Comme son aîné en son temps, Borderlands 2 n'a pas beaucoup traîné pour se doter d'une première extension téléchargeable. Or si en matière de DLC, beaucoup de développeurs se contentent de sortir de toutes petites aventures sans profondeur ni ambition, Gearbox fait souvent figure d'exception. Et cette fois, les joueurs ne vont pas plonger dans les entrailles pourries de l'île aux zombies du docteur Ned mais plutôt affronter des tripotées de pirates et s'emparer de leurs nombreux trésors. Un programme alléchant mené de main de maître.
Accessible par le biais du système de voyage rapide, la ville d'Oasis et les vastes zones environnantes n'attendent que des chasseurs de l'Arche en quête de fortune et de sang. Destiné aux joueurs de niveau 15 minimum, le DLC vous propose de partir sur les traces d'un trésor légendaire convoité par le Capitaine Scarlett, une pimbêche bien tarée comme Borderlands les aime tant. Vous serez également «guidé» par Shade, un type charmant qui a manifestement envie de faire de vous son meilleur pote et qui de fait, n'hésitera pas à vous confier une bonne tripotée de quêtes secondaires bien débiles. Vous traverserez ainsi une version asséchée et désertique des caraïbes, infestée de vers des sables, de bandits redesignés en pirates ou d'autres ennemis totalement inédits.
Si vous craignez de découvrir une zone aride assez semblable à ce que Pandore offre déjà dans le jeu de base, rassurez-vous tout de suite, Gearbox a effectué un sacré travail de design pour produire une région gigantesque totalement originale. Vous explorerez donc des épaves de vieux navires, traverserez des villages en forme d'atoll, découvrirez un phare abandonné en haut d'une gigantesque montagne (anciennement une île), une vielle plate-forme pétrolière et des cavernes striées de chutes d'eau et agrémentées de magnifiques lagons aux eaux turquoises. La ville d'Oasis, vieux port délabré dont les jetées s'élancent tristement dans le sable, est elle-même très réussie et ne ressemble à rien de connu dans l'univers de Borderlands 2. Sans mauvais jeu de mots, le DLC propose un univers qui se situe au confluent de plusieurs influences : on profitera aussi bien d'allusions aux Pirates des Caraîbes, qu'à BioShock ou qu'au désert de Tatooine. Cette dernière référence se trouve d'ailleurs être la plus manifeste puisque le nouveau véhicule - le fameux Skiff des Dunes - dont on disposera rapidement pour évoluer dans la zone évoque sans l'ombre d'un doute les aéroglisseurs utilisés par les sbires de Jabba le Hutt, tandis que le repaire mobile du capitaine Scarlett fait carrément référence à la barge de plaisance géante de ce dernier...
Le DLC offre une quête principale que la plupart des joueurs finiront en 4 heures environ, en ligne droite. Si l'on se prend à fureter pour compléter les huit challenges de brutasse inédits, compléter les tripotées de quêtes secondaires et défoncer les deux ultra-boss optionnels (Hyperius l'invincible et Master Gee, tous deux niveau 50 et destinés à être affrontés en groupe) il est tout à fait possible de doubler cette durée de vie, voire de la tripler pour les plus complétistes ! Pour ne rien gâcher, le butin obtenu, en plus d'être abondant, se révèle plutôt intéressant même pour les joueurs ayant déjà pas mal bourlingué. On se retrouve donc avec un DLC qui offre plus de contenu que bien des jeux vendus plein pot dans le commerce... Le tout a en plus le bon goût d'être plutôt drôle, bien fichu et de s'inscrire sans rougir dans la lignée des meilleures missions du jeu de base. Sa conclusion en revanche prend de prime abord la forme d'un bon gros foutage de gueule assumé dont seuls les esprits les plus retors apprécieront la portée, mais nous n'en dirons pas plus à ce sujet dans ces lignes. Côté gameplay en revanche, vous en doutez, rien ne change vraiment et c'est sans doute pour le mieux. Tout juste découvrira-t-on quelques ennemis inédits, comme le pirate maudit, un squelette très mobile équipé de deux sabres d'abordage qui draine méchamment votre santé lorsqu'il parvient à vous toucher au corps-à-corps. On appréciera aussi les versions piratesques des Goliaths équipés d'ancres et redoutables en combat rapproché.
Dans l'impossibilité de prendre nos propres images, les screens qui illustrent cet article proviennent de l'éditeur.
- Graphismes17/20
Si l'on pouvait craindre de se retrouver avec une énième zone désertique à la sauce Borderlands, quelques secondes de jeu suffisent à comprendre que Gearbox a fait très fort dans ce DLC. Puisant son inspiration chez les Pirates des Caraïbes, dans BioShock mais aussi dans Star Wars, le studio est parvenu à concevoir un environnement unique, cohérent et artistiquement très abouti. Du grand art.
- Jouabilité17/20
Pas de surprises de ce côté-là, le gameplay est évidemment semblable en tout point à celui du jeu de base. Tout juste découvrira-t-on un nouveau véhicule au pilotage bien différent et une poignée de nouveaux ennemis très réussis, les autres ayant été redesignés de fort belle manière pour l'occasion. La formule shoot & loot de Borderlands se révèle toujours aussi grisante et c'est là l'essentiel. Notez toutefois que ce DLC se destine essentiellement à des personnages de niveau 15 à 25 (en parcours 1) et c'est peut-être bien là son seul vrai défaut.
- Durée de vie17/20
Les DLC qui, pour ce prix, offrent un tel contenu se comptent sur les doigts d'une main (et certains de ces élus ne sont autres que des extensions du premier Borderlands !). Le Capitaine Scarlett et son Butin de Pirate représente donc tout ce que les joueurs sont en droit d'attendre de tels produits : une campagne sympa de 4 heures, une tripotée de quêtes secondaires, des défis inédits et des boss surpuissants à affronter en multijoueur uniquement, sous peine de se faire pulvériser en 3 secondes.
- Bande son16/20
Même dans ce domaine, cette extension se révèle franchement généreuse. La plupart des musiques sont inédites en plus d'être excellentes et les nouveaux personnages sont doublés à la perfection. On apprécie.
- Scénario14/20
Allez, avouons que l'histoire en elle-même n'est pas particulièrement excitante mais l'univers de piraterie post-apocalypique constitue en revanche une franche réussite. La rouerie de Scarlett se révèle en outre assez attachante et la folie de Shade fait sans doute de lui l'un des personnages les plus barrés d'un univers déjà complètement déjanté.
Des DLC de ce type, autant vous dire qu'on aimerait en voir plus souvent. Véritable extension de qualité, longue, passionnante, artistiquement bluffante, Le Capitaine Scarlett et son Butin de Pirate devrait ravir tous les fanas de Borderlands 2 même s'il est recommandé de la parcourir avec un personnage bas niveau (de 15 à 25 idéalement). Merci Gearbox, on attend la suite et on croise les doigts pour que ce soit aussi bon.