La richesse de l'univers de LittleBigPlanet est telle qu'il n'est franchement pas surprenant de le voir porté dans un jeu de course. A l'instar de la famille Mario, Sackboy et toute la clique investissent donc de petits karts de bric-à-brac dans un titre qui mélange le monde de LBP au gameplay de ModNation Racers.
Il faut bien admettre que dans l'esprit de tout un chacun, ModNation Racers, sans en avoir le statut officiel, faisait plus ou moins office de LittleBigPlanet de course. C'est peut-être aussi pour corriger ce sentiment erroné que United Front Games s'est vu confier le développement d'un véritable jeu de bagnole dans l'univers de Sackboy, avec tout ce que cela comprend de planètes de papier, de poupées de chiffon et de personnages hauts en couleur. Mais que personne ne s'y trompe, bien qu'il s'agisse d'un jeu à part entière, on assiste à une véritable fusion entre deux titres déjà existants. Ainsi, les développeurs ont conservé l'essentiel de leurs idées, à savoir une conduite dynamique mais pas forcément rapide, une gestion permanente du drift et l'utilisation de power-up d'attaque et de défense, et les ont transposées dans la sphère LittleBigPlanet. Le résultat est plutôt concluant bien qu'assez prévisible mais ce sont surtout les possibilités de création, d'édition et de partage qui changent la donne.
LittleBigPlanet Karting n'est pas seulement un jeu de course, comme LBP n'est pas seulement un jeu de plates-formes. Car outre des épreuves où huit pilotes tentent de finir sur le podium en ayant pris le soin d'écarter sauvagement la concurrence, on trouve tout un tas de variantes, allant des battles en arène aux courses de voitures télécommandées en passant par des mini-jeux, chasses aux œufs, combats contre des boss, phases en 2D ou bien des modes inspirés du Capture the Flag. Bref, Karting est particulièrement riche et fait en sorte que son mode Histoire, qui vous fait voyager de planète en planète, ne soit jamais lassant ou redondant. Et c'est une réussite puisqu'on ne sait jamais sur quel type d'épreuves on va tomber. Et pour ne rien gâter, un bon paquet de niveaux solo peuvent être joués en écran splitté, jusqu'à quatre simultanément. De quoi gonfler les possibilités multi déjà nombreuses avec l'interface communauté qui permet d'accéder très rapidement à des parties en ligne. Enfin, LBP oblige, les multiples objets amassés sur les tracés sont utilisés pour personnaliser votre Sackboy, décorer son pod (le menu 3D qui fait office de QG) ou encore assembler des karts complètement improbables. Boîte à œuf ou moto en papier pour le châssis, coquillage ou dés de jeu en guise de fauteuil, roues en forme de boussole ou de robinet, volant façon champignon ou éponge, tout est possible !
Les courses classiques de Karting sont à la fois lentes et dynamiques. Lentes, parce que l'impression de vitesse est quasi absente et que le boost, que l'on met pas mal de temps à charger, est insignifiant, et dynamiques dans la mesure où l'on n'est jamais en ligne droite tant il y a d'attractions sur la piste. Finir premier est certes, l'objectif principal, mais scorer devient rapidement une obsession, même pour un joueur qui n'a pas forcément cette fibre en lui. Car comme dans LBP, des bulles de score (un peu comme les pièces dans Mario Kart) peuplent le circuit, à côté des power-up et des objets à collectionner. Du coup, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de tentations dans les niveaux... peut-être même un peu trop. Car il est très compliqué d'assurer la première place tout en récupérant les différentes bulles, ce qui est pourtant indispensable pour profiter pleinement de l'expérience de jeu. De fait, il n'est pas rare de devoir jouer la course deux fois, une première fois pour décrocher la première place et une seconde pour fouiller ses raccourcis afin de dénicher tous les objets convoités. Une rejouabilité qu'on nous impose et qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde.
Le système de power-up offensif et défensif a été conservé et confère au jeu un côté tactique assez sympathique. Mais étant donné que de trop nombreux objets sont impossibles à contourner dès lors que l'on est verrouillé, on préfère la plupart du temps conserver notre item pour s'en servir de défense en tirant vers l'arrière pour annihiler la rocket. Bref, plutôt que d'attaquer, on passe son temps à défendre, ce qui peut être un peu frustrant. Les courses manquent d'ailleurs un peu de lisibilité, il n'est pas toujours aisé d'identifier ce qui nous a détruit et l'impact est tel qu'il est vite fait de passer de la tête à la queue de peloton sur une simple attaque. Mais le level design sympathique (mais pas aussi fun qu'un Mario Kart) rattrape largement le coup, avec des mécaniques de sauts et de grappin plutôt amusantes. Les autres types d'épreuves ne s'en sortent pas toujours aussi bien, à l'exception des battles en arène plutôt bien fichues et qui mettent largement en avant la variété de l'arsenal, bien que quelques gadgets supplémentaires n'eurent pas été de trop. Parmi les déceptions, on pense notamment aux épreuves en écran splitté, qui manquent franchement de peps, comme la capture d'étoiles (inspirée de la capture de drapeaux) ou les courses de voitures télécommandées, molles et nivelant les valeurs.
Comme son cousin, LBP Karting mise énormément sur la communauté et ses éditeurs en sont le parfait exemple. L'interface est d'ailleurs la même et nécessite de lire une bonne partie des 57 tutoriaux (!) pour maîtriser la chose un minimum. Avant de laisser libre court à son imagination, le joueur choisit ainsi le thème de sa création, parmi une dizaine de possibilités, allant de la savane au canyon en passant par un jardin ou un laboratoire. Vient ensuite le moment de choisir entre un circuit classique ou une arène puis, de profiter des nombreux outils mis à disposition pour mettre au point un niveau le plus cohérent possible. Des dizaines de matières (bois, caoutchouc, métal, pierre, tissu...) et des centaines d'objets (architecture, balles, bidules musicaux, clôtures, panneaux, décors, lumières...) peuvent être utilisés à souhait pour imaginer quelque chose de tout nouveau. Cela fonctionne en tout cas plutôt bien, malgré le côté assez hardcore de cet éditeur, ce que l'on regrette amèrement. En revanche, le système de tracé de circuit est assez sympa puisqu'il suffit de pousser le stick analogique dans une direction pour qu'un pinceau dessine la piste. Et le relief peut être ajusté à tout moment, avec la possibilité de créer des points d'eau où bon vous semble. Bref, les possibilités sont infinies et c'est bien ce qui assurera à Karting une durée de vie supérieure aux standards du genre.
- Graphismes16/20
Hériter de tout l'univers de LBP permet à ce jeu de course de posséder une énorme personnalité et de jouir de tout le travail effectué en amont par Media Molecule. Le level design tire lui aussi son épingle du jeu, notamment en arène, mais n'atteint pas encore le niveau d'un Mario Kart.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est enfantin et mise beaucoup sur l'envie du joueur de scorer un maximum. La conduite est ainsi hyper dynamique mais paradoxalement, on a tendance à oublier le classement pour se concentrer sur l'aspect collection d'objets. Il manque un peu de vitesse à Karting pour procurer des sensations plus sympas mais les batailles en arène sont franchement bien.
- Durée de vie16/20
Calqué sur le mode Histoire de LBP, l'aventure principale vous fait voyager de planète en planète et nécessite entre 6 et 8 heures de votre temps pour être achevée. Ensuite, c'est le jeu en ligne et les possibilités d'édition qui assurent le reste.
- Bande son16/20
Les musiques, qui ne collent pourtant pas toujours au genre ou à l'action, sont d'excellente facture et les bruitages plutôt réussis.
- Scénario/
LittleBigPlanet Karting, c'est toute l'inspiration des designers de LBP au service des développeurs de ModNation Racers. L'amalgame accouche d'un jeu de course sympathique et bourré de personnalité, dynamique et facile à prendre en main. Essentiellement destiné à une utilisation multijoueur, Karting manque cependant un peu d'efficacité en termes de pilotage et aurait gagné à se concentrer davantage sur la course et moins sur le scoring. Mais au final, la PS3 se pare d'un jeu agréable, dont la durée de vie pourrait exploser si les joueurs adhèrent !