L’une des licences les plus explosives de la 360 revient sur le devant de la scène. Encore une fois, Epic et People Can Fly nous livrent une aventure nerveuse, sans oublier d’apporter à cette itération quelques nouveautés conséquentes et innovantes, histoire de ne pas faire de Gears of War : Judgment une version 3.5 insipide.
Le quatrième épisode d'une série est souvent le virage le plus délicat à prendre pour les développeurs. Rebondir après l'épilogue d'une trilogie remarquable, en trouvant la bonne formule sans tomber dans la banalité, n'a rien d'une sinécure. Pourtant, People Can Fly et Epic ont relevé ce défi d'autant plus ardu, qu'il s'agit ici d'imaginer la suite d'un jeu d'action s'étant construit une solide réputation sur 360 et presque aussi populaire que Halo. Innover sans casser les fondations, telle était la mission des deux studios.
Côté scénario, le duo ne va pas aller chercher bien loin, optant pour une mode qu'on retrouve partout, la préquelle, c'est-à-dire remonter à une période située juste avant le premier épisode. De fait, l'action de Judgment prendra place quinze ans avant Gears of War. Mais bien au-delà de ce voyage dans le temps, Gears of War : Judgment peut décemment se féliciter d'offrir une histoire ne se limitant pas à découvrir le passé des héros. Outre le fait que Marcus Fénix, star charismatique de la série, ait cédé le premier rôle à Damon Baird, c'est la formule narrative qui interpelle et séduit d'entrée. Accusés de trahison et de désertion, le quatuor composé de Baird, Cole, Paduk et Hendrick vont tenter d'être acquittés en narrant leur histoire à la barre, que vous allez illustrer manette en mains. Si le scénario écrit à l'avance ne donnera pas l'occasion de changer radicalement le cours des faits, les quatre mousquetaires auront la possibilité de lever le voile sur certaines zones d'ombre du procès. Comment ? C'est à vous d'en décider en acceptant (ou non) les «Declassified Testimony» (DT), missions supplémentaires symbolisées par un crâne rouge taggé sur les murs des différents niveaux. Cette possibilité donnée de laver l'honneur de l'escouade ne se fera pas sans difficultés, chaque DT renfermant son petit lot de surprises. Ennemis plus agressifs, résistants et nombreux, missions chronométrées ou restriction d'armes imposées, ces challenges n'ont rien d'une promenade de santé. Totalement optionnelles, ces épreuves peuvent être laissées de côté par les joueurs peu curieux ou pas franchement intéressés par la chasse au «high score». Car oui, en fonction du résultat et du niveau de difficulté choisi, un nombre d'étoiles sera attribué en cas de succès. Au bout de 40 récompenses récoltées, Aftermath, le dernier chapitre du jeu, sera débloqué. Que ceux qui fuient la course aux étoiles se rassurent, l'épilogue sera disponible en temps voulu. Par ce raccourci, People Can Fly et Epic ont juste voulu créer un semblant de compétition au sein de la communauté pour qui le «scoring» est une religion.
Gears of War : Judgment ne révolutionne pas la saga, c'est un fait. Mais on ne peut décemment dire que les développeurs se sont contentés d'accoucher d'une version 3.5. Si l'idée des Declassified Testimony ne suffit pas à convaincre les sceptiques, que peuvent-ils penser du Smart Spawn System (S3) ? Grâce à lui, chaque mort ne sera plus vécue de la même manière. Comprenez par là que le S3 générera une nouvelle race d'adversaires à chaque nouvelle tentative. Et qui dit ennemis différents implique techniques d'attaques à réétudier. Une idée intéressante qui empêchera le joueur d'élaborer une stratégie sur le long terme. Allez, vous n'êtes toujours pas convaincu que ce Judgment est une perle ? C'est là que GoW abat une autre paire d'as avec le multijoueur et l'apparition d'Overrun. Venant s'ajouter à un contenu multi conséquent, ce mode dans lequel les joueurs incarnent 5 soldats (ou 5 Locustes) avec comme but de défendre (ou d'attaquer) trois objectifs est passionnant, stressant. Bref, il est dans la lignée de ce que propose le titre en permanence : du défi et de l'action omniprésente. Evidemment, pas mal de jeux le proposent déjà, avec eux aussi, un système de classes (medic, ingénieur, soldat, scout), mais l'expérience est-elle sincèrement identique ? L'action nerveuse de GoW et sa réalisation impeccable font clairement la différence. Si en plus, on a la possibilité d'essayer le Breechshot, l'arme de prédilection des Locustes… que demander de plus !
Les quelques heures passées en compagnie du quatuor, que ce soit dans le solo, dans la campagne coop, ou dans le multijoueur, ont permis de dresser un constat assez éloquent. Si Judgment reprend la mécanique de gameplay qui a fait le succès de la série, cet opus-là s'avère bien plus dynamique et entraînant que le troisième volet qui, il est vrai, plongeait assez vite dans l'ennui malgré une réalisation impeccable. Par l'originalité de son scénario, les missions annexes et sa chasse au score, des ennemis générés aléatoirement sur les maps grâce au Smart Spawn System, du multijoueur passionnant, Gears of War : Judgment pérennise la série de bien belle manière.
Surveillé comme le lait sur le feu, le premier épisode suivant une trilogie a la dure mission de transmettre une expérience de jeu différente tout en évitant de dénaturer le travail déjà effectué. Ayant la «chance» de rebondir sur un troisième volet «un peu à bout de souffle», Judgment y est pourtant parvenu. Par son originalité scénaristique, un challenge renforcé, ce GoW pourrait bien être la rampe de lancement d’une nouvelle trilogie épatante.