Connu sous le nom d'Airforce Delta au Japon et aux Etats-Unis, Deadly Skies est, avant toute chose, un shoot'em up aérien sorti en 2000 sur Dreamcast puis sur PlayStation. Bourré de batailles endiablées aux quatre coins des cieux, le titre de Konami a su trouver sa place auprès des fans d'arcade. Pour produire l'adaptation Game Boy Color, il semblerait que le géant japonais ait procédé à quelques menus allègements. Mais si l'on ôte le fun, l'action et la notion même de gameplay, que reste-t-il dans la cartouche ?
On se demande parfois ce qui passe par la tête des développeurs quand on voit l'absurdité de certains titres. Dans Deadly Skies, vous devez prendre les commandes d'un avion de chasse afin de contrer la menace ennemie constituée d'avions, de bateaux ou de divers engins terrestres. Pour cela, vous disposez tout d'abord de la traditionnelle mitrailleuse à munitions illimitées. Parallèlement, vous avez une fine réserve de missiles téléguidés. Pressez le bouton B, et même les méchants les plus tenaces ne feront pas long feu. Quelle que soit l'arme choisie, sachez que la visée reste entièrement assistée. Il suffit d'attendre qu'un adversaire se pointe pour que celle-ci soit automatiquement verrouillée par votre jet de combat.
Et c'est à peu près tout ce que propose Deadly Skies ! On avance toujours tout droit et on tire sur tout ce qui bouge sans se soucier ni du chronomètre en haut de l'écran, ni du radar en bas à droite qui ne doit être là que pour la décoration. Avec sa dizaine de missions toutes plus linéaires et monotones les unes que les autres, il est difficile de trouver un quelconque intérêt à ce véritable désastre vidéoludique. En fait, la jouabilité demeure tellement simplifiée que le challenge en devient risible voire carrément inexistant. Pour les boss de fin de niveaux par exemple, il n'y a guère besoin de toucher la croix directionnelle pour esquiver leurs attaques : il suffit tout simplement de canarder sans relâche et ces gros méchants pas beaux seront envoyés ad patres en dix secondes montre en main. Du coup, dire que le jeu se joue tout seul relève presque de l'euphémisme. Certes, il y a bien quelques options disponibles comme le choix de l'appareil, mais la différence est au final assez infime. Ah, et il y a aussi un mode multijoueur jouable avec le cable-link. Encore faudrait-il trouver un ami assez stupide pour s'y essayer...
Techniquement, il n'y a pas à dire : c'est une immondice. Au niveau des graphismes, le titre de Konami accuse un retard de près de cinq ans sur la concurrence de l'époque. Par comparaison, le jeu 1942 reste, même en l'absence d'effets de profondeur, bien plus joli que cette bouse innommable. L'impression d'altitude dans Deadly Skies n'est jamais ressentie et la modélisation des avions et des autres véhicules laisse à désirer. Le petit point au bout de l'écran ? Probablement un avion ennemi ou l'un de vos missiles : on ne s'y retrouve pas facilement dans cette soupe de pixels indigeste. Parallèlement, on doit subir des bruitages sommaires et des musiques agaçantes à en briser les tympans. Pour être clair, on préfèrera jouer sans le son, aussi bien pour votre propre santé que pour celle de votre entourage. Bref. Pas besoin d'insister davantage : Deadly Skies est un ratage sur tous les points de vue !
- Graphismes2/20
On dirait un portage NES pour la première Game Boy, codé et colorisé à la va-vite tellement c'est moche. Les ennemis sont souvent modélisés par deux ou trois pixels qui se courent après en arrière-plan. En outre, la plupart des missions se déroulent dans des environnements totalement vides. Et tout le monde sait que voler éperdument dans un désert : ça va bien cinq minutes !
- Jouabilité1/20
La visée est automatique, votre avion avance tout seul et il n'est pas possible de tourner à plus de 30°. Du coup, comment peut-on parler de jouabilité dans un jeu où l'on ne fait absolument rien à part marteler le bouton de tir ?
- Durée de vie2/20
Tout dépendra de votre habileté. En jouant avec la console derrière le dos, vous parviendrez à la fin du jeu en une demi-heure grand maximum. Quant au mode deux joueurs, totalement anecdotique et sans intérêt : oubliez ! Mais au fait, combien de temps peut-on supporter Deadly Skies ? Voilà la question que toute âme sensée devrait plutôt se poser.
- Bande son3/20
Comment dire... vous voyez la petite molette sur le côté de votre console ? Eh bien, croyez-le ou non mais vous allez en avoir vite besoin !
- Scénario1/20
Alors il faut tuer les méchants, anéantir les méchants et, euh... dégommer les méchants. Le briefing avant chaque mission, on s'en fiche ! Enfin, il paraît que le scénario du jeu repose sur une histoire d'as du ciel qui veut montrer sa bravoure en sauvant le monde. Il paraît, hein...
Dans le genre ridicule et injouable, Deadly Skies dépasse vraiment l'entendement. Si toutefois vous avez quelques ronds en trop dans votre portefeuille et une dizaine de minutes à tuer sur votre Game Boy Color, essayez de vous dégotter la cartouche et décollez aussitôt pour la conquête du ciel. Mais bon, l'atterrissage risque d'être assez délicat...