Entre Assassin’s Creed, Hitman, Dishonored et Metal Gear Solid, les développeurs allemands de Realmforge ont décidé de ne pas choisir mais plutôt d’emprunter ça et là divers éléments caractéristiques. Résultat : cette aventure à la troisième personne demeure clairement sous influences, tout en tentant de combiner le thème des vampires au genre infiltration…
Vous incarnez Eric Bane, un être doté d'un look «hoodie capuche rabattue» à la Assassin's Creed, qui se situe à la croisée de deux mondes : celui des hommes et celui des vampires. Notre héros, au passé mystérieux dont il semble se souvenir au fil de l'aventure, a été contaminé par un suceur de sang. Il va ainsi se retrouver embarqué dans un voyage fantastique au cours duquel il est amené à affronter des ennemis en tous genres, comme des soldats ou des vampires. Heureusement, Bane n'est pas seul puisqu'au cours de son périple, il rencontre quelques alliés, comme Rose, femelle vampire décryptant régulièrement la situation pour le joueur, ou encore April, tenancière du bar où se rencontrent les créatures de la nuit. Le personnage principal de Dark se situe clairement dans la droite lignée du super-héros Blade, à la différence qu'ici il ne dispose d'aucune arme et se sert uniquement de ses pouvoirs vampiriques et de son sens de la furtivité pour se sortir du pétrin…
Outre ses capacités naturelles à courir, s'accroupir et surtout à traîner les cadavres pour les cacher ou encore se mettre à couvert derrière n'importe quel obstacle, Bane dispose de pouvoirs très spéciaux. Ces derniers sont améliorables grâce aux Power Points remportés en cours de partie, et s'avèrent accessibles via la croix directionnelle (un menu en forme de roue s'affiche alors à l'écran). Il y en a trois sortes : pouvoirs basiques, actifs et passifs. Les premiers sont au nombre de quatre : Instant Kill (on tue directement les ennemis à proximité), Shadow Leap (une téléportation au cours de laquelle on déplace un curseur pour choisir l'endroit –pas trop éloigné– où l'on veut réapparaître), Auspex (on voit les ennemis briller en rouge à travers les murs) et Feed (on boit le sang des ennemis afin de regagner de la santé). Les huit pouvoirs actifs, quant à eux, demeurent temporaires et il est nécessaire d'attendre une poignée de secondes avant de pouvoir à nouveau les utiliser. Ainsi, Shadow Kill et Shadow Grip sont des téléportations différentes permettant de tuer en un coup, Distract crée un son attirant l'adversaire alors que Regeneration utilise le sang ennemi stocké pour guérir les blessures (mais on peut aussi se reposer quelques secondes pour que la santé revienne au maximum). A ceux-ci s'ajoutent Obsfucation qui offre de se transformer en ombre discrète, Celerity qui permet de se déplacer rapidement, ainsi que Domination et Presence qui mettent en transe un plus ou moins grand nombre d'ennemis ne remarquant alors plus le héros pendant quelques secondes. Last but not least : les pouvoirs passifs de Bane. Au nombre de quatre, ceux-ci demeurent permanents une fois upgradés. Ainsi, Assassin diminue le bruit de vos déplacements de 5 % minimum tandis que Toughness augmente votre jauge de vie de 25 à 200 %, alors que Vitae vous permet d'améliorer votre jauge de vie et Awakened Instincts permet de prévoir la réaction des ennemis. Dans l'ensemble, même s'ils ne sont pas follement originaux, les pouvoirs de Bane s'avèrent indispensables pour progresser au fil des niveaux, tant les missions paraissent parfois difficiles…
Il faut dire que pour accomplir ses objectifs (retrouver les traces d'un vampire, pister un individu…), Bane doit recourir la plupart du temps à l'infiltration et à la discrétion, même si un marqueur indique en permanence à l'écran le lieu où se rendre ainsi que la distance restante. Par exemple, au cours des quelques niveaux testés, il n'était pas question pour le héros de foncer dans le tas, sous peine d'être découvert et d'entraîner quasi immédiatement un Game Over. Le challenge semble donc plutôt relevé. D'autant que les ennemis apparaissent souvent en grand nombre dans les salles à traverser, même s'il y a plusieurs chemins possibles pour progresser. Ainsi, la mission se déroulant dans le grand hall du musée ne contient pas moins d'une quinzaine de gardes à éviter ou à assassiner furtivement sans se faire repérer. Cette dernière action est possible en se glissant dans leur dos et en pressant ensuite la touche qui s'inscrit à l'écran. Vous pouvez alors soit les tuer d'un seul coup, soit leur mordre le cou et leur sucer le sang (il faut alors attendre de longues secondes que la jauge qui apparaît en bas de l'écran se remplisse complètement pour que l'action soit validée). Gare toutefois à ne pas entrer dans leur champ de vision au risque d'attirer davantage d'ennemis. Concrètement, lorsque le héros se fait repérer, un large cercle blanc apparaît en surimpression sur l'écran puis devient de plus en rouge à mesure que l'ennemi le détecte. Il suffit alors de se cacher ou de tuer celui qui l'a découvert avant que l'alerte soit donnée. Le plus simple reste encore de repérer tous les ennemis à l'aide de la vision vampirique puis d'observer leur déplacement. Ensuite, la solution la plus fréquente est d'alterner les caches derrière les éléments du décor et les assassinats discrets. Plus tard, une séquence dans un night-club accroît même la difficulté en ne permettant aucune utilisation de pouvoirs, sous peine d'être tout de suite découvert par les hommes armés qui patrouillent entre les convives et d'entraîner – à nouveau – un Game Over. Mais à force d'essais et de réflexion, il est possible d'esquiver ces gardes et de placer, à des endroits stratégiques, les trois bombes nécessaires pour faire exploser l'établissement.
Si les cinématiques agrémentant l'histoire ne semblent pour l'heure guère dynamiques au niveau de la mise en scène (champ-contrechamp classique quand deux personnages parlent), en revanche le background et les personnages paraissent avoir été davantage travaillés. Ainsi, il est possible d'initier un dialogue assez poussé avec certains protagonistes clés du scénario, par l'intermédiaire d'un système proche de celui en vigueur dans Mass Effect. En cliquant sur des mots ou expressions qui apparaissent en bas de l'écran autour d'une sorte de roue, Bane peut obtenir nettement plus d'informations sur un sujet précis (passé des personnages, thématique détaillée…). Si cela n'a aucune incidence sur le scénario et l'aventure en elle-même, ces détails ajoutent néanmoins à l'immersion et à la compréhension de l'histoire. Au final, Dark semble donc faire plutôt preuve de bonne volonté pour offrir aux joueurs une aventure, certes pour l'heure perfectible, mais qui semble retourner aux sources du genre infiltration en proposant un vrai challenge.
Même si elle doit encore pouvoir s’améliorer, notamment par rapport à l’IA des ennemis, aux animations un peu raides et à la mise en scène générale, l’expérience de jeu procurée par Dark n’en demeure pas moins assez intéressante. Car l’aventure semble pour le moment se présenter avant tout comme un sympathique melting-pot d’idées empruntées de-ci de-là, que les développeurs allemands de Realmforge tentent de fédérer autour du genre infiltration. Croisons donc les doigts pour que la suite révèle quelques jolies surprises…