Après avoir enchanté les possesseurs de DS, puis de consoles HD et de PC (en téléchargement), Might & Magic : Clash of Heroes débarque maintenant sur l'App Store, notamment pour l'iPhone et l'iPad, au tarif de 4,49 euros. Et rassurez-vous, ce puzzle-RPG brille également sur ce nouveau support.
Si vous ne connaissiez pas le concept de puzzle-RPG initié par le fameux Puzzle Quest, sachez qu'il ne recouvre rien de bien compliqué : il s'agit d'un jeu de rôle - avec tout ce que cela implique en matière de progression des personnages (statistiques, compétences, équipement) - dont les combats se résolvent à la manière d'un puzzle-game. Clash of Heroes propose toutefois cinq types de héros (elfe, chevalier, magicien, nécromancien et démon), disposant de capacités propres et d'unités spécifiques, et se montre en cela un digne rejeton de la saga Might & Magic dans laquelle il s'inscrit. Ces différents héros pourront être incarnés dans le cadre de cinq campagnes scénarisées qu'il vous faudra débloquer les unes après les autres. Chacune offrant 6 à 8 heures de jeu, il vous faudra au minimum une trentaine d'heures pour boucler le titre, sans compter les modes multijoueur, sur lesquels nous reviendrons à la fin de cet article.
La trame scénaristique de Clash of Heroes reprend certains éléments de background propres à l'univers de Might & Magic. Dans le monde d'Ashan, où les peuples cohabitent en paix, les éclipses de Lune sont l'occasion pour les démons de sortir des ténèbres et de semer le chaos. C'est pour lutter contre ce fléau que la Griffe d'Astreinte a été créée : elle permet de plier les démons à sa volonté. Le prologue, qui fait office de tutorial, s'ouvre sur une attaque de démons, venus massacrer le groupe d'alliés qui a la garde de cet artefact. Cinq jeunes héros assistent à la mort de leurs parents : Anwen l'elfe des bois, Nadia la magicienne et Godric le chevalier, accompagné de sa soeur Fiona, fascinée par le mysticisme, et de son jeune frère Aidan, amer et jaloux. L'histoire est certes vue et revue, mais la scénarisation très travaillée et riche en événements compense cet état de fait. D'autant qu'une réalisation irréprochable vient en appui : visuellement superbe, le jeu affiche des décors fins, mignons et colorés, ainsi qu'uncharacter design typiquement asiatique. Cette version bénéficie, comme les autres versions HD, de créatures relookées dans un style plus cartoon et dotées d'animations retravaillées, par rapport au jeu sur DS. On retrouve également les jolis thèmes musicaux déjà présents ailleurs, et toujours de très bonne qualité. Quelques petits temps de chargement viennent ponctuer notre progression, entre chaque zone de jeu et avant et après un combat, mais aucune gêne ne se fait vraiment sentir, surtout qu'ils sont finalement très courts. Il faut aussi savoir que cette nouvelle adaptation ne vous permet pas non plus de vous déplacer librement sur la carte : vous êtes soumis à des points de passage précis auxquels vous ne pouvez déroger, mais ça n'est pas vraiment gênant dans la mesure où le jeu propose d'autres façons de faire valoir son libre arbitre. Ceci dit, puisqu'on contrôle nos petits personnages au doigt (et à l'oeil) grâce à l'écran tactile, quelques petites imprécisions peuvent venir troubler la fête de temps en temps, mais sans gravité.
Comme le veut la tradition, les affrontements permettent à votre héros et à ses unités de gagner de l'expérience. Lorsqu'un combat s'engage, vous êtes propulsé sur un champ de bataille qui dépend du lieu de l'affrontement. En bas, vos unités (archers, squelettes, vampires, archanges, dragons... on retrouve le bestiaire typique de Might & Magic) ; en haut, celles de votre adversaire. Leur organisation est chaotique ; il va vous falloir rassembler les unités identiques, sachant que seules celles situées en queue de colonne peuvent être déplacées. Vous pouvez les agencer par colonnes de trois pour former une ligne d'attaque, ou bien horizontalement pour former un mur, ou encore selon des associations plus complexes (cf. les unités d'élite et légendaires, qui seront évoquées plus loin). Attention : le jeu se déroulant au tour par tour, votre adversaire et vous ne disposez que d'un nombre limité de mouvements. En effectuant certains coups particuliers (en supprimant par exemple une unité intercalée pour créer une ligne d'attaque), vous gagnez des mouvements supplémentaires. Les lignes d'attaque créées mettent un certain nombre de tours à s'activer, qui est fonction des unités avec lesquelles elles sont formées. Sachez que vous pouvez augmenter la puissance de vos lignes d'attaque en les liant ou en les fusionnant. Simple à la base, le gameplay devient suffisamment complexe pour parvenir à s'accommoder de la part d'aléatoire qui tient à la configuration du champ de bataille en début de combat. A terme, chaque ligne d'attaque est propulsée sur l'écran du haut. Selon sa puissance et l'opposition qu'elle rencontre (murs, unités ennemies), elle s'affaiblit plus ou moins et parvient à toucher ou non la ligne de fond de l'adversaire. Si le défenseur est touché, il perd une quantité de points de vie correspondant à la puissance restante de l'attaque.
Inutile de dire qu'il faut essayer de positionner une forte résistance face aux gros attaquants que sont les unités d'élite et légendaires. Ces dernières, qui s'activent en plaçant derrière elles deux ou quatre unités de base de même couleur, ont toutes une capacité spécifique : les cerfs sautent par-dessus les murs, les druides augmentent le temps de déclenchement des attaques, les dragons pulvérisent de l'acide, les anges soignent les unités de leur bord, les apparitions tuent instantanément le héros ennemi si elles le touchent... Gardez à l'esprit que chaque type d'adversaire a ses spécificités et qu'il faut savoir adapter sa stratégie en fonction de l'opposition. Après avoir attaqué ou été détruites, les unités quittent le champ de bataille, mais vous n'êtes jamais à court de chair à canon puisqu'il est possible d'appeler des renforts (au prix d'un mouvement). A mesure que votre héros inflige ou subit des dégâts, une jauge se remplit ; une fois pleine, elle lui permet de lancer un pouvoir spécial qui précipite bien souvent l'issue du combat. Ces capacités spéciales ont toutefois été rééquilibrées par rapport à la version d'origine sur DS, ce qui est une bonne chose (la fameuse flèche d'Anwen, par exemple, n'est plus aussi dévastatrice). Au niveau de la maniabilité, le tout tactile ne pose pas de problème majeur, les unités se laissant attraper, puis glisser sur une autre colonne sans rouspéter, malgré quelques rares erreurs de manipulation, surtout au départ sur iPhone. En effet, à cause de la taille de l'écran, les zones de combat et les unités sont assez petites, même si elles restent à peu près visibles. Il faudra en tout cas un petit moment pour s'y habituer.
Accessible à un large public, la formule addictive proposée par Clash of Heroes bénéficie de quelques petits plus qui renforcent sa dimension stratégique. Outre la trame principale, vous avez la possibilité d'effectuer des quêtes annexes, qui permettent d'accumuler les ressources nécessaires à l'achat des unités d'élite et légendaires (seules les unités de base sont gratuites). Vu que vous ne pouvez intégrer que deux types d'unités spéciales dans votre armée, vous devez opérer une sélection draconienne ! Le jeu regorge aussi de coffres bien gardés (comme dans Heroes of Might & Magic) renfermant des artefacts variés qui boostent les capacités d'un type d'unité ou confèrent des bonus au héros. Là encore, il faut effectuer un choix puisqu'il n'est possible d'en équiper qu'un seul à la fois. Sachez enfin que certains personnages rencontrés proposent de petits puzzles à résoudre, consistant à éliminer toute opposition en un nombre de coups donné. Outre ses cinq campagnes, Clash of Heroes offre un mode Combat Rapide qui permet d'affronter l'intelligence artificielle au cours de combats paramétrables. Le mode multijoueur donne désormais la possibilité de jouer « en local » en passant l'iPhone à son adversaire quand c'est son tour. Enfin, comme dans un Hero Academy, on pourra se bastonner contre d'autres joueurs en ligne, chaque participant jouant à tour de rôle, et ayant jusqu'à 6 jours pour effectuer son tour. Bref, Might & Magic : Clash of Heroes conserve également toute son excellence sur iOS.
- Graphismes17/20
Les graphismes s'inspirent directement de ce qui avait été fait sur PC et consoles HD, si bien que l'on se trouve face à de magnifiques décors. Les animations lors des combat sont également très satisfaisante, et on retrouve le character design d'inspiration asiatique qui a fait le charme de cet épisode.
- Jouabilité18/20
A la fois simple, stratégique et addictif, le gameplay est une pure réussite. Le confort d'utilisation est optimal sur iPad, mais également assez satisfaisant sur le plus petit écran de l'iPhone, même si on sera au départ un peu dérouté, et même si un temps d'adaptation est nécessaire. Mais si vous avez un iPad, ce sera peut-être le support à privilégier.
- Durée de vie18/20
Might & Magic : Clash of Heroes inclut cinq campagnes scénarisées (offrant une trentaine d’heures de jeu), un mode de combat libre pour prendre part à des escarmouches et un mode multi à pratiquer en local sur un même appareil, ou en ligne, chaque participant pouvant alors jouer en différé. Autant dire que le contenu est fourni, et de grande qualité !
- Bande son17/20
Particulièrement immersifs, les thèmes musicaux de Clash of Heroes parviennent à restituer la couleur de chaque environnement (forêt elfique, village médiéval, nécropole...).
- Scénario15/20
Clash of Heroes nous conte une banale histoire de complot, de vengeance et d’enfants déterminés à sauver le monde. Pourtant, il faut reconnaître que la narration est vraiment très réussie. Qui plus est, certains apprécieront l’humour qui se manifeste à travers les quêtes annexes ou encore les références subtiles à l’univers de Might & Magic.
Might & Magic : Clash of Heroes rafle une nouvelle fois la mise sur iOS, en gardant une qualité semblable à ce qu'on avait pu trouver sur DS, puis sur consoles et PC. Doté d’un gameplay qui concilie simplicité et profondeur stratégique, ce mix entre jeu de rôle et puzzle-game a la particularité de s’adresser à un large public sans jamais rogner sur le challenge. Ses combats passionnants, son aspect RPG convaincant et sa narration travaillée, qui s’appuie sur des personnages attachants, en font un titre brillant et particulièrement addictif, totalement adapté au support mobile.