Si l'on vous dit «jeu d'aventure avec un mignon petit robot», vous penserez sans doute à Machinarium. Mais un autre titre répond désormais à cette définition. Baptisé Unmechanical, ce jeu diffère en réalité de l'illustre point'n click d'Amanita Design sur plusieurs points, ce qui ne l'empêche pas de posséder ses propres qualités par ailleurs.
Le héros d'Unmechanical a déjà une différence morphologique fondamentale avec celui de Machinarium : il ne marche pas, il vole ! Une hélice au sommet de sa tête (qui constitue aussi son corps...) lui permet en effet d'évoluer dans les airs. Mais alors qu'il survole une prairie avec quelques compagnons, le voilà qui se fait aspirer dans un étrange complexe souterrain. Son but ne consiste donc pas à délivrer sa belle, mais tout simplement à sortir. Et il sera bien seul dans sa quête. N'espérez pas croiser toute une galerie de personnages avec qui interagir, Unmechanical est de ces jeux qui laissent leur protagoniste dans la solitude. C'est à vous, joueur, d'accompagner l'infortuné robot dans ce monde bizarre, et de l'aider à s'en échapper en vous creusant les méninges.
Le complexe souterrain d'Unmechanical est étonnant. Au départ, on craint un peu de ne voir que des galeries rocheuses ; mais rapidement les décors changent, évoluent, sans jamais que la routine ait le temps de s'installer. On passera ainsi d'un monde minéral à des environnements mécaniques voire organiques. Des salles présentent des petits cratères d'où s'échappent des rocs en fusion, certaines sont bardées de circuits électroniques et d'écrans, quand d'autres ne sont qu'engrenages, tuyaux et valves. La première réussite des développeurs est donc artistique. Ils sont parvenus à créer un univers unique, qui donne envie d'avancer pour voir la surprise cachée derrière la prochaine porte. On n'atteint pas la richesse de Machinarium, qui fourmillait de trouvailles, mais le monde d'Unmechanical propose tout de même quelques belles idées. Le tout est modélisé en trois dimensions mais parcourable seulement en deux plans (on parle donc de 2,5 D).
Et puisqu'on en est à évoquer les déplacements, venons-en donc au gameplay. Hormis voler, notre petit robot est capable d'effectuer une seule action : activer son rayon tracteur. Vous pouvez l'utiliser pour soulever un rocher afin de libérer un passage, pour soulever un rocher afin d'activer un interrupteur... Attendez, on passe son temps à soulever des rochers ? Rassurez-vous, il n'en est rien ! Le rayon tracteur permet également d'interagir avec des mécanismes très variés pour résoudre des énigmes. On devra aligner des miroirs pour diriger un laser dans la bonne direction, on devra collecter des sphères pour alimenter des appareils, on devra reproduire une séquence musicale avec une machinerie, etc. Comme les décors, les puzzles évoluent sans cesse. Bien sûr la difficulté augmente au fil de la progression, mais sans jamais devenir bloquante. Un peu d'observation et de déduction suffisent généralement à trouver la solution. Du coup ‒ c'est là que le bât blesse un peu ‒on parvient à la fin du jeu en trois heures environ, alors qu'on en redemanderait autant ! Cette critique doit néanmoins être relativisée eu égard au prix demandé (9 euros) et ne doit pas vous empêcher de découvrir ce titre qui le mérite amplement.
- Graphismes15/20
Malgré son contexte souterrain, Unmechanical parvient à varier les environnements avec brio. On n'a pas le temps de se lasser : on ne cesse d'être surpris par un nouveau décor, ici un fond sous-marin parsemé d'algues colorées, là une salle pleine d'appareils électriques...
- Jouabilité15/20
Avec son unique action possible, le gameplay paraît d'abord assez pauvre... En réalité, le jeu propose des énigmes bien pensées et surtout très variées, puisqu'on n'est jamais confronté deux fois à la même situation. La difficulté est progressive et tout est d'une logique implacable.
- Durée de vie12/20
Il faut compter dans les trois heures pour finir l'aventure. C'est un peu frustrant, d'autant qu'il n'y a pas vraiment de raison d'y revenir une fois terminé. Gardons toutefois à l'esprit que le titre coûte seulement 9 euros.
- Bande son15/20
L'ambiance musicale correspond parfaitement à l'ambiance visuelle, avec des sonorités métalliques et industrielles parfois étranges. Le tout est plutôt discret et apaisant, ce qui est bienvenu dans un soft où la réflexion prévaut.
- Scénario/
Unmechanical souffre sans doute de la comparaison avec Machinarium, dont il ne possède pas la poésie enchanteresse. Le jeu mérite pourtant le détour, car il offre des énigmes bien conçues et sans cesse renouvelées dans un univers très réussi. A conseiller aux amateurs de réflexion.