Déjà aperçu lors de la dernière gamescom, Dragon Commander s'est laissé approcher d'un peu plus près à l'occasion d'une visite chez Larian Studios. Nous voilà donc en mesure de faire un nouveau point sur cet ambitieux projet à la croisée des genres.
Swen Vincke, le fondateur de Larian Studios, est un personnage atypique. Le genre d'homme capable de mener de front la direction d'une entreprise et une vie de famille bien remplie tout en conservant un rôle créatif central au sein de ses équipes. Et aussi le genre d'homme capable d'enfermer ses clés à l'intérieur de sa voiture ! Mais n'est-ce pas le propre des génies que d'être tête-en-l'air ? Quoi qu'il en soit, c'est bien dans son cerveau qu'a germé l'idée farfelue de combiner deux des choses les plus cool de l'univers : les dragons et les jetpacks ! En revanche, quand vient le moment de définir Dragon Commander, voilà notre homme bien embêté... Il faut dire que son nouveau bébé mélange plusieurs genres, comme nous allons le voir en détaillant les trois phases de jeu qui se succèdent au cours d'une partie.
La première phase se déroule à bord du vaisseau-mère de votre avatar, un chevalier-dragon dont le roi de père a été assassiné. Vaisseau-mère ?! Précisons d'emblée que Dragon Commander se déroule bien avant les autres jeux de la saga Divinity, à une époque où la technologie et la magie étaient à leur apogée. Le jeu possède donc un petit côté steampunk du meilleur aloi, comme vous pouvez le constater sur les captures d'écran. Cette période troublée est caractérisée par l'avènement de la religion du Dieu Unique, portée par les forces de l'impératrice Aurora, l'antagoniste principale. Et c'est à vous qu'incombe la lourde charge de préserver Rivellon de cette menace hégémonique en unissant les différentes races sous votre bannière. Car en plus des humains dirigés par votre chevalier-dragon, vous aurez l'opportunité de vous allier aux nains, aux elfes, aux morts-vivants, aux imps (diablotins) et aux lézards. Mais réaliser une telle union sacrée est un grand défi... Les imps ne jurent que par la technologie, tandis que les elfes s'érigent en protecteurs de la nature. Les lézards, quant à eux, sont d'indécrottables libertariens. Comment concilier les aspirations de races aussi diverses ? C'est là tout l'intérêt de la phase sur le vaisseau-mère.
Concrètement, à chaque tour de jeu, une question de faction vous sera posée. Votre réponse en satisfera certaines et déplaira à d'autres. Il s'agit souvent de trancher sur des grands sujets de société : éducation, imposition, religion bien sûr... Les développeurs se sont inspirés de faits d'actualité du monde réel pour écrire des questions plus authentiques. Rassurez-vous, Dragon Commander ne devient pas un simulateur politique austère pour autant ! Les dialogues conservent l'humour savoureux qui caractérise la série Divinity. En plus de modifier vos relations avec les autres factions, vos réponses octroient des cartes à utiliser dans la phase suivante (nous y reviendrons). Enfin, elles modifient le caractère et l'apparence de votre dulcinée. Vous pourrez en effet vous marier à l'une des cinq princesses du jeu (une par race), qui évoluent vers deux formes différentes en fonction de vos actions. Ainsi, la princesse des morts-vivants pourra devenir plus humaine, ou au contraire se transformer en créature robotique. Avec un total de 300 questions impactant le déroulement de l'aventure, Dragon Commander devrait posséder une excellente rejouabilité. Outre ces questions, la phase sur le vaisseau-mère est également l'occasion de discuter avec les conseillers ou de faire un tour au bar pour apprendre les dernières rumeurs. Pour ces séquences, l'influence avouée des développeurs est la série Wing Commander, même si on pense aussi à Starcraft II en référence plus récente.
Une fois ces différentes interactions accomplies, vous voilà prêt à commencer la seconde phase de jeu. Elle se présente comme une carte découpée en cases à conquérir. Ici, l'influence revendiquée est le jeu de plateau Axis and Allies, ou, pour rester dans le domaine vidéoludique, la phase en tour par tour des Total War. Nous voilà donc dans du wargame pur jus. Chaque unité est définie par ses capacités d'attaque, de défense et de mouvement. Certaines régions produisent de l'or, d'autres possèdent de précieuses usines à capturer. Bref, il s'agit de faire fonctionner vos méninges pour décider quelle sera la prochaine case à attaquer. C'est aussi là que vous pourrez jouer les cartes gagnées lors de la phase précédente. Il peut s'agir d'une unité supplémentaire, d'un bonus de production, etc. Lorsque ces actions sont accomplies, il ne reste plus qu'à résoudre les combats là où vos unités sont confrontées à celles d'Aurora.
Cette troisième phase se présente comme un jeu de stratégie en temps réel : vous voyez vos unités de dessus et les sélectionnez pour donner des ordres de mouvement ou d'attaque. Vous pouvez conquérir une position pour construire des défenses dessus, etc. Classique ? Oui et non. Dragon Commander reposant essentiellement sur des unités aériennes, le gameplay devrait être tridimensionnel, à la manière d'un Homeworld. "Devrait", car la gestion de l'altitude n'était pas encore implémentée dans la version présentée. L'intérêt de cette phase de jeu dépendra grandement de la réussite des développeurs dans ce secteur. Sans cette originalité, il ne s'agira que d'un STR bidimensionnel de plus. Enfin, n'exagérons rien. Déjà, le jeu est très beau et possède un niveau de zoom impressionnant, qui rappelle presque SupCom. Ensuite, Larian a encore introduit un nouveau genre dans cette phase : l'action ! Vous pouvez en effet prendre le contrôle de votre dragon à jetpack à tout moment pour aider vos troupes. Même si c'est un développeur qui était aux commandes, manier la bête a l'air diablement fun. Ses pouvoirs ne devraient toutefois pas être prédominants dans le gain d'une bataille, le studio souhaitant que le meilleur stratège l'emporte. Ah oui, on ne vous avait pas dit ? Dragon Commander sera jouable à quatre en multi !
Mélanger autant de gameplays différents est toujours un pari risqué. Cela peut repousser les fans de tel ou tel genre, qui n'aiment pas forcément que l'on mette du RPG dans leurs wargames ou de l'action dans leurs STR. Dragon Commander, au contraire, pourrait bien rassembler tout ce petit monde, car chaque phase se révèle suffisamment profonde pour être intéressante et s'inscrit dans un tout cohérent. Il reste encore du travail à Larian pour achever de nous convaincre (on attend notamment le gameplay tridimensionnel à la Homeworld !), mais le projet est déjà prometteur en l'état.