Les petits Français de Cyanide ne s'arrêtent jamais. Juste après avoir lâché sur le monde leur version de Confrontation et un jeu de rôle inspiré du Trône de Fer en l'espace de deux mois, les voilà qui nous proposent aujourd'hui une adaptation de Dungeonbowl, variante souterraine de l'excellent Blood Bowl officialisé jadis par Games Workshop. L'heure est donc venue de partir sur le Net pour marquer des touchdowns, fracasser des mâchoires et pousser des nains dans des fosses remplies de lave.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi, sachez qu'à la base, le Dungeonbowl est une variante du jeu de plateau Blood Bowl. Conçue par des fans avec ce qu'on suppose être des pièces de Warhammer Quest, cette variante avait rapidement rencontré un succès tel que le créateur du jeu d'origine, le fringant Jervis Johnson, s'était décidé à en publier les règles dans White Dwarf, le magazine officiel de Games Workshop. Or, comme vous le savez, Cyanide a sorti en 2009 une excellente version vidéoludique de Blood Bowl et se décide aujourd'hui à aplatir encore un petit peu plus le ballon dans la zone d'en-but en sortant Dungeonbowl sur nos PC. Jouable uniquement en multijoueur (online, en réseau local ou en Hot Seat) et en tour par tour, vendu à petit prix (mais avec une tripotée de contenus téléchargeables à venir), le soft a été développé par une toute petite équipe mais propose encore une fois une expérience fidèle à celle du jeu de plateau original.
L'idée de Dungeonbowl, c'est de troquer la douce verdure des terrains traditionnels contre des environnements bien plus humides et surtout bien plus dangereux. Ainsi, si le but du jeu reste toujours de gérer une équipe de tarés pour aller marquer des touchdowns tout en désossant les joueurs adverses, le Dungeonbowl injecte pas mal de modifications à la formule de base. En premier lieu, sachez que les équipes ne se distinguent plus par leur race mais par l'école de magie à laquelle elles appartiennent. Normal puisque la discipline est en fait née de la volonté des magiciens du monde de Warhammer de prouver la supériorité de leur collège sur les autres. Du coup, même si un match se joue toujours entre deux équipes, elles peuvent être composées de plusieurs races. L'équipe des Rainbow Wizards par exemple intègre des Elfes Sylvains, des Halfings et des Humains dans ses rangs. De base, le titre ne compte d'ailleurs que 3 équipes, ce qui fait tout de même très léger, d'autant que les règles de base font état de 10 collèges de magie différents. Alors certes, le jeu ne coûte que 15 euros, mais l'ombre de nombreux DLC se profile déjà à l'horizon...
Mais revenons à nos moutons. Une autre différence de taille est que la première équipe à marquer un touchdown gagne le match et que cela doit être fait en moins de 24 tours. Mais avant de pouvoir marquer, encore faut-il mettre la main sur le ballon. Parce que voyez-vous, la balle est en fait cachée dans l'un des six coffres dispersés dans le donjon, les cinq autres contenant une bombe qui mettra le ou les joueurs à proximité au tapis. En début de partie, il est donc impossible de savoir où se trouve le ballon et le simple fait de s'en emparer constitue déjà un petit challenge en soi et une occasion de bluffer comme un gros sale avec votre adversaire. Pour ne rien gâcher, les mouvements à l'intérieur du donjon (toujours en case par case) sont à la fois facilités et compliqués par la présence de téléporteurs. Ce système parfois hasardeux permet aux joueurs de se déplacer plus rapidement sur le terrain, ou, s'ils ont moins de chance, de disparaître définitivement du match pour errer quelques heures dans le Warp. Ajoutons à cela la possibilité de déclencher des pièges, de pousser les adversaires dans des fosses remplies de lave ou de piques ou encore le fait qu'au-delà du 16ème tour, les joueurs se feront progressivement éjecter du terrain comme des malpropres. Enfin sachez que vous ne commencerez vos parties qu'avec 6 joueurs tassés dans votre zone d'en-but mais qu'il sera possible d'en faire rentrer un nouveau sur le terrain à chaque tour, pour un maximum de 7 joueurs sur le terrain en même temps. Bref, l'option servira surtout à remplacer les pertes, d'autant que les nouveaux joueurs débarqueront à un spot aléatoire, sur l'un des téléporteurs disponibles.
Pour le reste, le système de jeu est approximativement le même que dans le Blood Bowl de base, aussi nous contenterons-nous ici d'une simple énumération avant de vous renvoyer vers le test de ce dernier. Sachez seulement que vous pourrez créer votre équipe de toutes pièces (parmi une sélection de joueurs évidemment bien plus réduite), allouer des pièces d'or à une caisse noire avant match pour tenter d'amadouer l'arbitre ou obtenir des relances pour les jets de dés. On pourra également utiliser une éponge magique pour remettre sur pied un joueur KO, louer des stars ou booster le nombre de ses hooligans pour obtenir des bonus en cours de partie. Le tout tournant toujours autour du sacro-saint concept de turnover. Si le jeu ne propose pas le moindre mode solo, une équipe utilisée en ligne pourra néanmoins engranger de l'expérience et obtenir davantage de moyens au fil des parties, mais elle pourra également voir ses joueurs phares se blesser ou se faire tuer.
Bref Dungeonbowl est un titre tactique et délirant qui laisse encore plus de place au hasard que son modèle. Les fans de Blood Bowl désireux d'obtenir quelque chose d'un petit peu plus frais devraient donc être conquis. Encore que, comme nous le disions précédemment, le jeu semble assez incomplet et taillé pour recevoir de multiples DLC (un onglet « contenu supplémentaire » apparaît même dans le menu principal). Une perspective qui ne manquera pas de faire hurler ceux qui jadis, s'étaient aperçus que l'édition Légendaire de Blood Bowl vendue plein pot n'était pas compatible avec les autres versions du jeu... Cela dit, on apprécie tout de même la présence d'un éditeur de maps franchement sympa à utiliser. Partant d'une grille vierge, il suffit en effet de sélectionner les blocs que l'on souhaite placer dans la liste déroulante avant de cliquer sur le terrain. Difficile de faire plus simple. En vous connectant en ligne, vous pourrez par la suite partager vos terrains, télécharger les créations des autres et éventuellement dire si vous les aimez ou pas. Oui, c'est un peu léger comme système de classement. On espère que Cyanide nous permettra de mieux trier tout ça dans les prochains mois. Il faut avouer que pour l'heure, les serveurs du jeu sont quasiment déserts et il faut du courage pour trouver des adversaires. Le mieux sera donc de n'acheter le titre que si vous avez l'assurance d'avoir un pote avec qui vous latter.
- Graphismes12/20
Allez, avouons-le, Dungeonbowl n'est pas très joli, en plus d'être encore un peu instable sur les bords. Reste que le design est encore une fois très fidèle à l'univers de Warhammer et qu'on a toujours plaisir de voir un Halfing se faire écraser par un Ogre.
- Jouabilité15/20
Fidèle au jeu d'origine, Dungeonbowl s'avère particulièrement riche en possibilités tactiques. Plus encore que Blood Bowl, il se retrouve également marqué par une forte dimension aléatoire, ce qui contribue incontestablement à son charme. Du coup, les joueurs qui aiment tout contrôler de bout en bout sont invités à passer leur chemin. Notez enfin que le jeu ne propose pas de mode solo à proprement parler ni même du tutorial. Autant dire qu'avec le seul manuel pour soutien, le jeu ne peut s'adresser qu'aux joueurs aguerris de Blood Bowl.
- Durée de vie13/20
Attention, nous ne prenons en compte que ce que ce que le soft a à offrir à l'heure où nous écrivons ces lignes. Uniquement destiné aux matches multijoueurs (en réseau local, sur un même PC à tour de rôle ou en ligne), le soft réduit par définition son public potentiel. En outre, Dungeonbowl n'offre pour le moment que 3 équipes sur les 10 attendues alors même que le menu principal laisse d'ores et déjà entendre que de nombreux DLC sont au programme. Le contenu apparaît donc un peu léger mais est toutefois compensé par la présence d'un éditeur de donjons complet et très facile d'utilisation.
- Bande son12/20
La bande-son est en fait vaguement arrachée à celle de Blood Bowl, mais en moins étoffée. L'ensemble des bruitages reste toutefois correct et les commentaires débiles ont fort heureusement été oubliés.
- Scénario/
Très rafraîchissant pour l'amateur de Blood Bowl en multijoueur, ce petit titre nous laisse en effet (re)découvrir les joies de bousculer un Halfing dans une mare de lave après lui avoir arraché le ballon des mains. Fun, tactique, mais aussi plus aléatoire encore que Blood Bowl, le titre apparaît en outre assez incomplet, Cyanide prévoyant manifestement d'étoffer son jeu à grands coups de DLC. Dungeonbowl tente donc de faire passer la pilule avec un prix modique et un éditeur de donjons bien sympa. En somme, les inconditionnels du jeu de massacre de Games Workshop devraient pouvoir se faire plaisir pour peu qu'ils trouvent quelques potes à affronter, les serveurs étant pour l'heure un peu trop vides.