C'est une certitude, Deadpool n'est pas le plus connu des personnages de chez Marvel. En particulier en Europe. Pour autant, Activision a décidé de passer au-dessus de ce constat et de lui consacrer un jeu qu'on imagine du coup principalement destiné aux États-Unis. Le développement a été confié à High Moon Studios qui est connu pour avoir conçu plusieurs titres exploitant la licence Transformers. Reposant quasi uniquement sur la personnalité de son charismatique antihéros, Deadpool affiche d'ores et déjà de belles qualités, mais aussi quelques défauts évidents. Explications.
Si son accoutrement peut susciter quelques comparaisons malheureuses avec Spider-Man, Deadpool n'a en réalité pas grand-chose en commun avec l'homme araignée. Il ne ressemble d'ailleurs pas réellement à un héros de comics classique. Et ce, pour plusieurs raisons. La plus importante d'entre elles tient au fait qu'il est parfaitement conscient de sa condition de personnage de comics. Il en va de même dans le jeu d'High Moon. Le studio américain joue en permanence avec cette particularité. Deadpool ne cesse, par exemple, de s'adresser à la caméra, et donc au joueur. Il se vante de ses actions et coups d'éclat. Son insolence est l'un des traits caractéristiques de son caractère : il ne se passe pas une minute sans qu'il ne provoque ses ennemis et ses partenaires. Lorsque Cable -l'un des protagonistes importants du jeu- fait son apparition, Deadpool n'hésite pas à faire le mariole devant lui pour lui signifier que son discours est trop long. De même, après un violent crash sur l'île Genosha, il profite de la situation pour humilier ses compagnons de route. Après avoir filé des baffes à un Wolverine assommé, il se fait prendre en photo avec deux femmes aux formes avantageuses, elles aussi dans les vapes.
Pire, il arrive souvent que Deadpool prenne ses rêves pour la réalité. Cela signifie concrètement que le jeu passe de temps à autre en mode "fantasme". Ce que le joueur voit à l'écran correspond à ce que l'esprit tordu du personnage imagine. Ainsi, il lui arrive fréquemment de voir des femmes peu vêtues avant de se rendre compte, au beau milieu de son entreprise de séduction, qu'il ne s'agit pas vraiment de la réalité. Des scènes plutôt drôles amenées avec intelligence par High Moon. Globalement, le studio semble énormément miser sur l'humour (souvent gras) et l'auto-dérision. Tout a été pensé dans ce sens. La mise en scène et surtout les excellents dialogues servent cette volonté de ne pas se prendre au sérieux. L'intérêt du jeu repose de toute manière entièrement sur les épaules de Deadpool. Il paraît d'ailleurs évident que les fans apprécieront les efforts fournis par les développeurs américains pour les contenter. A titre d'exemple, lorsqu'un nouveau personnage apparaît, sa présentation est effectuée à travers des planches et des couvertures de comics. Une excellente idée !
Mais Deadpool n'est pas qu'un joyeux luron, c'est aussi un personnage sadique qui aime se battre et étriper ses ennemis. Même si le jeu ne lésine pas sur l'hémoglobine, il ne se montre pas pour autant gore. De manière assez logique, High Moon a opté pour le genre beat'em all. Notre antihéros est en effet aussi à l'aise avec un katana qu'avec une arme à feu. Du coup, le joueur est amené à enchaîner les membres de l'armée de Mr. Sinister -l'ennemi que Deadpool souhaite mettre hors d'état de nuire- un par un en usant de son arsenal. Le but est évidemment de maximiser les dégâts en variant les coups et en multipliant les combos. Pour être tout à fait clairs, nous n'avons pas pu mettre les mains sur la manette. Aussi, impossible de parler de sensations de jeu... En revanche, notre sentiment quant aux phases de gameplay exposées est très mitigé. Le jeu apparaît très classique dans son fonctionnement. Il manque qui plus est clairement de dynamisme. Il faut dire qu'il s'avère malheureusement particulièrement en retard d'un point de vue technique. On évitera ici tout avis définitif mais disons que cela part mal. Au-delà de carences évidentes au niveau des animations ou de l'affichage très tardif des textures (Unreal Engine, vous avez dit Unreal Engine ?), on note également des soucis de caméra assez préoccupants.
On peut cependant espérer que les combats gagnent en intérêt au fur et à mesure de la progression du personnage. En tabassant les opposants, on accumule en effet les "Deadpool Points". Ces derniers permettent d'acheter de nouvelles armes et de les améliorer. Vous pourrez alors passer du simple katana à un énorme marteau efficace contre les groupes d'ennemis ou du flingue classique à la mitraillette à la cadence de tir élevée. L'alternance entre gunfights et combats au corps-à-corps devrait donc constituer le programme du jeu, même si High Moon va a priori chercher à varier le gameplay. On aura ainsi un peu d'infiltration pour exécuter des ennemis en un seul coup et surtout des phases entières de jeu rendant hommage aux grands genres du jeu vidéo, comme une sympathique séquence de plates-formes en 2D. Voilà qui devrait apporter de la fraîcheur à Deadpool, notamment au niveau des environnements qu'on a trouvés assez monotones, autant visuellement que dans leur construction.
Soyons clairs, Deadpool semble essentiellement s'adresser aux fans du personnage. Il aurait en effet fallu que le gameplay et l'aspect technique soient plus soignés pour que le jeu puisse amener un public plus large à s'y intéresser. Pour autant, le titre d'High Moon affiche de réelles qualités au niveau de l'écriture des dialogues, du doublage et de la mise en scène. L'humour omniprésent fait mouche. La personnalité de Deadpool est clairement rafraîchissante ! Et puis les jeux qui brisent le quatrième mur ne sont pas si nombreux et on apprécie ainsi cette auto-dérision permanente dont fait preuve le personnage. Les clins d’œil à destination des fans devraient par ailleurs achever de les faire craquer. Pour les autres, pas sûr que ce beat'em all peu inspiré vous satisfasse. A moins que vous soyez sensible à l'humour ravageur du jeu ou que le studio de développement n'ait réservé le meilleur pour plus tard.