Au printemps dernier, TERA sortait officiellement en France, démocratisant un gameplay résolument porté sur l'action dans l'antre statique des MMORPG. Etonnamment, c'est le même éditeur qui s'occupe de RaiderZ, un titre qui lui ressemble beaucoup à une exception près que l'on peut résumer en un seul terme : free-to-play.
La gratuité change beaucoup de choses lorsque l'on parle de MMORPG. L'absence d'abonnement possède une certaine tendance à rendre les gens beaucoup plus conciliants. Ce fait a sans doute poussé beaucoup d'éditeurs à livrer des titres à peine finis, voire à peine commencés, avec un prétexte tout trouvé. Environnements vides, designs basiques, gameplay mou et bugs en tout genre emportent ce type de productions vers le fond. Cette erreur, RaiderZ ne la commet pas. Finement charpenté, il s'avère être une réelle alternative à un titre payant, en l'occurrence TERA, comme précisé dans l'intro.
L'élément qui le rapproche le plus du jeu sus-dénommé est sans contestation possible le gameplay. Il faut jouer de finesse et de rapidité pour éviter les attaques adverses via des esquives, voire des parades. Une jauge de stamina empêche de sauter comme un cabri indéfiniment, obligeant ainsi à économiser ses mouvements pour éviter de se faire piéger par une charge ou un sort dévastateur. L'action constante engendrée dégage une énergie considérable et rend les combats bien plus intéressants que dans les MMO plus classiques. Car cela demande de rester constamment concentré afin de lire à l'avance les futures tentatives de l'ennemi. Par exemple, ce loup belliqueux a tendance à grogner juste avant de faire cette très vilaine attaque fulgurante : hop, une esquive à droite sauve votre barre de vie. Un coup à prendre certes, mais un vrai bol d'air frais. Ce système s'envole lors des combats contre les boss, dont les offensives peuvent parfois virer les trois quarts de la barre de vie, si on n'est pas one-shot. Il faut donc jouer la prudence, mais ces joutes sont indubitablement grisantes.
Quoi qu'il advienne, c'est donc la technique qui reste le meilleur allié en combats. Les monstres ont des faiblesses qu'il va falloir exploiter. Parfois, il faut viser un point précis, attaquer au moment opportun ou encore contourner son adversaire pour prendre le dessus. Certaines compétences proposent des propriétés qui fonctionnent mieux sur tel ou tel ennemi alors qu'un autre y sera complètement insensible. Là encore, cela rajoute du piment aux confrontations, surtout lorsque l'on joue à plusieurs. Alors que le tank essaie de gérer l'aggro, ses potes visent les points faibles et font du DPS. Ca paraît simple dit comme ça, mais les grosses bestioles, et plus particulièrement les boss, sont capables de quelques fourberies qui peuvent transformer un combat bien parti en un carnage sans nom dans nos rangs. Toutefois, on peut de temps en temps bénéficier de petits cadeaux surprises : certains monstres laissent parfois tomber un morceau de leur armure (ou de leur corps) qui peut être ramassé pour obtenir un bonus temporaire... voire être utilisé comme arme l'espace d'un instant ! Par exemple, il n'est pas rare qu'un archer laisse son arc après sa mort, ce dernier possédant des compétences propres et pouvant être exploité pendant une trentaine de secondes pour dessouder d'autres bestioles. Une façon de se démarquer de TERA.
D'ailleurs, RaiderZ possède un autre atout qui l'éloigne très légèrement de sa référence : les joueurs ne sont pas soumis à un arbre par classe. Pour être exact, si on nous oblige à choisir un archétype entre Paladin, Berserker, Prêtre et Sorcier à la création d'un avatar, il nous est rapidement possible (dès le niveau 7) de placer des points de compétences dans les autres archétypes, mixant ainsi les plaisirs. Bien que la possibilité de jouer sur les quatre tableaux ne soit sans doute pas la plus efficace, mixer deux "classes" peut déboucher sur des tactiques plus spécifiques, comme un prêtre capable d'assommer les ennemis avec un bouclier ou un sorcier qui peut soigner ses potes. Bien évidemment, en restant dans un même archétype, on finit par débloquer des compétences plus puissantes au détriment de la diversité. Etant donné que les sorts font partie intégrante des combats grâce à un système de combos (attaques à utiliser dans un certain ordre pour plus d'efficacité), une parfaite gestion de l'arbre qu'on se sera créé est primordiale.
Maintenant que l'on sait comment on joue à RaiderZ, il nous reste à voir ce que le titre nous propose pour entretenir la flamme. La plupart du temps, on reste dans du monster bashing, ce qui s'avère toutefois moins redondant que dans les autres titres du genre grâce au gameplay. Cependant, certaines quêtes sortent du lot en proposant des petites instances scénarisées. La poursuite d'un adversaire dans un moulin (avec possibilité de le contourner pour les plus malins), la recherche d'un bouquin ou l'affrontement avec une redoutable entité, ces missions proposent des challenges différents et sont parfois agrémentées de dialogues parlés qui font doucement avancer la trame générale. C'est léger, mais c'est suffisant pour nous sortir du carcan "je tape, je tue" inhérent à la plupart des MMO asiatiques. Les instances de groupe sont souvent les plus intéressantes avec des mini-boss originaux et des zones complètes qui ont un vrai sens architectural.
Car, puisqu'on aborde le sujet, l'univers de RaiderZ fait aussi partie de ses points forts. Loin des productions qui semblent jonchées d'arbres, de bâtiments et de grottes complètement au hasard, on a toujours l'impression de visiter des environnements cohérents alimentés par une narration simple mais efficace. On reconnaît aisément les champs paisibles des zones envahies par des tribus (de gobelins par exemple), et les décors sont assez diversifiés pour qu'on sache se situer sans problème en un clin d'oeil. Pas de grandes plaines complètement vides, mais des environnements colorés et détaillés qui dégagent une vraie impression de vie, malgré un manque de charisme général. Il faut dire que le tout est parfaitement porté par un moteur graphique performant, faisant de RaiderZ un titre particulièrement beau si on tient compte de sa gratuité. Il est toutefois dommage que la ville principale soit un petit peu trop classique alors qu'on y passe tout de même régulièrement, l'occasion de faire quelques emplettes.
Les emplettes, l'occasion de parfaire son matos pour rester efficace en combats en toute situation. Petite surprise, mis à part l'équipement de base, il est impossible d'acheter une arme ou une quelconque pièce d'armure en magasins. Tout est régi par un système de craft via un NPC et il faut donc amener les bons ingrédients. Bien sûr, les meilleurs équipements demandent les items les plus "rares", c'est-à dire ceux lâchés exclusivement par les boss. Toutefois, avant d'être arrivé au niveau maximum, on n'aura pas de difficulté à bénéficier du meilleur équipement pour notre level, ce qui reste plutôt dommage pour les fans de drops à 0,01%. Sachez aussi que certains NPC proposent de cuisiner des ingrédients pour en faire des plats dont la consommation engendre un bonus sur le long terme. Là encore, les boss lâchent les constituants les plus efficaces. Enfin, la ville est l'occasion de rencontrer le NPC lié au gathering, grâce auquel on apprend à miner et récupérer des végétaux. Malheureusement, cet aspect n'est pas encore très prononcé.
Et c'est bien là que se situe le seul véritable problème d'un RaiderZ autrement très alléchant. Quand bien même ce qu'il propose est remarquablement achalandé, les à-côtés habituels que l'on trouve dans de nombreux MMO sont ici absents. Pas moyen de crafter des objets soi-même, pas de familier, très peu de PVP (on peut provoquer d'autres joueurs en duel), des factions qui manquent encore beaucoup d'intérêt et des guildes qui servent surtout à faire joli. Si la trame principale avance de façon assez convenable pour qu'on n'y prête pas trop attention, il devient extrêmement compliqué de trouver des choses intéressantes à faire une fois arrivé au niveau maximum (35 à l'heure d'écriture de ces lignes), ce qui n'est l'affaire que de deux semaines pour les réguliers. Bien évidemment, il faut tenir compte de son évolution future, surtout pour un titre encore en bêta. Mais ce qui importe, c'est que RaiderZ est une vraie réussite qui mérite largement d'être joué avec un groupe d'amis en ligne, surtout pour un titre gratuit dont la boutique peut être totalement ignorée sans hic.
- Graphismes15/20
Malgré un manque de personnalité sur certains aspects, RaiderZ se tient largement dans la partie haute du panier des free-to-play. Outre son aspect technique plutôt efficace, les architectures et les environnements se marient élégamment et les décors sont assez variés pour que l'on puisse reconnaître les zones en un coup d'oeil. Le bestiaire est à loger à la même enseigne, car même si certains monstres sont redondants avec d'autres, ils ont des styles caractéristiques et bénéficient d'animations réussies. Petit plus, vous ne taperez pas des lapins innocents pour changer, ce qui n'est pas un mal.
- Jouabilité17/20
L'action est le maître mot dans RaiderZ. Ni les sorts, ni les attaques ne sont gérés par un lock automatique et votre position a son importance quant à la réussite des offensives et des esquives. Les combats y gagnent drôlement en intérêt, ce qui devrait être obligatoire lorsque l'on parle de monster bashing. Les affrontements contre les boss et les instances de groupe en général constituent les gros points forts, d'autant qu'il est actuellement très aisé de trouver des compagnons de fortune.
- Durée de vie12/20
RaiderZ manque drôlement de contenu lorsqu'il s'agit de sortir des sentiers battus. Pas de métiers, peu de drops rares et un intérêt qui s'étiole une fois le niveau maximum atteint malgré la possibilité de refaire les instances en mode Epic. Si l'aventure est attirante, elle n'en reste pas moins "courte" pour les amateurs du genre. Notons tout de même que le jeu n'est qu'en bêta pour le moment et que des améliorations futures ajouteront d'autres zones tout en repoussant le cap du level max. Mais il y a beaucoup de travail.
- Bande son15/20
Les musiques sont variées et de qualité, assez pour ne pas passer inaperçues. Certains boss et mini-boss ont des thèmes définis histoire d'ajouter un aspect épique aux combats. Quelques personnages sont doublés, mais ils sont bien trop rares pour en tenir compte. Dans l'ensemble, c'est plus que satisfaisant.
- Scénario12/20
Bien qu'on ait une fois de plus l'impression d'être jeté dans l'arène sans raison, les quêtes sont plutôt bien présentées et certaines instances sont pourvues de dialogues histoire de nous mettre dans le bain. En règle générale, RaiderZ parvient à éviter le bla-bla superflu tout en nous expliquant efficacement le contexte de chaque zone. Il est rare de taper sur un monstre sans savoir pourquoi.
RaiderZ est un peu la quintessence du monster bashing, ceci grâce à un gameplay très proche de celui de TERA mettant en avant l'action et la réaction dans des combats pleins d'énergie. C'est fun, diablement grisant et on en arrive à se demander si on pourra revenir à un gameplay plus traditionnel après ça. Techniquement réussi, ce free-to-play mérite largement d'être téléchargé, au moins pour essayer, en prenant compte qu'il gagne en intérêt lorsqu'il est joué à plusieurs. Le seul petit bémol concerne actuellement le jeu à haut niveau qui semble manquer de renouvellement, même si son statut de bêta nous laisse entrevoir de futures modifications potentiellement salvatrices.