Après des débuts sympathiques, la série Emergency coule lentement dans les abîmes. Datée, inconsistante, elle sombre de plus en plus profondément jusqu'à cette édition 2013 qui est carrément une réplique de la version 2012 avec un vague contenu supplémentaire.
Attention suivez bien, c'est un peu tordu. Malgré son nom bien trompeur, Emergency 2013 cache le même jeu que celui sorti l'année dernière. Une édition originale qui en a profité pour disparaître des rayons et même de Steam, ce qui permet à Deep Silver de vendre la même chose non pas 10 euros mais 30, comme ça, on ne peut pas vous encourager à vous payer Emergency 2012. Grand Seigneur, l'éditeur permet toutefois aux possesseurs de ce dernier de s'offrir les 3 malheureux scénarios inédits sous forme d'add-on à télécharger. Pour les autres, on ne peut que faire un triste constat : déjà médiocre il y a un an, Emergency 2012/13, on ne sait plus trop comment l'appeler, n'a pas vraiment gagné en sex-appeal. Le principe reste donc le même dans cette variante de STR : faire face à une série de catastrophes en mobilisant au mieux vos différentes forces d'intervention, des pompiers aux urgentistes en passant par la police ou les équipes techniques. Chaque véhicule a ses particularités, chaque unité un type de matériel qui lui est propre.
Si vous devez intervenir sur un accident de voitures, il vous faudra ainsi penser à faire venir quelques soldats du feu pour maîtriser le risque d'incendie mais également profiter de leurs pinces coupantes indispensables pour désincarcérer les victimes. Le médecin urgentiste prend ensuite le relais pour apporter les premiers soins et stabiliser le blessé que les ambulanciers transporteront à l'hôpital. Sur un gros incendie, il sera bon de troquer le petit véhicule de pompiers contre un camion à lance à eau et grande échelle, en n'omettant pas d'équiper quelques policiers de mégaphones afin de faire évacuer les badauds amateurs de grand spectacle. Et en cas de manifestation violente, mobiliser un canon à eau aidera à disperser la foule et à mieux repérer les fauteurs de troubles qu'on pourra gazer, menotter et embarquer au poulailler. Réparation de feux tricolores, pose d'une barricade pour mettre fin à une course-poursuite, vous aurez droit à tout un éventail de situations pas vraiment inédites pour le coup. Amusant un moment et dans le principe, ce STR de l'apocalypse montre pourtant rapidement ses limites, et bien évidemment, aucun des problèmes signalés dans le test de 2012 n'a été corrigé.
Ainsi, l'interface est toujours aussi calamiteuse et datée, entraînant confusion et approximations en tout genre qui peuvent s'avérer fatales dans le mode Campagne, surtout lorsqu'on vous demande de faire preuve d'une réactivité qu'il n'est tout bonnement pas possible d'atteindre avec des contrôles aussi mal pensés. De fait, certains scénarios ne peuvent être résolus qu'une fois qu'on en connaît le déroulement à l'avance, permettant au joueur de déployer préalablement les moyens nécessaires, comme une barricade avant même qu'on ne signale l'arrivée de fugitifs, et ainsi de faire face à « l'imprévu ». Dans la pratique, ça ne ressemble pas à grand-chose. Au premier essai, quantité de situations ne laissent absolument pas le temps d'agir avant le game over et la bêtise incommensurable de vos agents n'aide pas vraiment à se montrer efficace dans le feu de l'action. Dans Ermergency 2013, la microgestion de chaque instant est toujours de rigueur car, sachez-le, les sauveteurs et secouristes européens ont grosso modo le QI d'un Sim. Vous pensiez sans doute qu'une fois que vous auriez indiqué à vos brancardiers d'aller chercher un blessé ils auraient assez de jugeote pour au moins le ramener à l'ambulance ? Et ben non, raté, il faut le leur demander gentiment, sinon ils restent plantés au milieu de la rue avec le pauvre bougre allongé sur le brancard. Pour un peu on s'attend à les voir se faire pipi dessus en rageant. Voilà qui illustre à merveille les lourdeurs archaïques et incohérentes de l'interface. On peut de plus ajouter pas mal de bugs qui font qu'il n'est pas rare qu'on refuse carrément de vous obéir.
Le mode Libre est ceci dit un peu moins frustrant, vous confrontant à une série d'accidents et catastrophes aléatoires avec possibilité de gonfler vos moyens financiers pour augmenter vos ressources et ainsi faire face à plusieurs situations différentes simultanément. Mais les problèmes d'interface et d'IA ne disparaissent pas pour autant et ce n'est pas le fait d'avoir ajouté une malheureuse map qui va en faire exploser l'intérêt. Bref, pour résumer, tout ce qui posait problème l'année dernière est de retour, un an plus tard et à 30 euros, avec en prime de sérieux problèmes de stabilité et un jeu qui peut se montrer coriace à lancer, entre les soucis de compatibilité avec certaines cartes graphiques ou l'obligation, pour une raison inconnue, de le démarrer en mode Admin ou en compatibilité Windows XP pour certains. En clair, côté service client et fraîcheur du produit, on a vu mieux.
- Graphismes12/20
Si Emergency 2012(2013) est plutôt propre graphiquement, il ne vous fera pas grimper aux rideaux non plus. Le titre permet toutefois d'identifier facilement tous les types de véhicules et de personnels et reste donc assez lisible, ce qui n'est pas forcément le cas de son interface et notamment de sa mini-map. Quant aux décors, ils apparaissent tous relativement crédibles et variés. On aura ainsi "plaisir" à découvrir les grandes villes européennes totalement dévastées par d'incroyables cataclysmes.
- Jouabilité10/20
Emergency 2012(2013) renoue avec les défauts de ses prédécesseurs : I.A. en mousse parfois très problématique du fait d'un gameplay qui fait la part belle à la microgestion, pathfinding bancal et interface peu pratique... La campagne, assez maladroite, impose quant à elle de recommencer les mêmes missions jusqu'à les connaître par coeur, ce qui n'est pas franchement très agréable. On lui préférera d'ailleurs les modes Libre et Défi, plus sympathiques mais également limités par les autres défauts cités ci-dessus.
- Durée de vie14/20
A la quinzaine d'heures du jeu original, vous pouvez en ajouter une paire de plus, le temps de tenter les 3 scénarios et la map supplémentaire du mode Libre. Le mode Coopératif est toujours aussi imbuvable.
- Bande son10/20
Autant vous prévenir tout de suite, les doublages français sont exécrables. Vous aurez d'ailleurs très probablement envie de pulvériser l'individu qui vous assigne vos objectifs au bout de 5 minutes. Pour le reste, le soft associe des bruitages corrects à une poignée de musiques insipides.
- Scénario/
Quelle délicieuse démarche que celle proposée ici, refourguer sous l'appellation 2013 un contenu identique à 99% à celui vendu l'année dernière, et le tout pour une bonne trentaine d'euros. Si au moins certains points avaient profité d'une amélioration quelconque, mais non, même prise en main datée, même interface poussiéreuse, même IA incapable de trouver son chemin et en bonus gratuit des problèmes de démarrage prouvant le soin apporté à la bête. Malgré une chouette idée de départ, la série Emergency ne cesse de s'enfoncer et met de plus en plus à l'épreuve notre indulgence, en 2013 elle approche du fond.