Soigneusement planqué par un Ubisoft qui a su créer la surprise et l'évènement, Watch Dogs est une nouvelle franchise qui apporte un peu d'air frais au bon moment. Techniquement et ludiquement super sexy, ce chien de garde a des chances de s'imposer dans les attentes des mois à venir.
Vous l'avez sans doute déjà saisi suite à son annonce, sans parler de la vidéo de gameplay à voir de toute urgence, Watch Dogs prend pour point de départ le monde hyper connecté qui est le nôtre aujourd'hui. Smartphones, cartes bancaires, réseaux sociaux, achats en ligne, dossiers médicaux, nous laissons tous traîner des traces de nos activités un peu partout. De quoi laisser une empreinte de la moindre de nos activités. Le monde lui-même est géré par des réseaux informatiques sensibles à la moindre attaque. Watch Dogs s'inspire d'ailleurs du black-out qui a paralysé une partie des USA en 2003, une panne géante que certains attribuent à une attaque virale. Dans le jeu, l'idée de ce monde hyper centralisé est poussée plus loin et une machine ctOS a pour fonction de contrôler toutes les infrastructures de la ville mais est également capable de regrouper les données personnelles de chaque individu, son « ombre digitale ». Et vous, c'est ce à quoi vous avez accès, à partir d'un simple téléphone, tout ça au milieu d'une ville ouverte dans laquelle vous pouvez vous balader librement, tout en accomplissant vos diverses missions.
Visiblement décidé à faire justice lui-même, le héros de Watch Dogs paraît lancé dans une vendetta et s'est fixé quelques cibles à abattre qu'il doit localiser, traquer et éliminer. Pour y parvenir, il peut accéder à n'importe quoi, du moment que c'est relié à un réseau. Les amateurs de la série Person of Interest peuvent dès lors imaginer un personnage dans lequel on aurait regroupé Finch et Reese, la tête et les bras. Activez votre smartphone, et vous pourrez, en ciblant une personne dans la rue, voir un petit profil s'affichant en coin. Untel est prof de Krav Maga, machin est un ancien militaire qui risque de représenter une menace en cas d'affrontement, bidule est sous le coup d'une ordonnance judiciaire etc. L'idée générale étant d'utiliser ces infos et l'environnement à votre avantage. Hackez une caméra pour obtenir un nouveau point de vue ou provoquez des dysfonctionnements dans les alentours pour créer un piège ou une diversion. Dans le cas présenté, le joueur cherche à entrer dans un club et doit se débarrasser du videur en pleine conversation téléphonique, une solution consistera donc à faire sauter le réseau, ce qui le poussera à s'éloigner dans la rue en quête d'un signal, et hop, on est entré. C'est d'ailleurs l'occasion de constater les réactions de l'IA, puisqu'on peut à ce moment-là jeter un oeil à la foule qui réagit à votre petit sabotage. Personne ne faisant attention à vous, avec votre tenue de quidam moyen plutôt discret, qui se trimballe mains dans les poches, tête baissée.
A l'intérieur, un petit coup de profilage permet de repérer l'un des employés de la cible traquée par ce mystérieux justicier numérique. Cible que l'on ira poursuivre à l'extérieur après avoir découvert qu'elle s'approche en voiture. L'occasion de comprendre que malgré les apparences, Watch Dogs n'a pas pour héros un gentil garçon qui rechigne à la violence. Si on ignore pourquoi il se lance dans ce qui ressemble à une expédition punitive, on sait en tout cas qu'il y met tout son coeur. Après un petit takedown à la matraque d'un vigile encombrant, on quitte les lieux pour prendre un peu de hauteur, là d'où il sera aisé de préparer un véritable traquenard. Alors que le fameux Demarco, notre cible, se ramène, un petit piratage du système de contrôle du trafic et zou, on joue avec les feux de signalisation pour provoquer un accident. Un fichu carambolage spectaculaire auquel on peut à présent ajouter son grain de sel : c'est l'heure du gunfight. A couvert derrière les voitures qui n'ont pas encore explosé, on s'efforce de faire le ménage parmi les gardes du corps de ce fameux Demarco qui semble décidément être une vilaine figure du crime. Ca défouraille sec et le changement d'ambiance suite à la phase d'approche et d'enquête est saisissant. Et ce n'est pas le seul point qui mérite ce qualificatif.
Watch Dogs n'a pas simplement séduit par son gameplay ouvert, original et intrigant, il a aussi su se faire remarquer par sa réalisation ébouriffante. Si les jeux en environnements ouverts souffrent souvent de quelques aléas ou limitations techniques, ce nouveau venu n'en affiche à ce jour aucun. La ville est grouillante de vie, de vie crédible de surcroît, et fourmille de détails sans que l'on n'ait pour autant pu noter la moindre texture un peu baveuse. Au contraire, tout est net, propre, avec des jeux de lumières impeccables, notamment visibles lors de la fusillade sur les carrosseries des voitures illuminées par les flammes d'un bâtiment incendié au coin de la rue. Et tout ça sous une pluie battante du meilleur effet. L'animation du personnage principal est également remarquable, détaillée, fluide, offrant une gestuelle naturelle. Et on apprécie que le look de ce protagoniste tranche radicalement avec ce à quoi les joueurs ont appris à se familiariser. Le héros de Watch Dogs passe inaperçu, il porte une casquette, un manteau avec un col relevé et ressemble à un anonyme sur lequel on ne se retourne certainement pas. Un détail qui à lui seul instaure un climat bien particulier.
Au milieu des suites, des reboots et des titres déjà attendus de longue date, Watch Dogs ne peut que s'imposer. Héros au charisme discret, gameplay original et prometteur et réalisation qui parvient à démontrer que cette génération en a encore sous le capot, voilà un cocktail qui donne forcément envie d'en voir plus. Probablement LA grosse et bonne surprise de l'E3 2012 ; capable d'éclipser tout le reste.