En ces temps de disette vidéoludique concernant la dernière née de Sony, certains jeux savent cependant se faire remarquer. Et quelle meilleure entrée en matière que celle d'être proposée comme application gratuite sur une console qui peine à trouver son public ? Quelques-uns s'y sont déjà essayés et la méthode a généralement porté ses fruits. Suivant leur exemple, nous avons donc la joie de voir débarquer Ecolibrium, jeu de gestion d'écosystèmes en temps réel qui insuffle un petit vent frais et écolo à notre PlayStation Vita. Vous avez l'âme d'un gestionnaire avisé et êtes accro aux bébêtes en tous genres ? Ecolibrium est fait pour vous !
L'écran titre disparaît, une planète se forme. Et cette planète, à présent, c'est la vôtre. Autant dire qu'il va vous falloir retrousser vos manches et y semer les premières graines qui seront la base de votre écosystème. En bon jeu de gestion, le titre de Storm Basic Games s'offre un copieux didacticiel destiné à vous apprendre les grandes lignes du "management" d'un écosystème tel que ceux qui vous attendent sur cette fameuse planète qu'il vous faudra coloniser. Au menu, entraînement à la plantation, prise de conscience des besoins de la flore et la faune... Bref, tout un programme qu'il vous faudra suivre à la lettre sous peine de causer des extinctions massives dès les cinq premières minutes de jeu.
Alors que vous sont présentées les premières créatures et plantes, il est difficile de ne pas trouver l'ensemble plutôt esthétique et assez finement réalisé. Le tigre bleu à rayures (James Cameron, sort de ce jeu !) qui se dandine sous votre nez est bien modélisé et a sa touche d'originalité sous son allure plutôt classique. Et il en va de même pour ses compagnons, qu'ils soient volants ou terrestres. Les fonctions de la console (écran tactile, pavé arrière tactile, gyroscope, GPS et appareil photo) sont clairement mises en valeur de sorte à vous confirmer qu'Ecolibrium mérite son titre d'exclusivité Vita et, pour l'instant, on est ravi de ce que l'on découvre.
Vous apprendrez vite que tout dépend de cinq composantes majeures : la quantité de végétation, le volume de minéraux souterrains, l'humidité, le pourcentage de biodiversité et l'indice de prédation. Chaque paramètre ayant son importance particulière, il vous faudra les maintenir en équilibre de sorte à garder votre écosystème sain et en bonne santé. En effet, les animaux s'adaptent au fil du temps, se reproduisent et se chassent entre eux, le tout régi par un système de rang allant de la proie pathétique au super-prédateur invincible. Une fois que les bases vous ont été inculquées, vous pouvez vous lancer et tenter de propager l'harmonie ou au contrainte vous gratifier d'avoir causé une crise biologique digne de celle de l'extinction des dinosaures. Pour ce faire, vous êtes propulsés dans votre écosystème qu'il vous faudra baptiser, et qui constituera le point de départ de la colonisation de la planète.
Et c'est là que les choses se compliquent. Le panel des créatures de base étant fortement limité, vous serez contraint de créer avec le peu que vous avez sous la main et découvrirez du coup le lourd coût des systèmes d'énergie et d'écopoints propres au jeu. Le premier limite vos productions à environ cinq créations (animaux ou plantes) par heure, l'énergie nécessitant d'être rechargée ; le second vous impose lui un certain coût à vos productions, chaque créature exige un quota de points qu'il vous faudra engranger en gardant votre écosystème sain ou acheter de nouvelles bêtes via un système d'enchères. Les points se gagnant au compte-goutte, autant dire qu'il vous faudra patienter de longues heures avant d'obtenir une biodiversité digne de ce nom. Qu'on se le dise, oubliez la loi du plus fort : seule compte celle du plus patient.
Pour tenter de vous faire oublier la montre, le jeu propose également un système de défis solo ou en ligne, vous demandant d'accomplir certaines tâches (maintenir une espèce en vie, obtenir un certain taux de points...) et ce pendant une période donnée, allant d'un jour à une demi semaine. Des récompenses sont bien sûr à la clé, sous forme de points ou de nouvelles espèces mais terminer un défi est parfois tout sauf facile, les systèmes de points et d'énergie vous imposant une nouvelle fois des bornes très, voire trop strictes. Pour les contourner, une seule manière : la boutique Ecolibrium, où vous dépenserez vos précieuses économies pour espérer acquérir une bestiole susceptible d'augmenter votre rendement. Méthode rapide, certes mais coûteuse et où la gratuité du titre ne le restera que si vous êtes doté d'une patience digne d'un moine tibétain. Ou alors si la case «banquer» vous fait définitivement effacer cette application de votre ludothèque...
Si toutefois vous avez du temps à revendre, vous pourrez apprécier au bout de quelques jours les fruits de vos efforts, à condition qu'une des catastrophes naturelles induites par vos écosystèmes n'ait pas réduit vos espoirs à néant. Vous l'aurez compris, fun de premier abord, Ecolibrium ne trouvera vraiment grâce qu'auprès des joueurs dotés de la patience et du sens de la gestion nécessaire pour faire fructifier leurs productions. Un peu à la manière d'un arbre dont on aurait planté la graine et qu'on observerait pousser un peu plus chaque jour : agréable pour certains, rasoir pour d'autres. Un compromis vidéoludique qui ne sera pas du goût de tout le monde mais qui, du moins pour un temps, satisfera l'ensemble des joueurs par sa réalisation et sa bonne volonté apparente.
- Graphismes14/20
Dès le premier coup d'œil, il est facile d'apprécier le charme distillé par Ecolibrium, mêlant couleurs chatoyantes et modélisations finement ciselées. Les décors comme les créatures s'avèrent agréablement réalisées et on peut réellement apprécier le sentiment de sérénité qui ce dégage de ce simulateur d'écosystèmes pas comme les autres.
- Jouabilité15/20
Bien qu'il n'y ait pas de "contrôles" à proprement parler, la gestion est d'autant plus agréable que tout se joue à l'écran tactile. On sélectionne une plante ou créature tout en faisant tourner notre console de sorte à visualiser l'endroit où l'on souhaite la placer, avant de toucher l'emplacement voulu. Simple et efficace : quasi naturel.
- Durée de vie/
Existe-t-il une fin aux jeux de simulation ? A défaut d'être le sujet du bac philo l'an prochain, cette question restera probablement sans réponse, la gestion de vos écosystèmes vous demandant probablement plus de temps que vous n'en souhaiterez. Les collectionneurs chercheront à obtenir toutes les espèces là où d'autres se contenteront de laisser le jeu continuer à évoluer en n'y apportant que quelques changements minimes : chacun son style.
- Bande son11/20
Dénué de thèmes ou de musique de quelconque sorte, les bruitages seront limités à ceux des animaux, convaincants pour certains, moins pour d'autres. Dommage, d'autant que les longues heures de gestion auraient bien mérité de quoi se détendre les oreilles.
- Scénario/
Présenté comme une application gratuite, Ecolibrium s'avère plaisant aux premiers instants mais devient rapidement frustrant et rébarbatif. Les plus fortunés s'offriront directement les animaux susceptibles de leur faire gagner des points, sabordant le principe même du jeu, là où la gestion poussive des écosystèmes dégoûtera les autres, préférant consacrer leur temps à autre chose. Enfin, ceux ayant accroché à l'ambiance et l'aspect simulation pousseront sans doute l'exploration plus loin, entre deux sessions d'autres jeux. Un jeu étiqueté écolo en équilibre précaire donc, un comble quant on s'appelle Ecolibrium.