Loin dans les cieux, loin de ses terres, la cité d'Ys surplombe un océan de lumière. Jadis conquérante, à présent errante, Ys désabusée attend celui qui viendra la délivrer... ça tombe bien, notre cher et valeureux Adol s'est paumé dans le coin ! Pourquoi ne pas en profiter pour envoyer notre jeune héros nettoyer le mal à sa source et enfin clôturer la quête initiée dans l'épisode précédent ?
Rappelez-vous, à la fin de l'opus précédent, nous avions laissé Adol en possession des six livres d'Ys après son écrasante victoire face à Dark Fact. Accomplissement on ne peut plus logique après une quête éprouvante de plusieurs heures et de nerfs complètement malmenés. Mais voilà, pas le temps de respirer pour notre pauvre Adol, les déesses ont encore besoin de leur poulain. Ni une, ni deux, voici notre jeune héros à peine remis de ses émotions envoyé dans les cieux afin de purger le mal à sa source. S'ensuit un atterrissage de fortune sur une île élevée dans les airs, puis une mystérieuse jeune fille qui vient à sa rencontre. Ses quelques mots prennent forme, le mythe devient alors réalité. Adol foule à présent le territoire d'Ys, la cité légendaire complètement envahie par les monstres.
Ys II marque d'emblée une réelle continuité avec le premier opus de la série. L'histoire reprend exactement au moment où le joueur l'a laissée auparavant, donnant une impression d'unicité entre les deux épisodes fondateurs de la saga. Ce sentiment est d'ailleurs renforcé par la présence en début de jeu des six livres d'Ys dans notre inventaire, vestiges de notre aventure passée et de la défaite de Dark Fact. Par ailleurs et sur un plan technique, Ys II n'est que très peu différent de son aîné. Mises à part quelques petites textures ça et là et des environnements un peu plus recherchés, il est impossible de différencier les deux jeux. Aucunes nouveautés palpables donc ? En dehors d'un tout nouveau système de magie sur lequel nous reviendrons plus tard et quelques changements niveau ergonomie, non. Néanmoins, si on fait le lien entre les deux opus, on comprend tout l'intérêt de ne pas subitement opérer de changements brusques et totalement inutiles pour cette suite. Les améliorations mentionnées sont minimes, mais elles ont le mérite de rafraîchir une copie sans pour autant la dénaturer.
Ainsi, le gameplay ne surprend pas sous réserve de s'être attelé au premier Ys. Aucune touche d'attaque à l'horizon, les combats consistent à foncer droit sur vos ennemis. Si l'aspect semble bourrin et dépourvu d'intérêt, la pratique est tout autre puisqu'en fonction du pixel d'impact du sprite ennemi, vous infligez ou recevez des dégâts. Une attaque de front ? C'est la mort assurée, il faut privilégier les assauts de dos ou de flanc. Combiné à une vitesse de déplacement du personnage légèrement accrue depuis l'opus précédent, vous obtenez un gameplay d'une simplicité enfantine mais diablement efficace. On notera d'ailleurs que les ennemis se font un peu moins présents autour de vous, là où le premier Ys multipliait les embuscades et autres joyeusetés pour les nerfs. De manière générale, la difficulté a été un poil revue à la baisse. Par exemple, si votre niveau n'est pas assez élevé pour la prochaine zone de jeu, des éléments vous bloquent la route quand ce ne sont pas les ennemis qui restent insensibles à vos attaques. Ce système permet ainsi de voir rapidement si votre héros tient toujours la route, ou s'il faut passer chez l'armurier et / ou faire un peu de leveling.
Toujours dans le but de rendre le jeu plus abordable, parlons du tout nouveau système de magie. De manière très simplifiée mais pourtant tellement vraie, ce système permet principalement d'éviter le corps-à-corps avec les ennemis en les attaquant à distance. Bien sûr, chaque sort possède un rôle propre comme la possibilité de se téléporter ou donc de lancer des boules de feu. Ces magies prennent la forme de bâton à dénicher au cours de votre aventure, il suffit ensuite de sélectionner celui que l'on veut dans son inventaire. A noter que les équipements fonctionnent également et toujours de la même manière, à ceci près qu'il faut les acheter. Ainsi la magie permet d'avoir une meilleure marge de manœuvre et de diversifier dans une moindre mesure le gameplay. Son utilisation n'est cependant pas infinie puisqu'elle consomme des MP. Comme toutes les autres statistiques de votre personnage, les MP augmentent à chaque passage de niveau. Le système de magie se targue également d'apporter un peu plus de subtilité dans l'avancée du périple, en proposant de nouvelles interactions avec les monstres afin de leur soutirer des renseignements utiles. Très anecdotique en début de jeu, la magie réserve pourtant de jolies surprises au joueur bien qu'elle soit par moment complètement délaissée.
Si Ys II se veut volontairement plus accessible, il n'en renie pas pour autant son penchant hardcore. La magie offensive est certes un atout de choix lors des combats mais elle n'en reste pas moins une arme causant des dégâts plus que moyens. Le contact ennemi est donc toujours aussi important lors de vos affrontements, avec la même notion de stratégie que dans l'opus précédent. A ceci s'ajoute toujours l'impossibilité de porter sur soi plus d'un objet de soin, et l'inventaire reste toujours autant inaccessible contre les Boss. Ces deniers sont toujours aussi prompts à vous canarder de divers projectiles à éviter. La vie diminue d'ailleurs très vite et il n'est jamais rare de subitement voir un game over s'afficher à l'écran. Autant dire que si vous ne sauvegardez pas souvent, vous allez en baver. On notera également que le menu a été légèrement modifié afin d'être plus structuré, malheureusement il a perdu en fluidité. Résultat, c'est parfois laborieux pour effectuer une action à l'intérieur de celui-ci. Globalement, la difficulté du soft vient surtout de l'autonomie dont doit faire preuve le joueur pour avancer dans l'aventure. Pas de carte, très peu d'indices, vous voyez ce qu'il vous reste à faire.
Pour finir, faisons rapidement état de ces petites améliorations à peine perceptibles mais qui font la différence au niveau de l'immersion et de l'intérêt porté au scénario. Tout d'abord, l'aventure semble mieux amenée dans le sens où les allers-retours abusifs se font beaucoup moins ressentir. Les évènements se suivent plus logiquement, de manière plus fluide. Il y a toujours de la récupération d'objets pour avancer d'un point A à un point B, mais cela se fait plus naturellement. De même, les environnements sont un peu plus ouverts et diversifiés. Couloir de donjons, cols montagneux, plaines volcaniques, le dépaysement est garanti entre chaque lieu traversé. Ys II est donc dans la droite lignée de son prédécesseur, une suite intelligemment amenée et agrémentée de petites idées ça et là des plus sympathiques.
- Graphismes16/20
Les améliorations graphiques entre les deux épisodes sont certes minimes, mais elles font tout de même la différence. Adieu les gros aplats de couleurs au sol ou sur les murs, et bienvenue aux textures plus travaillées ! Cela rend les donjons ou les villes une pointe plus sophistiqués, apportant toujours une once de personnalité supplémentaire et non négligeable au tout. De même, les sprites ennemis sont un peu plus reconnaissables.
- Jouabilité16/20
Toujours aussi accessible que contraignant sur le long terme, Ys II jouit de son gameplay ultra intuitif et dynamique évoluant intelligemment avec le temps. C'est fluide, bourrin et diablement efficace. On remarquera par ailleurs que par rapport à l'opus précédent, la présence des ennemis se fait moins oppressante et l'apparition de la magie rend le jeu un peu plus abordable. Ys II ne renie pas pour autant son côté hardcore.
- Durée de vie15/20
Tout comme le premier Ys, le jeu peut se terminer très rapidement. Mais c'est sans compter sur des objectifs très vagues ou le peu d'indices donnés durant votre aventure qui vous laisseront souvent dans le désarroi le plus total. L'autonomie reste donc une règle d'or, où il semble parfois obligatoire de dessiner soi-même sa carte pour espérer avancer dans le jeu. La réflexion est également de mise face à des énigmes plus subtiles qu'auparavant.
- Bande son16/20
Peut-être un peu moins inspirée en de rares moments, la bande-son n'en reste pas moins d'une très grande qualité. L'immersion est continuellement renforcée par des morceaux tantôt épiques tantôt plus tristes. En soi, on ne constate absolument aucune fausse note.
- Scénario15/20
Dans la continuité du premier épisode, la destinée d'Adol prend forme aux travers du mythe d'Ys enfin dévoilé. C'est prenant, rythmé mais finalement trop convenu pour surprendre. La faute à une mise en scène techniquement trop limitée par la console et ne permettant pas de libérer tout le potentiel du background et de l'histoire d'Ys. Cela n'empêche pas de prendre un malin plaisir à suivre l'épopée d'Adol bien qu'on en perde parfois le but à certains moments de l'aventure.
De par sa vocation de suite et surtout de dénouement final, Ys II est attendu au tournant. Remplit-il son devoir ? Oui et sans souci, bien que la mise en scène soit très classique et peu surprenante. Après, il faut bien se dire que cet opus n'a pas la prétention de bousculer les habitudes puisque le gameplay est quasiment identique au précédent volet et que le level design reste tortueux à souhait. Seule l'apparition de la magie est à même de différencier les deux jeux, avec une petite amélioration graphique en prime. Loin d'être un reproche, il faut simplement comprendre que les deux premiers Ys forment une complémentarité et que cette très jolie aventure n'a de sens qu'une fois les deux jeux bouclés.