En 2011, Madfinger Games se faisait un nom avec Shadowgun, un jeu d'action beau à pleurer, mais pas spécialement bien profond. Un an après, le nouveau titre du studio semble emprunter le même chemin. Dead Trigger est effectivement une belle baffe technique, mais qui, elle aussi, ne va pas chercher bien loin.
C'est bien connu, les zombies sont les grandes stars des jeux vidéo de ces dernières années et les voilà de nouveau au centre d'un titre, à endosser leur rôle favori : celui de chair à canon. Dans Dead Trigger, il sera en effet de trucider du zombie à la pelle au sein de missions entièrement vouées à cette activité sanglante. Précisons d'ailleurs que ces missions ne suivent pas un arc narratif très évolué. Vous voilà l'un des rares survivants d'une ville infestée de zombies et vous ferez tout pour rester en vie. Parfois, il sera question de chercher diverses rations, d'autres fois de défendre la base pendant un laps de temps donné. A d'autres moments encore, Dead Trigger vous mettra simplement au défi d'abattre un quota de mangeurs de cervelles. Voilà globalement les trois types de missions que l'on trouve ici et qui se répètent inlassablement durant les parties. Le but n'est donc pas de suivre une vraie histoire (même si celle-ci existe) mais bien de s'adonner à du massacre de zombies pendant 2 ou 3 minutes, le temps qu'il faut pour boucler une mission.
Sans véritable histoire, Dead Trigger mise tout sur son système de progression. Chaque niveau se voit ainsi noté et récompense les hauts faits du joueur par un peu d'expérience et d'argent. Très classiquement, l'expérience fait gagner des niveaux, qui à leur tour débloquent de nouvelles armes et de nouveaux objets, que l'on achète alors avec les dollars durement récoltés. Mieux équipé, on repart ensuite à l'assaut de nouvelles missions, pour amasser plus d'expérience, plus de cash, et ainsi de suite. Le système est bien rôdé et saura certainement captiver les fans sur le long terme. Il est toutefois à noter que la progression est extrêmement lente et qu'il faut déjà passer pas mal de temps avant de franchir les premiers paliers et obtenir de nouvelles armes. Une récente mise à jour a toutefois permis d'accélérer légèrement le processus, mais pas complètement et il faut encore être bien patient pour avancer pas à pas.
Bien sûr, il existe aussi la voie rapide pour les joueurs les plus pressés, qui permet d'acheter du cash en déboursant de l'argent bien réel. Attention, cette méthode tue toutefois l'équilibre du jeu puisqu'on se retrouve alors avec de l'armement trop puissant par rapport à ce qui était prévu initialement. La chasse au zombie se transforme en simple boucherie dénuée de tout challenge. Pour clore le chapitre financier, Dead Trigger met aussi en place un système d'or. Ces lingots servent à se procurer des armes et de l'équipement bien précis, impossible à obtenir avec les dollars normaux. Pour obtenir de l'or, deux méthodes sont prévues : l'acheter directement avec sa carte bleue, ou passer par des méthodes publicitaires douteuses (aimer la page Facebook de Dead Trigger rapporte un lingot, s'abonner à tel ou tel service en rapporte un peu plus, etc.). Certes, l'or n'est pas indispensable pour avancer dans la partie, mais on regrette qu'il agisse comme la seule monnaie d'échange pour obtenir certains items in-game ou bonus spéciaux.
Puisque nous parlons d'items, sachez que Dead Trigger propose un catalogue assez large d'armes et d'objets contendants. On trouve ainsi quelques classiques, à l'image du simple pistolet, de la mitrailleuse du fusil à pompe ou du minigun, mais aussi quelques inventions plus ingénieuses comme les mines lasers ou les appâts pour créer des diversions. Il est également possible d'augmenter sa santé, sa vitesse ou encore le nombre d'armes embarquées. De leur côté, les zombies ne restent pas les bras croisés pendant votre montée en niveaux. Eux aussi deviennent plus puissants, plus rapides et plus nombreux. S'ils traînent un peu la patte dans les premières missions, ils finissent pas courir dans les niveaux avancés. On les voit aussi plus agressifs et capables de vous cracher dessus ou de ramper vers vous s'il le faut. Même si elles ne sont pas très malignes, les créatures offrent donc une résistance tout de même agréable. L'action est plutôt nerveuse lorsqu'on se retrouve encerclé, ce qui arrive assez fréquemment.
Nous le disions en début de test, Dead Trigger réalise une impressionnante performance technique sur le petit écran du smartphone. Les zombies sont probablement les personnages les plus détaillés que l'on puisse trouver à l'heure actuelle sur mobile. Ils se meuvent de manière assez crédible (pour des morts-vivants, cela va de soi). Leur apparence réussie s'explique en grande partie par le faible nombre de zombies distincts réunis dans le jeu. Il n'existe en réalité qu'une poignée de modèles différents et jouer à Dead Trigger, c'est un peu revivre une version gore de la guerre de clones. Les décors sont eux aussi peu nombreux et de tailles assez minuscules. Bien souvent une mission se déroule dans un ensemble de trois ou quatre couloirs mis bout à bout, pas plus. Dommage qu'il n'y ait pas plus de variété à ce stade-là. Même remarque pour ce qui touche au son. Ce qui est fait est réussi, mais il n'y a finalement pas beaucoup de musiques ou de bruitages différents.
Terminons ce tour d'horizon par un point toujours épineux concernant les FPS sur écrans tactiles : la jouabilité. Non, ce n'est pas aussi précis qu'un jeu sur ordinateur ou console de salon, mais non, Dead Trigger n'est pas non plus injouable, loin de là. Peut-être un peu moins confortable que celle de NOVA 3, la maniabilité s'appuie sur une jouabilité très classique : pouce gauche pour les déplacements, pouce droit pour la visée). On arrive à s'en sortir sans trop de mal même s'il est toujours très délicat de viser tout en tirant – un problème récurrent sur smartphone. Il manque aussi une touche de demi-tour rapide qui aurait donné un punch supplémentaire à l'action. Le simple fait de se retourner demande plusieurs balayages du doigt sur l'écran, ce qui fait forcément perdre beaucoup de temps dans les moments de panique.
Au final, Dead Trigger joue sur deux tableaux. D'un côté, on apprécie grandement ses missions rapides et parfaitement adaptées au format mobile. Les niveaux sont courts, et même si elle est lente, la progression donne toujours l'impression d'avancer dans la partie. D'un autre côté, le jeu ne cherche pas à relancer la machine et se contente d'aligner toujours le même type de missions encore et encore dans des environnements minuscules et en compagnie d'une armée de clones zombies. Près d'un mois après la sortie de son jeu, Madfinger Games a désormais la lourde tâche de proposer des mises à jour pour apporter un peu de diversité à sa formule. Les bases sont posées, le studio doit maintenant les développer.
- Graphismes18/20
Les zombies sont magnifiques, mais il n'y en a pas beaucoup de différents. Les décors sont très étriqués et pas bien nombreux non plus. Dead Trigger profite toutefois de quelques jolis effets tels que des explosions de sang ou des déformations dues à des fuites d'eau.
- Jouabilité13/20
La note donnée en jouabilité tient compte à la fois de la maniabilité, très classique, mais correcte, et du système de progression qui tourne vraiment en rond. Le gameplay ne se renouvelle jamais et campe sagement sur une succession de missions rikiki et rébarbatives. Dommage qu'aucun niveau spécial ne vienne briser cette monotonie.
- Durée de vie14/20
Victime d'une progression lente et pénible, le jeu risque à tout moment de lasser les joueurs les moins patients. Les autres seront récompensés par de meilleures armes qui leur permettront alors de tuer du zombie plus vite. Potentiellement, le jeu peut donc tenir sur la longueur. Réalistiquement, on en fait vite le tour.
- Bande son14/20
Les rares thèmes musicaux sont réussis, mais il n'y a pas beaucoup et les râles des zombies prennent toujours le dessus.
- Scénario/
On dénombre trois types de missions qui se répètent en boucle. Aucun effort scénaristique n'est à noter.
Pour pleinement apprécier Dead Trigger, il faut d'abord accepter sa progression monotone conditionnée par des missions répétitives et par une boutique pratiquant des prix exorbitants. Ceci étant dit, voilà un jeu qui saura ravir les amateurs de chasse aux zombies par sa réalisation graphique classe et de toute beauté.