Vous attendez la fin du monde pour cette année ? Pas de chance, vous avez tout faux, elle a déjà eu lieu en 1986. Il ne s'agissait ni de la chute d'une météorite, ni d'une attaque extraterrestre et encore moins d'une éruption solaire un peu trop puissante, mais simplement d'une méchante maladie infectieuse qui a transformé une bonne partie de la population mondiale en zombies. Préparez-vous à prendre vos jambes à votre cou si vous voulez survivre dans cet univers dévasté.
Les habitués du Xbox Live Arcade connaissent bien l'opération Summer of Arcade : depuis quatre ans déjà, Microsoft met en avant tous les étés des titres téléchargeables qui sortent du lot. La cuvée 2012 n'a pas forcément débuté sous les meilleurs auspices, pour l'instant nous n'avons eu droit qu'à un remake HD des premiers Tony Hawk's qui n'a fait vibrer que les fans des titres originaux et à un clone d'Angry Birds exploitant Kinect... Autant dire que l'originalité n'était pas vraiment de mise. Les choses sont peut-être sur le point de changer avec Deadlight, un jeu à l'ambiance délicieusement sombre, et optant pour un gameplay 2D. Certes, les productions mettant en scène des zombies ont furieusement tendance à se multiplier, mais on a tout de même envie de donner sa chance à ce titre téléchargeable qui nous a tapé dans l'œil dès son annonce.
Il s'agit d'incarner un certain Randall Wayne, un canadien qui s'est retrouvé séparé de sa femme et de sa fille lorsque les ombres, les fameux morts-vivants, ont attaqué son village. Le voilà donc à la recherche de sa famille qu'il espère retrouver dans la zone de sécurité située à Seattle. Vous imaginez bien que son périple ne sera pas de tout repos... Le joueur averti pourra toujours partir à la pêche aux références tout au long de cette aventure : de 28 Jours plus tard jusqu'à The Walking Dead en passant par Je suis une Légende de Matheson, les développeurs de Deadlight ne se sont pas privés de truffer leur bébé de petites allusions aux œuvres les plus célèbres mettant en scène des zombies. Ce petit melting-pot ne se traduit pas par une ambiance générique, au contraire, l'univers de Deadlight y gagne en profondeur sans pour autant noyer le joueur dans une narration ampoulée. L'histoire demeure très simple mais c'est par le biais d'indices disséminés dans les environnements et du journal de Randall, dont on comble les trous en avançant dans l'aventure, que l'on peut vraiment appréhender la richesse du background.
Le gameplay est un peu plus surprenant : alors que le thème pouvait nous laisser supposer que le jeu serait davantage orienté vers l'action ou à la rigueur vers le survival-horror, c'est finalement davantage l'aspect plate-forme qui se détache du reste. D'ailleurs, il est encore possible de déceler de nombreuses influences lorsqu'on s'intéresse à la jouabilité à proprement parler. Les animations du personnage font ainsi très souvent penser au premier Prince of Persia. Sa façon de courir, de déraper, de sauter, de s'agripper à un rebord, de prendre appui sur un mur ou même de mourir en tombant sur des pics risquent en effet de vous rappeler quelques souvenirs... Les équipes de Tequila Works à qui l'on doit ce Deadlight ne se sont pas contentées de prendre exemple sur d'illustres ancêtres, elles ont visiblement aussi étudié et apprécié des jeux de plates-formes bien plus récents. Comment ainsi ne pas retrouver des similitudes avec Limbo dans la représentation en ombre chinoise de son héros ou lorsqu'il s'agit de résoudre des énigmes à base de caisses flottantes. Dans ces conditions où le moindre faux pas peut causer la mort, vous n'aurez pas de mal à comprendre que le jeu multiplie les checkpoints. Finalement le titre est donc bien loin du survival car, même si l'ambiance pourrait parfaitement s'y prêter, la mort du héros n'est jamais vraiment punitive.
De la même façon, on peut difficilement mettre l'aspect action en avant : on passe généralement plus de temps à essayer de fuir les zombies qu'à les combattre. D'ailleurs vous débutez l'aventure les mains dans les poches, ce n'est qu'un peu plus tard que vous récupérerez une hache, puis une arme à feu. Le fait d'utiliser la première fait rapidement baisser votre jauge d'endurance et une fois à bout de souffle vous êtes une proie facile pour les morts-vivants. Les armes à feu sont efficaces à condition de viser la tête mais les munitions se font rares la plupart du temps... Il vous faudra donc plutôt utiliser l'environnement de manière intelligente en les attirant dans des pièges divers et variés. Vous pouvez en effet attirer leur attention en sifflant ou même en déclenchant l'alarme d'une voiture. La progression de l'aventure est très linaire et on peut lui reprocher d'être un peu courte, mais elle vous tiendra sans difficulté en haleine durant les quatre heures qui vous seront nécessaires pour en voir le bout. Les plus acharnés pourront toujours revenir dans les trois actes de manière individuelle histoire de chercher à récupérer les nombreux bonus disséminés ici ou là. Bref, Deadlight propose une aventure trépidante et nous plonge dans une ambiance sombre à souhait qui mérite à elle seule le détour.
- Graphismes18/20
Deadlight jouit d'une véritable identité graphique et nous offre des environnements tous plus sublimes et travaillés les uns que les autres. On apprécie ainsi tout particulièrement la foule de détails visuels plus ou moins sordides que l'on peut apercevoir dans les différents niveaux.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est relativement classique et pioche allègrement du côté des grands noms de la plate-forme. On pourrait reprocher un certain manque d'audace et de challenge mais l'ensemble est parfaitement maîtrisé et se montre très plaisant à jouer.
- Durée de vie14/20
Comptez quatre bonnes heures pour voir le bout de l'aventure, deux heures et demi si vous en croyez le compteur intégré au jeu qui omet gentiment de compter les cinématiques et surtout vos morts successives... Ca peut paraître un peu court pour un jeu proposé à une quinzaine d'euros mais l'aventure ne souffre d'aucun temps mort et parvient vraiment à vous tenir en haleine du début à la fin.
- Bande son17/20
La bande-son est d'excellente qualité : les doublages anglais tombent toujours juste et ils sont surtout accompagnés de musiques tantôt lentes, tantôt plus stressantes qui rythment parfaitement votre exploration de ce monde en ruines.
- Scénario16/20
Le scénario est simple mais efficace et surtout très bien amené. La narration n'en fait pas trop et le background nous est surtout révélé par le biais du journal que tient Randall, le héros du jeu. Les esprits les plus aiguisés n'auront pas trop de mal à déceler un second niveau de lecture particulièrement glauque...
Qu'on se le dise, Deadlight est bien parti pour constituer l'une des meilleures surprises de cette cuvée 2012 du Summer of Arcade. Le titre joue habilement des références aussi bien dans le domaine des œuvres mettant en scène des invasions zombies que dans celui des jeux de plates-formes. Le résultat ne brille pas forcément par son originalité mais il propose une aventure envoûtante et une ambiance parfaitement maîtrisée qui risquent fort bien de vous scotcher littéralement à votre manette.