfes, les Elfes des Bois et Khajiits se battre pour lui. Après cette première étape vient le temps de prendre une décision quant à la classe de notre personnage. Il en existe plusieurs donnant notamment accès par la suite à des compétences différentes. Sur notre version de TESO, uniquement trois archétypes étaient disponibles, à savoir Chevalier-Dragon, Templier et Sorcier. Les deux premiers sont des guerriers tournés respectivement vers l'attaque et la défense, alors que le troisième est un mage occasionnant pas mal de dégâts. Globalement, on devrait retrouver la sacro-sainte trinité DPS – Tank – Healer.
Si ces classes donnent une direction assez franche au personnage que l'on incarne, il subsiste tout de même une large part de personnalisation entièrement laissée à l'appréciation du joueur. Ainsi, après avoir gagné un niveau, on est systématiquement amenés à augmenter la vie, l'endurance ou la magie de notre avatar. Vient ensuite l'attribution d'un point permettant de débloquer une compétence. A ce niveau, le moins que l'on puisse dire, c'est que le choix s'avère extrêmement large en raison du très grand nombre d'arbres disponibles. Au départ, sont à notre disposition ceux liés à la classe du personnage, à ses armes et à son armure. De chacun d'entre eux partent en prime différentes branches (par exemple trois pour l'armure ou trois pour la classe) qui possèdent leur propre barre d'expérience et renferment chacune une multitude de capacités passives et actives. Au fur et à mesure de sa progression, ces dernières se débloquent. Il suffit alors de dépenser un point de compétence pour y avoir définitivement accès. Ce n'est pas le cas pour toutes les capacités, mais certaines (celles de sa classe par exemple) disposent par ailleurs d'un niveau propre qui augmente sans discontinuer avec un nouveau choix à effectuer entre deux voies à un level donné. A noter également que le gain d'xp est plus rapide si l'on utilise régulièrement les capacités. ZeniMax Online Studios nous a aussi appris qu'à haut niveau, plusieurs autres arbres feront leur apparition, offrant des options de personnalisation toujours plus grandes. Ils seront liés à la race de notre avatar, à la guilde qu'il a rejoint, au PvP, ou encore au monde au sein duquel il évolue. Sachez enfin que le level cap est fixé au niveau 50, mais il est possible de continuer à faire progresser ses capacités après l'avoir atteint.
Débloquer un maximum de pouvoirs, c'est bien mais cela ne signifie pas qu'on peut tous les amener avec soi pour s'en servir lors des combats. Il faut faire un choix, puisque la barre de compétences ne possède que sept emplacements dont deux sont réservés à un item du type potion et à une capacité dite «ultime». Voilà qui devrait forcer les joueurs à réfléchir à la meilleure combinaison possible. Les affrontements se montrent quant à eux relativement dynamiques. Ils reposent sur un système dorénavant classique demandant aux joueurs de parer ou esquiver les attaques adverses avant de porter des coups. Des zones d'effets apparaissent lorsque les adversaires s'apprêtent à asséner une offensive puissante. TESO propose en parallèle un peu d'infiltration en permettant au joueur de rester discret avant d'approcher un ennemi. L'avatar avance en se baissant et un œil situé au centre de l'écran indique alors si l'on est en passe, ou pas, de se faire repérer. Globalement, le résultat fonctionne plutôt bien même si quelques soucis de collision rendent l'issue de certains combats aléatoire. On trouve cependant rapidement des enchaînements sympas en alternant l'utilisation de capacités magiques et d'attaques physiques.
Avec notre personnage, un Chevalier-Dragon, orc de surcroît, nous disposions par exemple de deux capacités permettant d'assommer littéralement l'ennemi ou de le tirer à soi avec une sorte de chaîne. Parfait pour enchaîner avec un bon coup d'épée chargé. En maintenant le clic gauche, le coup est en effet lent et puissant. Et inversement si l'on appuie frénétiquement sur sa souris. Toujours à propos des combats, le dernier point à aborder concerne la possibilité de combiner son attaque avec celle d'un ami. Le Chevalier-Dragon peut par exemple créer une énorme explosion provoquant pas mal de dégâts en associant l'une de ses attaques avec le sort d'un sorcier. Il en va de même pour les groupes d'ennemis. Certains d'entre eux décuplent leur force en coopérant. L'IA a été travaillée pour offrir une vraie résistance, notamment au sein des instances ou des donjons publics, là où l'opposition est plus dense. ZeniMax Online cherche par ailleurs à casser le schéma classique des joueurs groupés. A savoir faire, en sorte que le Tank ne puisse pas tout encaisser pendant que les autres, protégés, frappent comme des mammouths. Du coup, à certains endroits, l'adversité est massive et déferle sur les joueurs sans que ceux-ci puissent s'organiser. Surprenant et intéressant.
Peut-être plus encore que les combats ou la manière dont son avatar progresse, le point sur lequel un MMORPG ne peut pas se louper, c'est le système de quêtes. Celui-ci rythme tout simplement l'aventure du joueur. C'est de lui dont provient souvent le sentiment de lassitude qui nous étreint après de longues sessions en PvE. Globalement, sur ce point, The Elder Scrolls Online s'en est plutôt bien sorti lors de notre session de jeu, sans se montrer flamboyant. Déjà, il semble que le syndrome de l'objectif inintéressant – va tuer dix serpents et fais quarante bornes à pied pour me rapporter leurs queues – soit ici évité. On évoquait un système avec des missions façon épisodes lors de notre première preview de TESO. Et bien, c'est un peu ça. Les développeurs cherchent à faire en sorte que le joueur enchaîne plusieurs quêtes liées scénaristiquement. Cela nous amène parfois à changer d'endroit et / ou de but, même l'espace de quelques minutes. Encore une fois, tout cela fonctionne très bien et on a régulièrement l'impression d'ouvrir un tiroir, puis un autre, et ainsi de suite jusqu'à assister au dénouement de l'épisode. Bien sûr, toutes les quêtes ne présentent pas un intérêt égal et certaines se montrent assez classiques dans leur déroulement – on fait notamment quelques allers-retours loin d'être trépidants - mais il se dégage une impression de dynamisme de l'ensemble. C'est déjà pas mal.
A ce stade, nous sommes évidemment incapables d'affirmer que la partie PvE maintiendra ce degré de qualité sur la durée. Ce constat n'est fait qu'à partir des deux îles que nous avons pu visiter : Stros M'Kai et Betnikh. Ces dernières présentaient des ennemis d'un niveau assez faible (1 à 5) ainsi qu'un décor insulaire tendance environnement aride et architecture orientale pour l'une, forêt tropicale et grottes humides pour l'autre. Si l'on devait se montrer déçus par un élément de TESO au regard de notre session de jeu, ce serait sans conteste le côté exploration. C'est pourtant l'un des objectifs de ZeniMax et un point qui doit attirer vers le jeu les amateurs de la licence The Elder Scrolls. On nous promet ainsi que TESO encourage les longs périples à la recherche d'aventure mais ce n'est pas tout à fait vrai dans la mesure où la mini-map affiche de nombreuses indications, comme les personnes qui peuvent nous confier des missions. On aurait certainement préféré être un peu plus livrés à nous-mêmes car cela a tendance à rendre le fonctionnement global du jeu un brin trop mécanique. On va chercher la quête affichée à l'écran, aussi agréable soit-elle, et on la boucle. Il est vrai que le grand public et les habitués des MMORPG ne sont certainement pas prêts à être lâchés dans la nature. Il s'agit donc d'un choix compréhensible. L'exploration permet tout de même de découvrir quelques secrets dont certains items cachés qui offrent un point de compétence supplémentaire si on les trouve. Un trésor à ne pas négliger.
Par ailleurs, on sent que l'histoire n'est que secondaire dans TESO. Les dialogues sont assez courts et peu envahissants. On finit par les zapper pour partir vivre son aventure le plus rapidement possible. De toute façon, on comprend vite qui est notre principal ennemi. Il s'agit du terrible Molag Bal qui essaye dès le début du jeu de prendre l'âme de notre personnage avant que le Prophète ne nous sauve. Si on échappe donc au pire, le prince daédrique continue lui de mettre en pratique son terrible plan. Il souhaite tout simplement attirer Tamriel vers Havreglace. Pour ce faire, il fait notamment appel aux «Dark Anchors» que l'on trouve donc un peu partout sur son chemin au cours de l'aventure. Ces derniers constituent les cibles de la Guilde des Fighters et il faut donc les éliminer si l'on rejoint cette dernière. Celle des Mages s'attaque à tout ce qui a trait à la nécromancie. Rejoindre l'une ou / et l'autre des guildes fait partie des possibilités offertes par TESO. Cela permet d'accéder à un arbre de compétences supplémentaire et à de nouveaux pouvoirs. Côté contenu, on est de toute manière servis puisqu'il faut savoir qu'après avoir terminé la campagne de son camp, on peut enchaîner, directement avec le même personnage, l'histoire des deux autres factions. Le niveau des ennemis est alors réévalué pour coller avec le nôtre. Cela signifie aussi que sur notre serveur, on ne trouve que des joueurs d'une même coalition. Inévitable.
Mais il serait criminel de passer à côté de deux composantes très importantes de ce TESO, à commencer par le crafting. Cinq professions sont au programme : alchimiste, enchanteur, cuisinier, forgeron et armurier. Les développeurs ont choisi de nous montrer la manière avec laquelle il faut s'y prendre pour mettre au point des potions. En fait, la recette contient systématiquement deux ingrédients essentiels, auxquels viennent s'ajouter trois éléments optionnels. Ces derniers représentent la partie improvisation de l'exercice. Cela peut parfois améliorer considérablement les effets de la préparation. Le principe est identique pour les autres métiers. Il existe un maximum de combinaisons possibles. A l'inverse, déconstruire un item permet de gagner de l'expérience dans sa profession. ZeniMax Online prévient que le crafting sera crucial dans le jeu, puisque les meilleurs objets ou les armes les plus efficaces ne pourront être obtenus qu'à travers l'artisanat.
L'autre composante essentielle de tout bon MMORPG, c'est bien sûr le PvP. Là aussi, le studio américain veut frapper fort. Si les différentes factions partent de trois extrémités de la carte, c'est toute la zone centrale, à savoir la vaste province de Cyrodiil, grande comme neuf maps PvE, qui est le théâtre de la guerre que se livrent les trois factions pour récupérer le trône de Tamriel. Concrètement, cela se traduit dans le jeu par tout un mécanisme permettant de conquérir les positions adverses. Pour résumer, chaque camp possède un certain nombre de fortifications à défendre à tout prix, tout en essayant d'aller chez l'ennemi gagner du terrain. Ces gigantesques batailles pourront impliquer jusqu'à 200 joueurs simultanément. C'est en tout cas l'objectif des développeurs. Elles offriront la possibilité d'utiliser des engins de siège. Visuellement, de nombreux indices comme les murs destructibles des enceintes donneront des informations quant à l'avancement de l'assaut. Une fois à l'intérieur de la fortification, il faudra aller jusqu'à ses entrailles et y rester un certain temps pour gagner. Des affrontements plus réduits en 30 contre 30 seront également disponibles. On se battra alors pour la prise d'une ferme ou pour couper la communication entre les différents châteaux. Dans ce dernier cas, la défense de ses positions devient alors beaucoup plus compliquée puisque les joueurs auront plus de mal à rallier un endroit isolé. Une carte de la bataille permet d'avoir un aperçu global de la situation. On y voit qui domine, quelles fortifications sont reliées entre elles ou encore quels sont les points chauds où se battent amis et ennemis. Les serveurs devraient supporter plusieurs milliers de protagonistes pour des batailles à grande échelle. Évidemment, des leaderbords permettront d'avoir un aperçu des meilleurs joueurs puisque les cartes seront probablement remises régulièrement à zéro, afin que d'autres conflits puissent démarrer.
Déclarer que The Elder Scrolls Online s'annonce très complet tient du doux euphémisme. On reste tout simplement estomaqués par le contenu gargantuesque que devrait renfermer le MMORPG de ZeniMax Online. Rien qu'avec le système d'évolution du personnage et la possibilité de faire à la suite les campagnes des trois factions, on a l'impression qu'on n'aura pas assez d'une vie pour tout parcourir. A cela s'ajoutent du PvP à grande échelle et d'autres fonctionnalités très riches comme le crafting. Bref, l'ambition est un peu folle et on apprécie d'autant plus le travail des développeurs. L'ensemble bénéficie en prime d'une vraie patte artistique et d'une ambiance très proche de la branche classique de la série. TESO a donc toutes les chances de séduire les fans de MMO, surtout si ces derniers apprécient déjà l'univers Elder Scrolls. Pour ce qui est d'attirer ceux qui ne jurent que par l'expérience traditionnelle à la Skyrim, le doute reste en revanche permis, tout l'aspect exploration laissant notamment à désirer. Néanmoins, ZeniMax n'a pas encore abattu toutes ses cartes. Avec son MMO, le studio a pour ambition de proposer à la sortie du jeu la fameuse vue à la première personne. Et autant dire qu'au regard de la démonstration, cela donne envie. Si tout cela fonctionne, The Elder Scrolls Online sera certainement l'une des belles réussites de l'année.