Tout comme l'année dernière, UIG nous propose un nouvel épisode d'Agriculture Simulator censé rivaliser avec le célébrissime et très rentable Farming Simulator. Malheureusement, ce challenger à l'apparence très séduisante n'est pas prêt de détrôner son illustre modèle.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la première impression lorsqu'on démarre Agriculture Simulator 2013 est excellente. En effet, non seulement son rendu graphique dépasse de loin celui de Farming Simulator, mais la physique de ses véhicules envoie carrément ce dernier dans les cordes. Ici, l'herbe ondule doucement sous la brise tandis que le soleil caresse d'une chaleur réconfortante les pierres blanchies d'un vieux corps de ferme usé par le temps. Quelques vaches ruminent nonchalamment un peu de foin dans un pré, des poules et des chiens gambadent dans la basse-cour. Nos tracteurs rutilants impriment de lourdes traces de pneus dans les champs hier encore trempés de pluie et leurs puissantes charrues déforment le sol en temps réel sous nos yeux médusés. Au volant de ses engins agricoles, le joueur peut sentir non seulement le poids des tonnes de métal qu'il a parfois sous le siège mais aussi le moindre relief du terrain. Le réalisme est tellement poussé qu'il n'est pas rare de patiner dans une montée, de se faire surprendre par une bosse ou de coincer une roue dans une ornière. Mais hélas, trois fois hélas, toute cette technique est d'une part bien loin d'être maîtrisée, et d'autre part elle est mise au service d'un gameplay parfaitement indigent.
Il faut dire que pour aussi beau qu'il soit, Agriculture Simulator 2013 est avant tout programmé avec les pieds. Ainsi, seul un PC de guerre sera capable de faire tourner le jeu en poussant les paramètres à fond, et même dans ce cas, des retours Windows et divers bugs plus ou moins graves se produisent environ toutes les 10 minutes. Tantôt c'est une remorque qui recule toute seule, tantôt c'est notre agriculteur (en vue subjective) qui se bloque dans le décor, quand soudain l'écran se fige et il n'y a plus qu'à relancer le jeu. Patché plusieurs fois depuis sa sortie, le soft reste à ce jour tellement instable que nous recommandons vivement à ses éventuels utilisateurs de sauvegarder très fréquemment. Toutefois, aucune sauvegarde ne pourra compenser les nombreuses lacunes dont souffrent le gameplay et l'ergonomie d'Agriculture Simulator 2013.
L'apprentissage des mécanismes de jeu, tout d'abord, est un véritable supplice. Les didacticiels mis à notre disposition expliquent par exemple comment herser un champ ou moissonner une récolte mais rien n'est fait pour nous permettre de saisir le déroulement global d'une partie. Organiser ses journées, optimiser son rendement, acheter, vendre, élever ses animaux, visiter le village... Voilà autant de questions qui resteront sans réponses pendant longtemps. Résultat, on passe probablement à côté d'une bonne partie du jeu sans même le savoir. Ensuite, tout semble pensé pour nous compliquer la vie. Le réalisme, c'est bien quand ça restitue de bonnes sensations de conduite ou quand ça simule une économie crédible, pas quand ça transforme la moindre tâche à effectuer en corvée. Dans Farming Simulator, pour attacher un outil, on gare son tracteur à proximité, on appuie sur une touche et le tour est joué. Ici, on doit garer notre tracteur, descendre du tracteur, cliquer sur divers points d'attache minuscules, remonter dans notre tracteur en trouvant la bonne icône, et appuyer sur TAB pour comprendre comment utiliser notre outil. C'est lourd. Dans le même ordre d'idées, il ne suffit pas de s'approcher d'une réserve pour remplir notre semoir. Non, on devra transporter nos sacs de graines à la main et les charger un à un dans le véhicule qui nous attend dehors. C'est pénible. Enfin, les divers menus et la carte sont tellement mal fichus qu'au bout d'une matinée entière de jeu, on commence à peine à comprendre (la plupart du temps par hasard) comment embaucher nos employés ou vendre des légumes sur le marché. C'est décourageant.
On aurait pu penser qu'avec une bonne centaine de machines de fabricants aussi renommés que Challenger, Fendt, Massey Ferguson ou Valtra, trois cartes gigantesques situées en Europe comme aux USA, différents types de cultures à essayer, des animaux à nourrir et quelques missions à effectuer en parlant aux habitants du village, le soft aurait pu nous tenir en haleine des soirées entières mais ce n'est pas le cas. En fait, la lassitude survient très rapidement et contrairement à Farming Simulator, il n'y a quasiment aucun mod à se mettre sous la dent. Les joueurs français se comptent sur les doigts d'une main, la communauté est inactive, les serveurs multijoueurs sont désespérément déserts. Aussi, et en dépit de ses promesses, il est clair qu'Agriculture Simulator 2013 n'a décidément aucune chance cette année non plus de s'imposer comme la nouvelle référence du genre.
- Graphismes15/20
Encore plus impressionnant que l'an passé, Agriculture Simulator 2013 est certainement la plus belle simulation de la gamme UIG. Les véhicules sont très bien modélisés, les bâtiments sont crédibles et les paysages ruraux sont agréables à regarder pour peu qu'on puisse pousser tous les paramètres d'affichage à fond.
- Jouabilité8/20
Si la conduite des différents engins est vraiment réaliste, les mécanismes de jeu sont aussi lassants que mal fichus. Les didacticiels ne nous permettent pas d'apprendre à jouer correctement, les menus sont affreusement confus et la carte générale est juste inutilisable. Comme si ça ne suffisait pas, les bugs et les retours Windows se comptent par dizaines.
- Durée de vie8/20
Entre les bugs critiques, l'absence de mods et les serveurs multijoueurs déserts, il ne faudra pas plus de quelques heures pour lâcher l'affaire.
- Bande son12/20
Les bruitages sont immersifs mais les musiques à quatre sous gâchent l'expérience. Heureusement, on peut les couper.
- Scénario/
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Mettant en scène des engins criants de réalisme dans de beaux décors, Agriculture Simulator 2013 souffre hélas d'un gameplay mal pensé, d'une programmation bancale et d'une ergonomie en carton. Un véritable gâchis quand on pense au potentiel du soft.