Sorti en juin en France, le point and click Deponia reprenait à bon escient les grosses ficelles du genre en nous proposant une aventure gorgée d'humour. Quelques mois plus tard, Chaos on Deponia, sa suite directe, utilise la même recette pour un résultat que l'on étudie ici.
Dans le premier opus, créé par les Allemands de Daedalic Entertainment, on faisait la connaissance de Rufus, personnage égocentrique et un peu idiot, habitant sur la planète-poubelle Deponia. Celui-ci rêvait de s'élever au-dessus du marasme ambiant en rejoignant Elyseum, sorte d'Eden peuplé de créatures supérieures. Mais lors de sa quête, il rencontra Goal, une jeune Élyséenne qui passe d'ailleurs une bonne partie du premier épisode totalement inconsciente. Dans Chaos on Deponia, on retrouve évidemment notre couple, à nouveau sur Deponia, après quelques minutes de jeu. Mais Rufus compte bien retourner sur Elyseum accompagné de sa belle, pour une toute autre raison cette fois-ci. En effet, l'Organon, instance supérieure Élyséenne, souhaite détruire Deponia. Rufus souhaite donc informer les habitants de l'Elyseum que Deponia est bel et bien habitée, ce qu'ils semblent pour l'instant ignorer ! Seul problème ? En retombant à nouveau sur Deponia, Goal s'est encore endommagée le cerveau... sa personnalité se trouve alors scindée en trois parties, Lady Goal, Baby Goal et Spunky Goal. Rufus va donc devoir frayer avec ses trois personnages, qu'il pourra faire apparaître à sa guise en appuyant sur une télécommande (la pauvre Goal changeant alors de personnalité, le tout ponctué par un son d'erreur Windows caractéristique). Si le scénario reste finalement assez simple, et ne progresse pas des masses, il est encore une fois rehaussé par un humour omniprésent et de nombreux dialogues savoureux. Ceci dit, la version Steam testée était en anglais, les sous-titres étant également dans la langue de Shakespeare.
Chaos on Deponia nous donne donc l'occasion de visiter une ville particulièrement colorée, dotée de nombreux environnements qu'il sera possible d'atteindre grâce à une carte. Les graphismes cartoon sont une nouvelle fois très réussis, et bourrés de détails et de quelques petites animations. L'intégration des personnages est elle aussi convaincante, et, si certaines animations peinent à convaincre, notamment lors des déplacements, on peut noter que certains mouvements sont quand même décomposés comme dans un dessin animé, ce qui est loin d'être le cas de tous les point and click, au contraire. C'est ainsi que l'univers prend vie, et que le joueur se trouve happé dans cette aventure peuplée de personnages secondaires truculents. Car la progression de Rufus au sein du jeu se fait très classiquement par le biais de discussions, d'allers-retours, de ramassage et de combinaisons d'objets dans l'inventaire... bref, comme pour le premier épisode, ce Chaos on Deponia se présente comme un point and click de la vieille école, possédant des énigmes bien loufoques, où la logique n'a pas toujours sa place. Par exemple, qui aurait pu croire que capturer des crabes avant de les fourrer sur une gondole permettrait de faire disparaître un chanteur italien particulièrement insupportable ? On est d'accord, personne... pour aider le joueur, on retrouve le bon vieux système permettant de désigner les zones interactives présentes à l'écran, et on peut également résoudre automatiquement certains mini-jeux récalcitrants. Bref, rien de nouveau sous le soleil, mais l'ensemble fonctionne bien, justement grâce au personnage de Rufus et au comique des situations rencontrées.
D'autre part, les développeurs ont eu une riche idée en dotant la jolie Goal de trois personnalités distinctes. En effet, une partie des énigmes repose sur cet élément de gameplay, et l'humour s'en trouve encore décuplé. On se trouve en effet face à une version joviale mais enfantine de Goal, une version snob et prétentieuse, ou une version rebelle et violente, chacune d'entre-elles répondant différemment aux sollicitations de l'insupportable Rufus. Bref, Chaos on Deponia parvient à améliorer la recette du premier épisode en augmentant encore la dose niveau humour, et en nous procurant une nouvelle aventure satisfaisante, prenant la suite directe de Deponia premier du nom. On attend maintenant de pied ferme le troisième opus clôturant, on l'espère avec brio, la série de Daedalic.
- Graphismes16/20
Les graphismes faits à la main font merveille, et les animations de Rufus rendent l'univers encore un peu plus amusant. Les environnements sont toujours plein de couleurs et vous en mettent plein la vue.
- Jouabilité15/20
On retrouve les grosses ficelles des point and click de l'âge d'or, déjà reprises dans de nombreuses productions plus actuelles, tentant justement de s'inscrire dans cette lignée. Le résultat est réussi, et il est même rendu encore plus intéressant grâce aux trois personnalités de Goal.
- Durée de vie14/20
On a droit à nouveau à une dizaine d'heures de jeu, Chaos on Deponia ne souffrant d'ailleurs d'aucun temps mort.
- Bande son15/20
Les doublages anglais sont très convaincants, et retranscrivent bien les personnalités exubérantes des personnages. Dommage qu'aucun sous-titre français ne soit inclus sur la version Steam.
- Scénario14/20
On est finalement bien content de retrouver l'univers de Deponia, et de suivre les destins croisés de Rufus et de Goal. Si l'histoire n'avance pas beaucoup dans Chaos on Deponia, on a hâte de connaître le fin mot de l'histoire, et c'est là l'essentiel.
Chaos on Deponia reprend là où son prédécesseur s'était arrêté, et parvient une nouvelle fois à embarquer le joueur dans une aventure bourrée d'humour, notamment grâce à son duo de personnages principaux. Les amateurs d'improbables combinaisons d'objets et de situations loufoques à souhait devraient encore une fois y trouver leur compte.