Un Super Smash Bros. à la sauce Tales of ? Vous en avez rêvé, ils l'ont fait ! Ce qui est bien avec Namco Bandai, c'est qu'ils n'hésitent pas à créer en parallèle de leur jeux de rôle des escort titles divers et variés, prenant bien souvent une direction inédite dans la série. Après les dungeon-RPG et autres cross-over stratégiques, voici venue l'heure des échauffourées amicales symbolisées par un nom, un seul : "Tales of VS.".
Il faut avouer que l'idée de confronter quatre personnages Tales of dans une arène a du passer par la tête de bien des joueurs au fil des années, avant de logiquement atterrir dans celle des développeurs. En près de quinze ans d'existence, c'est en effet plus d'une dizaine d'épisodes qui ont vu le jour, comprenant chacun un bon nombre de héros habitués à croiser le fer dans des environnements souvent en 2D. La ressemblance avec des jeux de combat n'est pas fortuite puisque le système LMBS s'inspire à la base de ce genre très apprécié des Japonais. Il n'a donc fallu que se baisser pour ramasser à la pelle un gameplay carrément prémâché et un casting dont l'éventail d'attaques est d'ores et déjà complet. Ce sont au total trente-cinq personnages qui furent sélectionnés au sein de treize opus différents, inégalement représentés puisque de gros noms tels que Phantasia comptent jusqu'à cinq ambassadeurs, tandis que d'autres moins influents (Eternia, Legendia...) n'en envoient qu'un seul batailler au front. Quoi qu'il en soit, les fans peuvent se rassurer puisque les stars incontestables telles Cless, Lion, Kratos, Luke ou Yuri ne manquent pas à l'appel.
Impensable pour Namco Bandai de se contenter d'un simple jeu de combat, surtout vu le contenu faramineux que propose Super Smash Bros. Brawl, dont Tales of VS. est incontestablement inspiré. La première étape fut d'établir un scénario permettant de justifier des dizaines et des dizaines de rixes entre des héros appartenant à différents univers. C'est ainsi que l'on découvre le monde de Dairantia où est organisé un tournoi international baptisé «Yggdrasill Battle», dont la récompense ultime n'est autre que la Graine Suprême, une véritable source de mana offrant un pouvoir infini à quiconque la possède. Il est naturel pour les quatre royaumes locaux d'envoyer un duo de combattants passer les épreuves qualificatives qui imposent de récupérer des drapeaux de part et d'autre des continents. C'est donc dans ce climat de tension que l'on est invité à choisir son binôme, sachant que chaque histoire se déroule d'une manière autonome tout en restant intimement liée aux autres. Et il va falloir batailler pour s'élever sur la plus haute marche du podium, car les aventures durent plusieurs heures, proposant généreusement près d'une vingtaine d'affrontements.
La carte de Dairantia – dont le nom s'inspire sûrement du titre japonais de Smash Bros., «Dairantô» – se présente sous la forme d'un véritable plateau de jeu de société, où les différents lieux sont indiqués par de multiples cases toutes reliées par des chemins tracés en lignes droites. C'est à l'aide d'un curseur que l'on promène son petit avatar d'un point à un autre en prêtant attention aux diverses évènements qui y sont proposés. En plus de la quête principale, il est possible d'affronter des ennemis lambda (tous humains), afin de s'entraîner au combat. Des quêtes annexes sont également disponibles, représentées par l'icône «?», justifiant davantage de rixes et donnant surtout accès à des éléments à collectionner. Bien entendu, de nombreuses scènes de dialogues sont au programme, permettant la narration des péripéties et se déroulant sous la forme des traditionnelles saynètes de la série. Les visages de nos personnages préférés se meuvent donc dans de petites cases, accompagnés des doublages officiels dont la qualité atteint une nouvelle fois des sommets. De quoi apprécier au maximum les aventures de ces duos parfois improbables.
Cela dit, le centre du jeu reste bien entendu les combats. Ils présentent jusqu'à quatre gladiateurs pouvant s'affronter en équipe ou chacun pour soi dans trois types de matchs : duel avec trois vies, duel avec une vie et duel où il faut marquer le plus de points en tuant un maximum de fois ses adversaires. Les arènes vues de profil sur un seul plan rompent avec ce à quoi nous a habitués la série, puisqu'il ne s'agit plus uniquement de se battre au sol. En effet, de nombreuses plates-formes surélevées font leur apparition, rendant parfois la zone aussi haute que large ! Un élément déjà vu du côté de chez Nintendo qui n'est pas le seul que l'on retrouve, puisque de nombreux objets tombent aléatoirement sur le terrain, parmi lesquels on compte des lotions de soin (gelée de pomme, soda...) mais aussi des armes qui permettent de déclencher des attaques, comme la mandoline de Karyl, le canon de Max ou encore le bâton de Raine. Comme dans Mario Kart, ces objets sont stockés dans une petite fenêtre au haut de l'écran en attendant d'être utilisés au moment opportun. Ces éléments de jeu nouveaux dans le monde des Tales of devaient apporter un côté fun et amusant...
Eh bien c'est raté ! Leur seul impact sur les combats est de les rendre tout simplement in-jou-ables. En effet, vos adversaires contrôlés par l'ordinateur passent l'entière totalité de leur temps à fuir pour se ruer sur le moindre objet tombé de l'autre côté de l'arène, ce qui rend impossible tout face à face. Pire, impensable de les suivre pour les freiner dans leur course puisque les mouvements de votre personnage sont lents et inadéquates avec de tels déplacements, à l'instar des sauts dont on ne peut pas doser l'ampleur. Au final, on se surprend à hurler de rage devant cette jouabilité clairement ratée, chose qui semblait jusqu'alors impossible face à un Tales of. Heureusement, il est possible de paramétrer l'apparition de ces trouble-fêtes d'objets dans le mode «combat simple», qui existe tout naturellement de manière indépendante de l'Yggdrasill Battle. En revanche, il est obligatoire de s'atteler à ce mode histoire pour débloquer petit à petit l'intégralité des personnages qui compte quelques belles surprises comme l'entrée en scène de deux des boss les plus légendaires de la série : le nostalgico-charismatique Dhaos et le bourrino-sadique Barbatos.
Les combattants sont d'ailleurs sujets à une évolution très axée jeu de rôle, une bonne idée qui permet de rester dans la pure tradition Tales of. En effet, chaque victoire est synonyme de gain de Grade Points (GP), à distribuer pour améliorer à sa guise les compétences de chaque héros telles que l'attaque, la défense, les PV et PM maximum ou encore la jauge d'overlimit (adrénaline dans Symphonia). Cette dernière joue d'ailleurs un rôle important puisqu'une fois remplie grâce aux coups portés à l'adversaire, elle donne accès aux somptueux hiougi (armes mystiques) offrant un avantage sacrément destructeur. A ce niveau, le joueur est comblé, tout autant que sur la myriade de contenus en référence à la série, qu'il s'agisse des musiques habilement remixées ou des clins d'œil au nombreux opus habilement glissés dans les divers scénarios. Et fort heureusement d'ailleurs, puisque ce contenu fan-service minutieusement soigné redresse beaucoup l'intérêt à porter à ce Tales of VS., entaché par un gameplay lourd, frustrant et pas vraiment jouissif. Espérons qu'un avenir meilleur nous apportera ce jeu de combat Tales of dont nous rêvons tant, car pour ce coup-ci, c'est raté.
- Graphismes15/20
L'intégralité des personnages est modélisée en cel shading, aspect graphique particulier qui n'était jusqu'alors adopté que par quelques opus. Le résultat est vraiment réussi, bien plus que les décors simples au possible ainsi que les effets spéciaux en combat un peu trop tristounets.
- Jouabilité10/20
Le gros point noir de Tales of VS., car à trop vouloir copier la recette de Super Smash Bros., Namco Bandai a mélangé des ingrédients incompatibles qui laissent un goût amère. Seuls les plus patients réussiront à prendre du plaisir avec cette jouabilité sans qualité, ni fun, ni nerveuse.
- Durée de vie18/20
Impossible de tourner en rond, tant il y a de choses à faire grâce au mode scénarisé Yggdrasill Battle permettant de suivre plusieurs duos de héros à travers des quêtes différentes. Débloquer l'intégralité des personnages demande beaucoup de temps, peut-être même un peu trop.
- Bande son18/20
Valeur sûre de la série Tales of, la bande-son est une nouvelle fois un véritable délice, autant du côté des musiques tirées des différents opus remixées pour l'occasion que de celui des doublages japonais omniprésents dont il n'est plus nécessaire de vanter les qualités.
- Scénario14/20
Belle surprise que ce mode histoire qui permet d'appréhender sous de nombreux angles un même évènement, le Yggdrasill Battle, avec ce que cela implique de nuances et de péripéties différentes, puisque chaque héros a ses propres objectifs et emprunte le chemin qui lui ressemble le plus.
Décevant, Tales of VS. n'est clairement pas la bombe que tout le monde attendait. Bien que très complet au niveau du fan-service, il ne propose que des combats peu maniables parasités par tout un tas d'éléments voulus amusants, mais qui en réalité n'apportent qu'exaspération et frustration. Quoi qu'il en soit, le résultat est très loin de l'excellence à laquelle nous a habitués la série, ce qui est bien dommage puisqu'avec un concept comme celui-ci, le titre aurait facilement pu s'imposer comme le meilleur escort title aux contes de Namco Bandai.