Si les noms Buronson et Tetsuo Hara ne vous sont pas inconnus ou si les mots « Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort » réveillent en vous des souvenirs d’enfance, c’est que vous aussi avez été marqué par le manga Hokuto no Ken, alias Ken le survivant. Plus de deux ans après un Fist of the North Star : Ken’s Rage raté, Tecmo Koei revient à la charge avec une suite ayant pour ambition de nous faire oublier le premier opus, notamment grâce à un contenu dantesque et un gameplay plus nerveux. Pari tenu ? Rien n’est moins sûr…
La Terre est ravagée par la guerre nucléaire. Les océans et la végétation ont disparu. L'humanité a survécu mais traverse une époque où la loi du plus fort prévaut. L'espoir renaît lorsque Ken, héritier de l'art martial ancestral Hokuto Shinken, libère un village de la menace d'un gang de pillards sans pitié. Tel est le synopsis du manga japonais désormais culte, publié en 27 volumes. Si Ken's Rage premier du nom retraçait l'histoire des 14 premiers tomes, sa suite nous propose de vivre l'intégralité de la saga, à quelques ellipses près. Autant dire que le travail accompli par les développeurs est tout simplement monstrueux.
De fait, le studio japonais a retranscrit fidèlement les nombreux périples de « l'héritier des plus grands maîtres chinois » au travers de la trentaine de chapitres du mode Légende. Celui-ci nous propose évidemment d'incarner Kenshiro, mais aussi ses fidèles compagnons Mamiya, Rei, Toki et bien d'autres. Là où le premier opus nous faisait vivre les pérégrinations de plusieurs personnages en parallèle, Ken's Rage 2 suit une seule et même trame scénaristique, ce qui facilite l'immersion du joueur et rend le tout plus cohérent. En marge de ce mode Histoire déjà colossal, Tecmo Koei nous invite à découvrir le passé des différents héros et va même jusqu'à inventer des aventures inédites pour chacun d'entre eux grâce au mode Rêve. Jouable en coop local ou en ligne, il offre un regard nouveau sur les protagonistes et renforce la durée de vie du soft. Des matches en équipe rassemblant jusqu'à huit joueurs au total sont même de la partie. Avec Fist of the North Star : Ken's Rage 2, les développeurs ont mis les petits plats dans les grands et ont trouvé la recette pour combler (en théorie) les fans d'action et de combat.
En effet, quoi de mieux qu'un beat'em all de masse à la Dynasty Warriors pour adapter les aventures de Kenshiro en jeu vidéo. Si le premier épisode nous avait habitués à des bastons à 1 contre 50, le dernier-né des studios Tecmo Koei nous engage dans des affrontements autrement plus conséquents et nous oppose à des hordes entières d'ennemis. Idéal donc pour libérer la surpuissance meurtrière de l'homme aux sept cicatrices via des combos dévastateurs ou les attaques secrètes du Hokuto Shinken. A ce sujet, le jeu conserve peu ou prou les mécanismes de base de son prédécesseur : parades, projections, attaques normales ou puissantes, techniques secrètes (appelées Coups persos), jauges d'aura permettant de les utiliser, etc.
La différence majeure vient de la suppression pure et simple du saut, remplacé par l'esquive. Résultat, le gameplay gagne en intensité et en nervosité. En revanche, l'évolution du personnage a été simplifiée : les caractéristiques du héros (vie, attaque, défense…) augmentent automatiquement au gré des combats en fonction de vos actions, grâce au karma récolté sur vos victimes et par l'intermédiaire de parchemins. Ces derniers s'obtiennent dans des coffres disséminés un peu partout dans le jeu ainsi qu'à la fin des différents chapitres et missions. Une fois équipés, ils permettent d'améliorer une ou plusieurs caractéristiques et octroient de temps à autre un bonus (par exemple, une augmentation de la défense lorsque la jauge de vie est basse). En combinant astucieusement certains parchemins, vous créerez un lien et débloquerez une compétence spéciale. Notez que vous ne pouvez disposer que de 21 parchemins au maximum (5 équipés et 16 dans votre « inventaire »). L'excédent devra être jeté ou confié à la Cariatide, qui sert également de point de sauvegarde intermédiaire. Ce nouveau système nous fait regretter le simili sphérier du premier épisode, beaucoup plus profond et offrant plus de liberté.
Quitte à évoquer les défauts du jeu, parlons à présent des choses qui fâchent vraiment. Si les graphismes du premier opus étaient tout juste passables à l'époque, ceux de Ken's Rage 2 sont clairement d'un autre âge. Carton rouge aux cutscenes en 3D figée censées donner un effet BD au jeu, complètement ratées et tout simplement hideuses. Les combats, bien que plus nerveux, ne parviennent toujours pas à convaincre. Ces derniers s'avèrent extrêmement répétitifs et souffrent du trop grand nombre d'ennemis présents à l'écran. En effet, on se contente de marteler sans cesse les mêmes boutons pour effectuer des combos touchant un maximum d'adversaires, dont le QI n'a rien à envier à celui de l'huître. Certes, cela procure un sentiment de puissance plutôt jouissif les premières minutes, mais le plaisir cède rapidement la place à l'ennui. Les phases de gameplay ne sont qu'une sempiternelle succession de vagues d'ennemis, de chefs de gangs et de boss. Les quelques rares exceptions ne méritent même pas d'être mentionnées, tant elles sont ridicules. A cela s'ajoutent des problèmes récurrents de caméra, rendant l'action confuse et obligeant le joueur à sans cesse la replacer derrière le personnage. Proposer un contenu titanesque et fidèle au manga est une initiative on ne peut plus louable, encore faut-il nous donner l'envie (et en l'occurrence, le courage) de le parcourir jusqu'au bout…
- Graphismes8/20
Une catastrophe. Accusant déjà un retard conséquent à l'époque du premier épisode, les graphismes de Ken's Rage 2 sont clairement laids. Les environnements sont vides et manquent de variété, même pour du post-apocalyptique. L'aliasing est omniprésent et certains effets graphiques (l'explosion des corps, entre autres) sont complètement ratés. Les cinématiques sont d'une qualité très inégale et les cutscenes façon BD sont indignes de l'oeuvre de Tetsuo Hara. Heureusement, la modélisation des personnages principaux relève un peu le niveau.
- Jouabilité10/20
Malgré un gain d'intensité grâce à l'ajout du bouton d'esquive, les combats sont répétitifs et plongent le joueur dans l'ennui au bout de quelques minutes. Le nombre de combos disponibles est limité, on se contente d'enchaîner les mêmes coups indéfiniment pour avancer. Ironie du sort, la plupart des personnages jouables se révèlent plus fun à contrôler que l'héritier de la Grande Ourse... Oubliez le mode Coop en local, l'écran splitté nuit à la visibilité et impacte sensiblement le framerate.
- Durée de vie15/20
Si la lassitude ne vous a pas gagné au bout de quelques minutes, des dizaines et des dizaines d'heures de jeu vous attendent pour venir à bout du contenu proposé par les développeurs. Ces derniers ont en effet fourni un travail monstrueux pour satisfaire les fans de la série.
- Bande son15/20
Les voix japonaises sont très convaincantes et les musiques, tantôt hard-rock, tantôt mélancoliques, collent parfaitement à l'ambiance du jeu. Malgré quelques ratés, les bruitages sont tout à fait satisfaisants.
- Scénario17/20
Sans conteste le point fort du jeu. Les fans de la saga seront enchantés de revivre l'intégralité (à quelques petites exceptions près) des aventures de Kenshiro. Du pur bonheur et de l'émotion en perspective.
« Décidément, les temps, comme les œufs, sont durs » pour Kenshiro et les développeurs de Tecmo Koei. Malgré un scénario en béton armé (logique, c'est celui du manga), un contenu gigantesque, une bande-son convaincante et un gameplay légèrement plus nerveux (mais pas exempt de défauts, loin de là), Fist of the North Star : Ken's Rage 2 se montre vraiment répétitif et finit par lasser. Ajoutons à cela un manque de finition et d'optimisation flagrant, au regard de la réalisation graphique d'une laideur sans nom. Il va sans dire que ce jeu s'adresse avant tout (exclusivement ?) aux fans de la série, mais ces derniers auront tôt fait de se replonger dans le manga papier ou l'animé.