Décidé à faire revivre l'antique et culte Carrier Command, Bohemia change ses habitudes et abandonne les simulateurs militaires au profit d'un mélange étonnant de STR, de wargame et d'action. Pari audacieux qui semble pourtant tenir la route.
Pour parvenir à décrire Carrier Command à une personne n'ayant aucune idée de ce dont il retourne, le plus simple est de présenter ses deux acteurs principaux : l'archipel d'une trentaine d'îles qui fait office de champ de bataille et le « carrier », porte-avions futuriste abritant les précieux drones terrestres, aériens et amphibiens qui vont se mettre sur la tronche. Le rôle du joueur est de prendre les commandes de ce transporteur gigantesque et de dominer l'archipel en prenant possession de chaque île, toutes étant reliées les unes aux autres. Pour ce faire, on doit s'attaquer au poste de commande facilement repérable sur la vue satellite de l'île à laquelle on accède en zoomant depuis la carte stratégique. Ne reste qu'à lancer l'assaut, mais là, deux options s'offrent à vous : opter pour un gameplay de STR classique, en définissant des points de passage et des cibles, tout en profitant d'une vignette incrustée diffusant les images capturées par l'un de vos véhicules, ou carrément prendre le contrôle direct de l'un d'entre eux et livrer bataille vous-même, en vue embarquée ou à la troisième personne, du décollage jusqu'au dernier tir. Il est alors possible de basculer de l'un à l'autre des appareils, de redonner le contrôle à l'IA ou d'avoir recours à un menu radial pour définir sa tactique à la volée. Si vous vous faites descendre, il suffira de passer aux commandes d'un autre drone.
Evidemment, la quantité d'appareils disponible n'est pas illimitée et il va falloir gérer un peu ses ressources. Chaque île capturée doit être assignée à une tache, collecte de minerais, usine de fabrication d'appareils, base fortifiée protégeant vos lignes de front etc. Distribuer correctement les fonctions est bien sûr capital. N'oubliez pas qu'un autre transporteur rôde et cherche à s'emparer de vos îles qui sont reliées à la façon d'un diagramme. Si l'ennemi s'empare d'un nœud central au bout duquel vous avez commis l'erreur de placer 2 mines et une usine, elles se retrouveront déconnectées de votre réseau. Elles resteront votre possession, mais vous n'y aurez plus accès. Chaque ressource, qu'elle soit brute ou manufacturée, doit en effet être acheminée dans des dépôts, un transport qui s'effectue en temps réel au fil des lignes reliant chacune des îles conquises. Il convient donc également de ne pas trop centraliser ses biens si on ne veut pas être contraint de retraverser toute la map avec son transporteur en cas de besoin.
Voilà donc les bases de ce gameplay hybride qui a oublié d'être pauvre. Car malgré une apparente simplicité, il y a là de quoi se creuser la tête et tomber dans une spirale chronophage du genre « allez, encore une dernière île », le syndrome Civilization, dans un autre registre. D'autant plus que Carrier Command propose deux modes de jeu dont le mode Stratégique où il est possible de définir divers critères faisant varier la difficulté. Facile donc de s'imposer un challenge qui demandera des jours de travail. Le mode Campagne a contrario impose des conditions de départ. Échoué sur la planète, vous et votre équipage allez devoir tout reprendre à zéro. Ce qui vous vaudra même une huitaine de missions à pied en forme de FPS assez sommaires. Le temps pour le joueur de mettre la main sur un transporteur et d'entamer sa conquête de territoire. Pour conclure, sachez que si Carrier Command contient une planète compose de 33 îles, la possibilité de voir arriver un outil de création n'est pas exclue, Bohemia souhaite toutefois attendre de voir le succès remporté par son titre avant de diffuser un tel outil. Attendu sur PC et Xbox 360, le jeu est pour l'heure un sujet tabou sur PS3.
On est toujours un peu frileux à l'idée du mélange des genres. Et pourtant, ce remake de Carrier Command semble bien parti pour nous faire changer d'avis. Voilà un soft qui a tous les atours d'un chronophage, permettant de basculer entre deux modes de jeu distincts mais intimement liés, le joueur évoluant à trois échelles différentes, d'une vision planétaire à une approche plus rapprochée sur un seul îlot pour finir les mains dans le cambouis aux commandes d'une machine de guerre. Bohemia est bien parti pour rendre un hommage plus que convaincant à l'antique Carrier Command.