Nouveau genre, nouvel environnement, nouvelle équipe de développement, la série Forza s'accorde une pause sous forme de spin-off avec Horizon. Loin du sérieux et des pistes fermées de Motorsport, cette parenthèse joue dans une autre cour, celle qu'habitent des titres comme Test Drive Unlimited ou Fuel. Un autre monde vous ouvre ses portes...
Bienvenue au festival Horizon, dans le Colorado ! C'est ici, au milieu de nulle part, entre montagnes et vallées que se sont réunis pilotes amateurs et amoureux d'automobiles, dans une ambiance festive et débridée. Au cœur d'une carte de taille modeste mais largement suffisante prend place un immense campement grouillant de monde, où grandes roues, feux d'artifice, scènes et podiums animent le rassemblement, de jour comme de nuit. Vous faites partie des réjouissances, en tant que conducteur chevronné, et vous rendez à l'inscription récupérer le bracelet qui vous identifie comme participant crédible aux courses Horizon. Mais n'imaginez pas développer une quelconque personnalité au fil des heures de jeu, le héros que vous incarnez demeure muet et n'est pas franchement charismatique. Cela dit, en toute honnêteté, l'intérêt est ailleurs et qu'importe si votre "avatar" ne fascine que ses groupies en mini-short. Car plutôt que de les séduire, votre but est de détrôner Darius Flynt, le tenant du titre et légende vivante du festival Horizon.
Vous l'avez compris, Forza Horizon est un jeu de course en open world, ce qui induit pas mal de paramètres tels qu'un cycle jour/nuit absolument fameux, qui plonge la map dans des atmosphères radicalement différentes selon l'heure à laquelle vous la parcourez. D'ailleurs, dans son ensemble, la réalisation est d'excellente facture et malgré une distance d'affichage assez bluffante, les finitions sont remarquables et la douzaine de lieux offre des panoramas très variés. De la petite ville de Beaumont aux speedways de Clear Springs en passant par le ranch de Redfoot et l'immense pont de Finley Dam, vous traversez des sites possédant leur petit caractère, de quoi ne jamais vous lasser de multiplier les allers-retours. Mais tout ceci se paye par une addition assez frustrante des temps de chargement, certes assez courts, mais franchement trop nombreux. Pas de quoi bouder Horizon mais tout de même. Bref, pour vous accompagner, que ce soit pendant vos balades libres ou en course, vous pouvez compter sur trois radios, qui, en plus de diffuser tous types de musiques (selon vos goûts, une de ces trois stations aura rapidement votre préférence), sont animées par des voix off très sympas et en français. De quoi vous tenir au courant des dernières news du festival mais aussi d'entendre parler de votre ascension. En résumé, Forza Horizon est un jeu extrêmement vivant, que ce soit visuellement ou d'un point de vue sonore.
Si les développeurs de Playground (anciens de DiRT ou de Project Gotham Racing) ont bénéficié de l'expérience du studio Turn 10 sur la série Forza, en reprenant notamment le moteur physique, les modélisations des voitures ou les sonorités des moteurs de Forza 4, ils ont orienté le gameplay vers quelque chose de plus fun et donc, assez arcade et permissif. Certes, la conduite est un minimum exigeante et peut être paramétrée de sorte à ce qu'aucune aide ne vienne à votre secours, mais globalement, l'objectif est que vous preniez votre pied sans vous prendre la tête. Ainsi, votre caisse ne va pas se détruire au premier contact ou partir en tête-à-queue si une roue déborde dans l'herbe. L'erreur n'est pas éliminatrice, d'autant que les néophytes pourront compter sur le système de rewind, pour remonter dans le temps et corriger leurs fautes et ce, de manière totalement libre et illimitée. Un mécanisme uniquement valable en solo évidemment, et dont vous pouvez vous priver si vous le souhaitez. Ce que nous conseillerons d'ailleurs aux joueurs confirmés, s'ils ne veulent pas se priver du peu de challenge dont dispose Forza Horizon, globalement très facile. Toujours est-il qu'en trifouillant dans les paramètres, vous pouvez vous délester de toute aide superflue, ce qui aura pour effet direct de gonfler les crédits de récompense en cas de victoire. Un principe là aussi repris de Forza Motorsport. Mais on aurait aimé que ces options permettent également de modifier la touche de vue arrière, très mal située sur le stick droit, ou le bouton "recommencer" sur lequel on appuie compulsivement au moment de reprendre une course mise en pause...
Le système de progression est assez classique puisque vous vous rendez aux quatre coins de la map, à l'aide de votre GPS (pas exceptionnel d'ailleurs et pas davantage si vous utilisez la reconnaissance vocale de Kinect) pour défier quelques IA ou un pilote en particulier, pour le déposséder de sa voiture. Courses urbaines, sur terre, longs trajets sur autoroutes, tout y passe, même des duels contre des volants (avion, hélicoptère ou montgolfière) parfois d'un point A à un point B, parfois en boucle. L'occasion de découvrir une intelligence artificielle assez prévisible et un peu trop solide sur ses roues, au point qu'elle finisse par servir d'appui dans les virages, une mauvaise manie qu'on n'avait plus ressortie depuis Gran Turismo. A l'inverse, lorsqu'elle vous percute, il suffit que vous conduisiez en mode "simulation" pour constater que l'effet n'est pas réciproque et qu'une simple touchette peut suffire à vous faire perdre totalement le contrôle. Mais la modélisation des dégâts, correcte sans plus, n'étant que visuelle, vous ne souffrirez pas de la perte d'un pare-chocs ou de l'enfoncement de la calandre avant. Donc, au final, l'équilibre est plutôt bon et le fun toujours au rendez-vous, ce qui est l'obsession des équipes de Playground. Et ce, quelle que soit la vue utilisée puisque vous jouissez de tous les angles de caméra intérieurs ou extérieurs que l'on retrouve dans n'importe quel Forza.
Et pour s'assurer du concours des joueurs les moins coutumiers du genre, Playground propose une interface simple et rapide (rappelant un peu celle de DiRT), qui permet entre autres d'upgrader ou downgrader sa caisse en un clin d'œil. En effet, certaines épreuves nécessitent, soit d'acheter une nouvelle monture, soit d'adapter l'un des bolides de votre collection aux conditions de participation. L'opération n'est pas gratuite mais évite de passer trop de temps à démonter ou remonter les kits individuellement. Et ça, franchement, on apprécie ! Et puis, si votre côté radin reprend le dessus, il vous suffit de fouiller la map à la recherche de panneaux de remises qui, à chaque unité détruite, vous octroient 1% de réduction supplémentaire sur vos pièces. On en compte 100, faites donc le calcul. La réduction fonctionne également pour les avant-postes, qui sont des plates-formes de téléportation vous évitant de parcourir toute la map pour vous rendre sur un lieu déjà visité. Une map sur laquelle il y a toujours une tentation, que ce soit passer le plus vite possible devant des radars ou fouiller des granges pour dépoussiérer d'anciens modèles qui y dorment depuis des années, avant de les donner à retaper à votre carrossier préféré du festival Horizon.
Ce festival fait d'ailleurs office d'immense hub, puisque c'est autour d'un rond point que vous pouvez accéder à votre garage pour admirer ou modifier vos voitures ou à l'atelier de personnalisation visuelle qui permet de changer de peinture ou d'apposer stickers et différentes pièces de carrosserie. C'est également le lieu donnant accès au magasin virtuel, comprenant une centaine de bagnoles issues d'un paquet de constructeur, ou au marché Xbox Live, afin de télécharger, avec votre argent réel cette fois, de nouveaux contenus, à moins que vous ayez craqué pour le season pass. Bref, l'endroit est super pratique et encore une fois, incroyablement vivant, sans que l'on sombre dans le côté hyper kéké. Dans tous les cas, vous vous y rendrez régulièrement, notamment pour dépenser vos crédits, acquis en ayant remporté des courses mais aussi en ayant soigné votre skill, puisque celui-ci est au coeur du gameplay. Drift, sauts, frôlements, destruction de panneaux, vitesse de pointe de folie, tout est bon pour engranger du fric. Vos sponsors vous encouragent d'ailleurs en ce sens dans la mesure où chacun d'entre eux est prêt à payer pour vous voir déraper au frein à main, prendre un maximum d'aspiration ou réussir tout un tas d'objectifs en multijoueur.
Le mode multi, parlons-en. A l'inverse d'un TDU, celui-ci est totalement indépendant du solo. Comprenez donc que pour jouer en ligne, il faut se rendre dans un mode dédié et donc, quitter votre progression solo ainsi que la map. Le seul lien persistant entre le solo et le multi, ce sont des tableaux de scores qui vous rappellent, lorsque vous passez devant un radar ou une course, les performances de vos amis. C'est un peu maigre, d'autant que tout ce qui a fait l'intérêt du multijoueur d'un jeu de course en open world comme TDU (les enchères, les clans, etc.) est absent. Mais malgré tout, l'expérience en ligne est assez grisante et permet de gagner énormément d'argent rapidement. en plus de l'exploration de groupe, ce sont au total cinq modes qui s'offrent à vous, le premier ne servant en réalité qu'aux débutants voulant se lancer, sans toucher aux paramètres de difficulté ni à la sélection de voiture. Le second lui ressemble, mais avec la possibilité de choisir sa caisse et le troisième vous donne une totale liberté, que ce soit pour la voiture ou les aides au pilotage. Ce qui nous a davantage plu, ce sont les modes Pure Skill et Playground. Le premier est un enchaînement de courses aléatoires dans lesquelles vous conduisez tous types de voitures, selon ce que vous possédez dans votre garage. Dans le cas où vous n'avez pas de bolide "qualifié", vous en louez un. Enfin, le second est plus orienté "fun" avec des parties de "Chats et souris" où une moitié des participants empêche l'autre d'atteindre l'arrivée, ou des épreuves "Roi" ou "Infecté" où il est question, soit de conserver le statut de roi, soit de refiler celui d'infecté à vos adversaires, la transmission se faisant au contact de leurs véhicules. En résumé, malgré une offre quantitativement décevante, nous nous sommes amusés mais avec un multi d'une autre trempe, Forza Horizon eut été un bien meilleur titre...
- Graphismes17/20
Rares sont les jeux en monde ouvert à être aussi fins et techniquement de cette trempe. La map, pleine de vie, est l'une des forces du jeu, coloré et attrayant de bout en bout et fluide, en solo comme en multi. Les modes photo et créations de films sont le meilleur moyen d'en profiter.
- Jouabilité16/20
En tant que jeu fun, Forza Horizon est moins exigeant que ses cousins mais permet à n'importe quel joueur d'estomper son orientation arcade en grattant dans les aides au pilotage. Accessible mais pas bourrin pour autant, le titre de Playground Games est permissif mais pas dénué de subtilités.
- Durée de vie16/20
S'il ne faut pas compter plus de huit heures pour terminer l'essentiel de l'aventure, vous pouvez aisément doubler ce temps de jeu pour décrocher les fameux 100%, sans compter le multijoueur, certes un peu avare en contenu mais très sympathique au demeurant.
- Bande son17/20
C'est sans doute l'un des gros points forts du jeu qui conserve en permanence un côté emballant et festif grâce aux trois radios que vous pouvez écouter librement, en course comme en exploration. Horizon jouit également d'une base de sons de moteurs de grande qualité.
- Scénario/
Malgré une volonté de mettre en scène votre progression, Forza Horizon peine à éviter les habituels clichés sur les courses sauvages. Toutefois, ce point est complètement anecdotique.
Forza Horizon est plus qu'un pari ponctuel puisqu'avec des atouts totalement différents, il surclasse des titres comme Fuel ou Test Drive Unlimited 2. Sa plus grande réussite est sans doute de se destiner à n'importe quel amateur de jeu de course, qu'il soit néophyte ou confirmé, fan de la série Forza ou non. En totale liberté, le joueur prend plaisir à se mouvoir sur une map magnifique et particulièrement vivante au coeur de laquelle il trouve toujours un défi à sa hauteur. Le seul couac provient du multijoueur, incomplet bien que très amusant.