Lors de sa sortie au Japon sur PlayStation, Tales of Destiny, second épisode de la série "Tales of" a connu un énorme succès, à tel point que le jeu a eu droit à un remake sur PS2 en 2006. Au programme, des graphismes revus, un système de combat totalement réaménagé, des personnages supplémentaires et une bande-son remixée. Adulé par les joueurs et souvent considéré comme l'un des opus préférés des fans, ce remake se paye deux ans plus tard un Director's Cut qui parvient encore à perfectionner le titre.
L'histoire commence sur un vaisseau appelé Draconis, où Stahn – héros naïf et particulièrement gamin – s'est infiltré afin de partir faire un tour du monde. Il recherche l'aventure, et en a assez de rester dans son petit patelin. Seulement, il a oublié que le voyage clandestin n'est pas vraiment autorisé. Bien évidemment, il se fait attraper par les gardes et le voilà donc de corvée à nettoyer le pont, avant de voir arriver au loin... une troupe de monstres ! Pris d'une grande montée d'adrénaline, Stahn prend ses jambes à son cou, à la recherche d'une arme valable pour se défendre. Dans sa hâte, il atterrit dans le hangar et se retrouve face à une épée... qui parle. Il s'agit d'un Swordian (soit une épée ancestrale renfermant l'âme d'une personne) nommé Dymlos. Stahn s'en empare et s'en sert pour fuir le vaisseau. Dans sa course, le héros et le Swordian tombent dans une région enneigée et font un pacte. L'aventure commence. Lors de son périple, notre petite tête blonde rencontrera de nombreux personnages : Lion, un mercenaire froid et distant ; Woodrow et Chelsea, deux archers ; Rutee, une voleuse ; Philia, une prêtresse ; Mary, une jeune femme amnésique ; Kongman, un champion de Colisée ; Johnny, un musicien et même Lilith, la sœur de Stahn, armée d'une louche et d'une terrible casserole. Une équipe assez variée mais très complète !
Nous arrivons à la première particularité de cette version Director's Cut. Contrairement à la version PlayStation 2 normale, le jeu ne possède pas un, mais deux personnages principaux ! En plus de Stahn, Lion est désormais jouable, lui qui est extrêmement apprécié des fans. En fait, pratiquement tout ce qui tourne autour de Lion a depuis été réutilisé dans les épisodes plus récents. Par exemple, son thème musical est l'une des musiques les plus remixées de la série. L'histoire de Tales of Destiny : Director's Cut est donc divisée en deux : le Stan Side, qui permet de voir l'histoire du point de vue normal, et le Lion Side qui, vous l'aurez compris, vous permet de suivre l'aventure du point de vue de Lion. Cela rajoute donc énormément de scènes ainsi que de nombreuses différences par rapport à l'aventure de base. De plus, puisque dans l'aventure principale, Lion ne se retrouve pas toujours dans l'équipe, nous avons enfin le loisir de voir et même de jouer ce qu'il faisait durant ces moments-là. Enfin, le Lion Side se voit offrir une toute nouvelle ambiance musicale, à 90% basée sur sa musique thème, qui ici, est déclinée en musique de combats, musique d'ambiance, et j'en passe.
Parlons-en, de la musique ! La bande-son offerte par Motoi Sakuraba est excellente. Bien qu'un ou deux thèmes restent crispants, l'ensemble met vraiment dans l'ambiance et certaines musiques de combats sont mémorables. L'exploration et même les musiques de cinématiques nous font rêver. L'ambiance sonore nous introduit à un monde très vaste et diversifié, sublimé par des graphismes en 2D d'une finesse remarquable. Les personnages, œuvres de Mutsumi Inomata, sont très bien dessinés et les villes et donjons font plaisir à l'œil. Surtout, les animations en combat sont soignées et très lumineuses, ce qui donne des effets spéciaux assez impressionnants. A l'exception d'une carte du monde en 3D d'une qualité douteuse et dont on se passerait bien, le jeu est beau. L'ambiance, sonore et visuelle, offre un monde très immersif et vraiment très plaisant à découvrir.
Le système de combat lui, reste presque inchangé par rapport à la version normale du jeu sur PlayStation 2. Nous nous retrouvons donc avec du temps réel sur un seul plan, en vue de profil. Quatre personnages participent au combat mais un seul est dirigé par le joueur, les autres, contrôlés par l'IA, peuvent néanmoins recevoir des ordres. Chacun peut lancer 3 types d'attaques : les attaques normales, les attaques spéciales appelées "artes", et les attaques ultimes nommées "Blast Caliber". Si les dernières sont difficiles à lancer et dépendent de quelques conditions à remplir, les deux autres sont au cœur du gameplay, et le but est de bien les enchaîner de manière à ne laisser presque aucun répit à l'ennemi. Pour ce faire, le jeu laisse tomber le système de points de magie habituel des RPG, bien trop restrictif, et le remplace par des «CC». Chaque personnage possède une jauge de CC qui se vide au fur et à mesure de ses actions (attaques et artes), et qui se remplit ensuite rapidement s'il passe en garde. Il faut donc faire attention au nombre de CC et enchaîner les actions de manière à limiter les dégâts reçus tout en gardant une offensive sans relâche. Ainsi, les monstres ne feront pas long feu. La difficulté peut toutefois être modifiée pour se retrouver face à des ennemis plus résistants, obligeant alors à revoir sa stratégie. Le nombre de CC dépend aussi du niveau de l'arme utilisée, et des capacités spéciales exclusives aux personnages qui manient les Swordians.
Ces capacités exclusives s'obtiennent en participant à un grand nombre de combats, et vous accordent des bonus non négligeables : augmentation de force de frappe, augmentation du nombre maximum de CC, de la défense, des points de vie... Il y a tellement de possibilités que vous pourrez customiser vos 5 Swordians comme vous le voulez. Cette édition du jeu ajoute d'ailleurs une douzaine de nouvelles capacités par personnage. Pour ceux qui n'utilisent pas de Swordians, il suffit d'acheter de nouvelles armes ou de les améliorer grâce aux Lens. Il s'agit de petits cristaux que vous gagnez en battant des monstres, et qui s'échangent soit contre de l'argent en ville, soit comme matériaux pour améliorer vos armes normales. Enfin, l'équipe se trouve en possession d'un sac de nourriture à remplir, qui leur permet de se soigner en combat ou après le combat. Plus ce sac est utilisé, plus sa capacité et son efficacité augmentent.
Finalement, comme dans chaque épisode de la série, nous avons énormément de clins d'œil aux opus précédents, et le jeu est aussi parsemé de petites saynètes. Celles-ci ajoutent une grande dimension au jeu car on est témoin de la relation entre les personnages, parfois hors contexte de l'histoire principale, et certaines sont même très drôles. L'aventure principale s'étend sur 50 heures de jeu, il faut alors ajouter une vingtaine d'heures pour le Lion Side. N'oublions pas non plus la rejouabilité du soft, qu'il est nécessaire de terminer plusieurs fois afin de le compléter à 100% et d'exploiter parfaitement ses mécanismes. Tales of Destiny : Director's Cut, est une excellente pioche, qui vous enchantera du début à la fin. Mais attention, seulement si vous n'avez pas peur du japonais !
- Graphismes17/20
Le jeu est sublime, la 2D est extrêmement soignée et vous plonge dans ce monde coloré et incroyablement bien dessiné. Les personnages sont très bien animés, dans les combats comme dans l'exploration, et les effets spéciaux des attaques spéciales valent vraiment le coup d'œil. Le travail de design de Madame Inomata nous offre une équipe particulièrement variée visuellement. Seul bémol : une carte du monde en 3D assez horrible qui contraste beaucoup trop avec l'aspect manga du soft.
- Jouabilité19/20
La jouabilité de la version PlayStation 2 normale était déjà excellente : celle-ci est un niveau au-dessus. Les combats sont très dynamiques et sont d'une grande simplicité à prendre en main, ce qui permet de se familiariser très rapidement avec le gameplay du jeu tout en profitant grandement des décors lors de l'exploration et des énigmes. Les donjons ne sont pas tous simples et peuvent demander de la réflexion. Cette version Director's Cut ne nous donne qu'un travail de réajustement mais cela rajoute de la cohérence au soft.
- Durée de vie20/20
L'édition de base nous offrait déjà une excellente durée de vie, le Director's Cut est encore plus long ! Au programme, une aventure principale de 50 heures, un Lion Side de 25 heures et des nouvelles parties à foison, vous dépasserez assez vite les 150 heures de jeu avant même de vous en rendre compte.
- Bande son17/20
Les compositions de Motoi Sakuraba sont encore une fois d'une excellente qualité. La bande-son donne une véritable identité à l'univers du jeu, et même les thèmes les plus crispants contribuent à cette ambiance. Les doublages sont aussi très bons et approfondissent l'expérience de jeu. Les fans les plus assidus de la série ne pourront pas s'empêcher de crier les noms des attaques spéciales en imitant leurs personnages favoris tellement le cœur y est !
- Scénario16/20
Une histoire basique au premier abord mais qui se permet quelques écarts intéressants et qui se libère de quelques clichés, même si l'ensemble en est quand même rempli. La force du scénario réside dans la personnalité des différents protagonistes et de leur relation mutuelle, ainsi que dans le travail fourni dans le développement de l'univers du jeu, qui est vraiment très complet. Sans aucun doute, l'ensemble est agréable et on veut découvrir la suite.
Le remake PS2 de Tales of Destiny était déjà considéré comme l'un des meilleurs opus de la série auprès des fans, de par son ambiance, ses personnages, et son système de combat si simple et pourtant excellent. Il n'est donc pas étonnant que cette version Director's Cut soit là pour plaire aux fans. On nous offre un scénario additionnel basé sur l'un des personnages les plus populaires de la série, et surtout une réédition qui ne laisse aucun sentiment d'arnaque. Le contenu additionnel justifie pleinement l'achat de cet opus et vous apprécierez sans aucun doute les petits clins d'œil parsemés çà et là. Si vous n'avez pas peur de la langue japonaise, achetez-le sans aucune hésitation.