Dans la galerie des jeux flash, il n'est pas rare de tomber sur des pépites vidéoludiques annonçant les prémices d'un futur hit. Meat Boy, titre avant-coureur de Super Meat Boy, peut justement être considéré comme l'une de ces pépites du Web. Dans ce jeu de plates-formes au style et à la difficulté rétro, vous contrôlez un bout de viande pâteux qui se "sprotch" partout où vous le lancez... A condition de savoir où sauter exactement...
Jamais un bout de viande n'aura dégagé autant de charisme dans un jeu vidéo. Créé en 2008 par Eduard McMillen, Meat Boy a réussi à séduire un large public. La raison de ce succès ? Probablement l'accessibilité du jeu, l'ambiance visuelle et surtout le "personnage" principal. Dans la peau d'un morceau de viande rouge, vous devez sauver un morceau de viande rose, tel le preux chevalier Mario à la recherche de sa noble princesse Peach. Néanmoins, malgré les apparences, le titre n'est pas à mettre entre toutes les mains. Non pas en raison du registre pseudo-gore qui se veut humoristique mais plutôt à cause du niveau de difficulté qui risque de déstabiliser un bon nombre de joueurs. En effet, il n'est pas rare de mourir des dizaines de fois avant d'atteindre la fin d'un niveau dans Meat Boy. La difficulté old-school est bien présente, réservant le titre à un public averti.
Meat Boy est en vue 2D et offre un style graphique rétro à la limite du pixel art. Très orienté comics, aussi bien pour l'expression des personnages que pour l'ambiance générale, le jeu, sous ses airs enfantins, est en fait un titre au gameplay très technique. Lorsque vous sautez contre une plate-forme verticale par exemple, votre personnage s'écrase contre le mur et glisse. Durant cette glissade, vous pouvez ressauter ailleurs. Or, selon la pression avec laquelle vous appuyez sur la touche de saut, votre personnage ira plus ou moins haut et plus ou moins loin. Le gameplay est d'autant plus technique que votre personnage dispose d'une forte accélération que vous soyez dans les airs ou non. Autant vous le dire, si les premiers niveaux apparaissent comme une simple balade, le chemin se remplit vite d'embûches et de guêpiers.
Mais ne nous méprenons-pas, la prise en main de Meat Boy est réellement intuitive et progressive. Si l'on peut pester à première vue sur des contrôles délicats, voire imprécis, on comprend vite la physique du jeu après quelques minutes de gameplay. Ainsi, ce sont surtout les différentes situations auxquelles vous serez confronté qui vous aideront à progresser en termes de précision. Par exemple, réussir à glisser sur un mur puis ressauter demande un certain entraînement avant d'être un automatisme, c'est pourquoi les premiers niveaux ne présentent que ce genre de situations. Rassurez-vous, le scrolling vertical, les scies circulaires, les missiles à tête chercheuse et tous les autres obstacles arrivent bien après. Le challenge est donc présent et chaque niveau terminé vous apportera une autosatisfaction intense. Précisons que mourir dans Meat Boy n'a rien d'extraordinaire, puisqu'il n'y a ni limitation de mort, ni chrono, ni game over !
Par ailleurs, le mode Histoire, avec ses 56 niveaux, son gameplay et ses situations ardues, offre une durée de vie tout à fait respectable. La difficulté exponentielle ainsi que les situations variées renouvellent sans cesse le gameplay tout au long de l'aventure. La campagne se compose de 3 mondes différents : la forêt, l'usine et l'enfer. Si dans chaque niveau, l'objectif principal est d'atteindre l'endroit où est retenue « Meat girl » - alias le bout de viande rose - une quête annexe vient diversifier l'ensemble. Dans certains mondes, en effet, des pansements sont cachés ou situés à des endroits difficiles d'accès. Si vous parvenez à récolter un certain nombre de ces pansements, vous débloquerez d'autres personnages jouables comme « Castle crasher » ou le Dr. Fetus. Il existe également un mode d'édition de cartes très facile à prendre en main dans lequel vous pouvez créer votre niveau de A à Z selon le modèle du mode Histoire. Les cartes que vous concevez reçoivent chacune un code unique que vous pouvez partager à un ami afin qu'il découvre votre création. Ce système plutôt complet pour un jeu flash permet de prolonger l'expérience. Bref, Meat Boy est un titre original, intéressant, et complet. Que demander de plus pour un jeu gratuit ?
- Graphismes13/20
Les graphismes sont clairement minimalistes mais cela n'est en rien pénalisant. D'un style comics et rétro, c'est la première fois qu'un bout de viande dégage autant de charisme. Seul point noir, le jeu manque de fluidité par moments.
- Jouabilité13/20
Malgré le manque de fluidité évoqué à l'instant, il faut également reconnaître que la prise en main n'est pas toujours évidente. Si l'on développe assurément son habileté à force de jouer et rejouer aux niveaux les plus délicats, le clavier ne permet pas toujours la précision souhaitée. La prise en main reste toutefois très acceptable et fait partie intégrale du challenge.
- Durée de vie16/20
Pour un prototype, Meat Boy a su correctement s'adapter afin de devenir un jeu à part entière. 56 niveaux dont 10 dans le monde Expert, un challenge de taille, un mode Création, voilà un jeu qui est pour le moins complet en plus d'être gratuit !
- Bande son12/20
Si les musiques sont avant tout une histoire de goût, elles sont ici malheureusement trop répétitives pour être correctement appréciées. En effet, chaque monde dispose de sa musique mais celle-ci tourne en boucle dans chaque niveau à tel point qu'elle devient légèrement irritante. Par ailleurs, elle étouffe la bande-son des bruitages, notamment du « sprotch » humoristique lorsque Meat Boy glisse le long d'un mur.
- Scénario/
Vu que Meat Boy est une parodie de Mario Bros en un sens, le scénario est quasi le même. Meat Boy doit sauver sa promise, bandage girl. C'est simple mais efficace.
Sorti en 2008 sur le site Newgrounds, Meat Boy réintègre une notion qui commençait à s'évaporer dans l'esprit des joueurs, celle du challenge pur et dur. Sans être à la limite de l'impossible comme un I Wanna Be The Guy, Meat Boy reste un titre accessible aux joueurs les plus endurants. Car il n'est pas question de chance dans Meat Boy, mais bel et bien de précision et d'habileté. Si le titre possède ses défauts comme un certain manque de fluidité, il n'en demeure pas moins un jeu culte du Web ; « prototype » du fameux Super Meat Boy qui plus est. « Ouvrant » ainsi la voie à de futures productions telles que VVVVVV ou They Bleed Pixels, Meat Boy séduira à coup sûr les joueurs fanas des jeux de plates-formes au style rétro et à la difficulté élevée. N'oublions pas qu'étant similaire à Super Meat Boy, essayer cette « version » gratuite du jeu peut être un bon moyen de s'en faire une idée.