Toujours dans l'ombre du grand Football Manager, LFP Manager continue d'exister tant bien que mal grâce à un parti pris évident : s'atteler davantage à l'aspect social du foot. Si pour vous, le ballon rond rime plus avec succès, paillettes et richesse qu'avec 4-3-3 et jeu à la nantaise, ce titre vous est visiblement destiné. Mais réussit-il son office pour autant ?
L'année précédente, les deux séries phares du monde de la gestion footballistique avaient enfin un point commun : un épisode décevant qui ne proposait que deux ou trois friandises comme seules véritables nouveautés. Mais en cet automne 2012, le concurrent Football Manager semble avoir fait un effort avec l'inclusion de nouveaux modes de jeu pour attirer des joueurs un peu moins enclins à passer des heures à préparer chaque match, type de gamers généralement visé par les LFP Manager. Devant cette main qui semble vouloir fouiller dans sa besace, comment la licence d'Electronic Arts va-t-elle réagir ? Visiblement, en proposant une nouveauté principale à faire trembler les chaumières : la dynamique d'équipe.
Dans l'absolu, cette nouvelle donnée vient régir l'ambiance dans votre équipe en mettant en avant la relation entre les joueurs, ainsi que la perception de chacun de leur place dans le club. Ainsi, vous devrez jongler avec différents problèmes comme une incompatibilité de caractère entre deux joueurs, une concurrence au même poste, des conflits personnels ou encore des ambitions individuelles parfois démesurées. Pour remédier à ces pinaillages, vous pouvez discuter avec vos joueurs un nombre limité de fois par semaine. Vous pouvez par exemple persuader un remplaçant qu'il aura bientôt sa place dans le onze de départ, ou au contraire, essayer de lui faire comprendre que s'il est sur le banc, c'est sans doute parce qu'il est une grosse tanche. Bon, on vous déconseille de lui dire de cette façon tout de même. Votre intérêt final reste de gérer les individualités afin de faire régner l'harmonie dans le groupe, pour que tout le monde s'embrasse dans la joie et la bonne humeur, si possible en marquant quelques buts entre deux beuveries fraternelles.
Car vous vous en doutez, ces petits états d'âmes auront des répercussions sur le morale des troupes, et donc sur les performances en match. Et croyez-nous quand on vous dit que cela a une grosse influence, sans doute même un peu trop. En effet, si par malheur vous n'arrivez pas à gérer quelques conflits, cela pourra engendrer des défaites qui elles-mêmes engendreront d'autres conflits, etc. Une sorte de spirale infernale qui semble tout de même bien trop caricaturale, et peut-être même mal venue dans un titre aussi permissif que LFP Manager 13. Car bien que nous ne soyons pas contre un peu de difficulté, c'est l'impression d'avoir affaire à des pleureuses en guise de joueurs qui prend rapidement le dessus sur ce que le système est censé apporter, surtout quand leurs réactions à vos réponses semblent plus proches d'un vulgaire jeté de dé que d'une profonde réflexion. C'est d'autant plus remarquable que chaque joueur dispose maintenant d'objectifs personnels (devenir titulaire/capitaine, avoir un meilleur entraîneur) et que le moindre mot de travers peut vous fâcher pratiquement à vie avec certains d'entre eux.
C'est potentiellement le cas avec un nouvel élément : la hiérarchie entre joueurs. Il va vous falloir choisir un leader et gérer ceux qui veulent potentiellement le devenir. Pour cela, vous avez accès à une pyramide (décidément une constante dans les LFP) qui établit parfaitement la hiérarchie entre les coéquipiers. Là encore, il n'est pas rare que Paul veuille la place de Pierre et il va falloir discutailler ferme pour faire comprendre que votre décision est la bonne. Un élément de plus à prendre en compte lors de vos recrutements, car engager plusieurs leaders naturels peut potentiellement mettre le feu à votre équipe, parfois de façon légèrement disproportionnée. En cela, votre staff peut vous aider en faisant une sorte de profil psychologique des joueurs que vous comptez recruter. D'ailleurs, le personnel du club est désormais plus enclin à proposer leur aide sur de nombreux points, dès lors qu'ils ont l'impression que vous oubliez certaines tâches généralement attribuées à votre rôle de manager général. Gérer les contrats, parler avec les joueurs, ils peuvent en théorie tout faire à votre place. Malheureusement dans la pratique, il leur arrive régulièrement de faire d'immenses bourdes et vous aurez tôt fait de reprendre les rênes avant qu'ils ne mènent le club à sa perte.
Si ces nouveautés peuvent être plus ou moins bienvenues selon les cas, les joueurs aguerris à la série se demandent quand même ce qu'il est advenu du moteur 3D, plutôt décrié ces derniers temps la faute à quelques aberrations. S'il reste techniquement au-dessus de la concurrence, il ne faut pas espérer voir des améliorations sur ce point. Le manque d'évolution visuelle est un fait que l'on peut facilement oublier, mais ce n'est pas vraiment le cas de la répétitivité des actions. Si vous aviez l'impression de souvent prendre ou mettre le même but (mais si, ce tir pleine lucarne de l'entrée de la surface !) vous ne serez pas dépaysé. A cela, il faudra ajouter d'autres bugs, notamment les buts qui ne sont pas comptabilisés avant l'apparition du score final ! Ainsi, vous pouvez tout à fait regarder le match en mode texte et croire avoir fait match nul 1-1 avant d'arriver sur l'écran final qui indique un beau 2-1 pour votre équipe, parce qu'un but marqué à la 20ème minute avait étonnamment disparu des radars. Et là encore, c'est dans votre sens. Bizarre et gênant, d'autant que ça nous est arrivé à plusieurs reprises. Notons tout de même qu'on a accès à plus d'options à la mi-temps pour remettre nos joueurs d'aplomb, tant d'un point de vue mental que physique.
Malgré ce constat plutôt amer, il faut bien comprendre que nous parlons d'un nouvel opus d'une série déjà établie, et non pas d'une nouvelle IP. Malgré l'apparente déception qui ressort littéralement de cet article, LFP Manager 2013 garde une grande partie de ses qualités, ce qui en fait toujours une alternative possible à la série des Football Manager. Toutefois, même si nous ne pouvons pas citer tous les micro ajouts, le manque d'évolution commence à se faire sentir année après année et là où la concurrence a fait un véritable effort pour ouvrir ses possibilités, LFP Manager 2013 stagne malgré quelques tentatives dont chacun pourra juger de la pertinence. En tout cas, nous n'avons pas été convaincus par les changements opérés.
- Graphismes15/20
Si LFP Manager 2013 garde l'interface vivante et dynamique de ses prédécesseurs, on note quelques petits changements ici et là qui tendent vers une meilleure fluidité. Par contre, le moteur 3D pèche encore par un trop grand nombre de bugs et une répétitivité massive des actions, là où il devrait être loué pour ses performances.
- Jouabilité14/20
Puisque les à-côtés du foot sont un leitmotiv dans la série, le nouveau système appelé "Dynamique d'équipe" semblait tomber à point nommé. Toutefois, son utilisation sur le long terme nous a semblé bancale et il n'est pas dit que ce nouvel élément plaise à tout le monde. Pour le reste, la possibilité de se reposer sur le staff pour la plupart des actions ne peut pas être un mal tant que cela reste facultatif.
- Durée de vie14/20
Ce n'est pas cet épisode qui essaiera de rattraper le gigantesque retard sur la concurrence. Cela n'empêche pas le titre d'être attractif sur de nombreux aspects si vous aimez gérer ce qui tourne autour de la vie d'un entraîneur (succès personnel, gestion de fortune, famille, etc).
- Bande son13/20
99% des joueurs couperont la musique rapidement. Si on ne peut pas trop parler de la qualité des morceaux comme un problème, c'est leur inadaptabilité avec le type du jeu, dans lequel on reste des heures durant dans des menus, qui finira par agacer.
- Scénario/
Ce n'est pas cette année que LFP Manager 2013 entreprendra un virage magique vers la gloire. Si les aficionados n'hésiteront pas à l'acheter, cet épisode ne nous a pas nécessairement convaincu par ses nouveautés. Bien que le système de dynamique des joueurs nous a semblé prometteur de prime abord, on doute encore de la pertinence de son impact sur les parties, certains éléments semblant plus rébarbatifs qu'autre chose. De plus, on se demande si l'écoute des joueurs est vraiment optimale chez Electronic Arts quand on voit que des griefs pourtant importants envers le précédent opus n'ont pas été pris en compte.