Situé au-delà du temps dès sa sortie sur PC en 2005 au Japon, La-Mulana est un véritable hommage aux jeux de action / aventure à l'ancienne, jusqu'au moindre pixel. Après avoir été encensé par la critique pendant des années, voilà qu'il arrive sur WiiWare après quelques rebondissements. Mais n'est-ce pas un pari risqué de faire venir sur Wii un titre connu pour son extrême difficulté ? Voyons cela.
Si les hommages aux jeux d'époque ne sont pas rares, La-Mulana est un des exemples les plus prononcés. La version originale, sortie en 2005, avait entièrement été construite comme un jeu MSX, des graphismes au gameplay, en passant par la page d'intro. A vrai dire, même le pitch semblait d'époque puisqu'on se retrouvait dans une quête digne d'Indiana Jones, où le Professeur Lemeza Kosugi part sur les traces de son père et de terribles secrets dans les ruines de La-Mulana. Fatalement, on a envie de ressortir son baladeur et sa sacoche-banane, histoire de bien se mettre dans l'ambiance.
Toutefois, la première chose qui se vérifie avec ce jeu WiiWare, c'est que le titre a évolué par rapport à la version PC initiale. Déjà, les graphismes ont été revus. Rassurez-vous, pas de textures délavées comme pour Cave Story 3D, mais un style très pixel art qui est sans doute plus une réminiscence de l'époque 16-bits. Certes, c'est différent, mais cela reste du travail de qualité sans aucun doute réalisé par des vieux gamers nostalgiques. Alors que l'on démarre dans un village qui semble être perdu au fin fond de la Cordillère des Andes, on découvre rapidement le gameplay de La-Mulana. Nos actions se limitent au départ à un simple coup de fouet latéral, un saut et... ben c'est tout. On retrouve tout de suite cet aspect old-school qui pourrait faire pâlir les moins réfractaires, notamment à cause de la rigidité du héros. Une fois un saut entamé dans une direction, on ne peut pratiquement pas revenir en arrière. Forcément, dans un jeu où on avance écran par écran, il va falloir faire gaffe à ses sauts pour ne pas se planter.
Rapidement, on fait la rencontre de Xelpud, gardien du village qui nous aiguillera pendant toute l'aventure... via e-mail ! En effet, Lemeza ne se promène jamais sans son petit ordinateur et peut y installer divers programmes, comme un logiciel de traduction d'anciens textes, parmi tant d'autres choses. Il faudra d'ailleurs veiller à la mémoire disponible sur son laptop pour installer de nouveaux logiciels au cours de l'aventure. Mais trêve de blabla, ce qui nous importe, c'est les multiples pièges qui nous attendent en contre-bas, dans les ruines de La-Mulana. Comme nous vous le disions dans l'intro, le titre est déjà connu parmi les PCistes pour sa difficulté extrême, sans doute aidée par son seul et unique point de sauvegarde ! Visiblement, ç'en était trop pour cette mouture WiiWare qui débarque dans une version légèrement édulcorée. Bien sûr, si les puristes crieront au scandale, ne croyez pas pour autant que vous allez gambader tel un lapin au milieu du Pays de Candy. Chaque pièce recèle de pièges en tous genres dont le but est généralement de tuer sans aucune forme de procès. Sol qui s'effondre sous les pieds, interrupteur qui déclenche des mécanismes mortels, pics acérés qui nous attendent patiemment l'écran du dessous, La-Mulana excelle dans la perfidie quand il s'agit de trucider.
Pour survivre, il faut donc faire preuve de jugeote et de patience. Il est par exemple possible d'examiner les cadavres et inscriptions aux alentours, pleins de renseignements parfois salvateurs. C'est notamment le cas devant les nombreuses énigmes plus ou moins complexes qui jalonneront l'aventure, toutes parfaitement dignes des films d'aventure des années 80. Les mécanismes sont nombreux et nous offrent un vrai petit voyage bourré d'allusions ! Mais le sentiment qui revient le plus souvent reste sans aucun doute la peur. Chaque faux-pas peut littéralement vous faire perdre un temps précieux, et vous reviendrez régulièrement sauvegarder histoire d'assurer vos dernières trouvailles. Il faut dire que La-Mulana est partiellement conçu comme Metroid, maître du genre dans lequel vous aviez accès à d'autres zones en découvrant de nouveaux éléments de gameplay. D'ailleurs, La-Mulana partage avec cet ancêtre l'aspect labyrinthique de sa structure, et la carte ne sera pas de trop pour pas perdre votre route.
Mais sa véritable force reste sans doute ce sentiment d'accomplissement lorsqu'on avance dans l'aventure ! Chaque fois que vous réussissez à passer un obstacle, vous avez l'impression d'avoir réalisé une prouesse dont vous pouvez être fier et vous vous empressez d'avancer pour voir les prochaines fourberies qu'on vous a réservées (non sans avoir sauvegardé auparavant). Au fur et à mesure, Lemeza gagnera en puissance et aura accès à une multitude d'armes (qui nécessitent toutefois des munitions) et autres objets forts utiles à son avancée. Enfin, il est surprenant de voir à quel point le titre a été construit dans un format non-linéaire ! En effet, plusieurs moyens existent pour arriver à vos fins, et deux joueurs différents peuvent parfaitement ne pas avoir vécu la même aventure en bien des points. Quoi qu'il en soit, La-Mulana est un petit bijou hardcore qu'il faudra sans doute réserver aux plus accros, mais qui offre des sensations aujourd'hui rares pour quiconque ne rompt pas devant la difficulté.
- Graphismes15/20
Bien évidemment, le pixel art ne plaira pas à tout le monde, mais dans son genre, La-Mulana ne se fiche pas de notre pomme. On sent le souci du détail et nul doute ne peut être émis quant à la passion des concepteurs. A noter qu'on visite des environnements très différents aux couleurs distinctes tout en gardant le ton sud-américain.
- Jouabilité16/20
Si la rigidité de Lemeza fait partie intégrante du jeu, on se demande parfois s'il n'était pas possible de le rendre un tout petit peu plus souple. Par contre, rien à dire sur les level et game design qui poussent le joueur dans ses derniers retranchements. Bien qu'il y ait des ennemis, c'est sans aucun doute les pièges qui vous terrifieront le plus et vous finirez pas avancer pas à pas pour éviter une mort douloureuse.
- Durée de vie16/20
Si vous regardez sur Internet, c'est sûr, vous pouvez le finir rapidement. Ceci dit, ça serait un incommensurable gâchis. La-Mulana déborde de secrets et seuls les aventuriers forcenés pourront se targuer d'avoir découvert tous les trésors de ses ruines.
- Bande son16/20
Là encore, cette version WiiWare diffère de l'originale avec des musiques type 16-bits qui remplacent les sonorités encore plus oldies. Même si cela rend surtout hommage à la génération suivante (début 90), on garde les même mélodies. Cela tombe plutôt bien puisque La-Mulana est connu pour ses thèmes diablement accrocheurs.
- Scénario14/20
Tout comme Cave Story, autre monument de l'hommage oldies, La-Mulana démarre avec un pitch bateau pour finalement dévoiler de nombreuses surprises. A noter qu'il est loin d'être exempt d'humour, notamment grâce aux interventions de Xelpud.
La-Mulana n'est pas un jeu pour tout le monde. Conçu comme un hommage aux jeux d'action /aventures des années 80 et 90 et à Indiana Jones, il nous harcèle sans cesse avec ses pièges fourbes et ses énigmes corsées. Avec son gameplay et son format non-linéaire dans le plus pur style Metroidvania, le titre nous emporte dans une quête enivrante dont on ne ressort pas de sitôt.