Quatre ans après sa première épopée, la célèbre Valkyrie reprend du service et s'élance natte dans le vent à la conquête des PC Engine japonaises. L'idée était d'exploiter les compétences élevées de la machine pour proposer une action plus dynamique que sur NES, de sorte à ce que la guerrière puisse satisfaire pleinement sa soif de batailles.
Après avoir fait ses débuts sur bornes d'arcade, Valkyrie no Densetsu (La légende de Valkyrie) rejoint le cadre privé des consoles de salon en arborant fièrement le label « Namcot ». Pour la petite histoire, ce dernier permit jusqu'en 1995 de différencier une production destinée aux supports familiaux de celles pour salles de jeux. Si le portage a bénéficié de quelques améliorations notamment au niveau du level design, on déplore la disparition du mode Coopération qui donnait la possibilité à un second joueur de prendre le contrôle de Xandra, le petit lézard vert qui servait de caissier dans les boutiques du premier opus. C'est donc seule que la demoiselle devra affronter la tyrannie du démon Kamûz, responsable de la famine et du désespoir dont souffrent les populations.
Mais rassurez-vous, ses compétences en combats n'ont cessé de s'accroître depuis ses précédentes rixes. Contrairement à tous ces héros qui perdent étrangement leur savoir-faire lorsqu'il s'agit de repartir à l'aventure dans une suite, notre Valkyrie a le bon goût de garder ici tout ce qu'elle a appris durant le premier épisode. Elle profite aussi des capacités de la console pour enchaîner les estocades bien plus rapidement, ou encore, grande première, pour effectuer des bonds qui lui seront très utiles. Les joueurs les mieux renseignés qui savent que la manette de PC Engine ne comporte que deux boutons se demanderont avec affolement comment lancer les diverses magies, et la réponse est toute simple : chaque coup d'épée est doublé d'un sort ! Améliorables en dénichant des sphères de cristal, les magies sont essentiellement des boules d'énergie plus ou moins grosses qui deviendront rapidement la stratégie d'attaque n°1, apparentant Valkyrie no Densetsu à un run and gun version heroïc-fantasy.
En effet, l'action s'enchaîne à une vitesse survoltée, obligeant à continuellement spammer la touche attaque afin d'intercepter les nombreux projectiles envoyés par le camp opposé. Ce dernier pioche toujours dans le domaine mythologique en proposant des arbres ambulants, des chimères, des armures hantées, des spectres de feu, et bien sûr tout le bestiaire du premier opus qu'il est agréable de retrouver sous une modélisation plus détaillée. Notre chère guerrière a elle aussi droit à une remise à niveau graphique, n'ayant plus aucun mal à se faire reconnaître grâce à son casque ailé, sa toge blanche et surtout sa fameuse tresse blonde. Les développeurs se sont même appliqués à créer toutes sortes d'animations pour les dégâts encaissés, puisqu'il lui sera possible d'être renversée, brûlée, électrocutée, écrasée comme une crêpe ou encore noyée dans les eaux profondes de Marveland.
Car c'est bien d'environnements sacrément améliorés dont on dispose là, puisqu'on y trouvera des cours d'eau à traverser à la nage, des précipices à franchir en sautant ou des lits de lave à éviter. En réalité, la présentation des lieux a elle aussi changé, puisqu'il ne s'agit plus d'un jeu de rôle ouvert où l'exploration est la seule clef de la progression, mais bien d'une succession de niveaux à scrolling horizontal et vertical (vus de dessus), pauvres en bifurcations, ce qui a pour effet de rendre le titre très linéaire. Bien que ce changement de cap radical ne soit pas du goût de tout le monde, il est garant de bien des avantages comme la mise en scène d'une multitude de boss très variés. Les bougres peuvent se vanter de leur force puisque la difficulté atteint rapidement un niveau dit « de bornes d'arcade », obligeant à recommencer plusieurs fois un combat voire même un niveau afin de pouvoir l'appréhender en sécurité.
Et l'aspect RPG dans tout cela ? Malheureusement, il n'est que peu présent. L'expérience acquise ne sert à rien à part représenter un score, et seule la monnaie à dépenser pour de nouvelles magies ressemble à ce qui était proposé quatre ans plus tôt. Les maisons et les PNJ rencontrés trouvent leur unique utilité dans la narration d'un scénario très bateau, qui n'est finalement prétexte qu'à un enchaînement de chemins à désherber. Il faut donc clairement comprendre que Valkyrie no Densetsu ne fait pas partie du genre jeux de rôle action comme son illustre ancêtre en avait été le précurseur, mais d'un mélange entre du beat'em all et du run and gun très arcade dont la qualité première est de proposer une mise en scène réellement vive et fluide. Une déception pour les fans du personnage de Namco qu'ils prendront tout de même plaisir à incarner plus brave et belliqueuse que jamais.
- Graphismes17/20
Très colorés et surtout très dynamiques, les graphismes de haute qualité savent renforcer les aspects joviaux et combatifs qui s'entremêlent tout au long de l'aventure. On soulignera surtout la modélisation de Valkyrie très réussie, d'autant plus qu'elle possède un panel très varié d'animations.
- Jouabilité15/20
L'aspect beat'em all qui habille Valkyrie no Densetsu est supporté par une prise en main très intuitive, rapide et maniable. Cependant, les sauts utilisés lors des phases de plates-formes plutôt périlleuses ne permettent pas d'ajuster correctement le point d'atterrissage, ce qui est quand même problématique.
- Durée de vie14/20
Au revoir l'exploration autonome guidée par l'ivresse de l'aventure, bonjour le dévalement de niveaux très linéaires misant tout sur les combats. On perd ainsi beaucoup d'heures de jeu au total, même s'il faut reconnaître que le titre est assez long, difficile et agréable à rejouer.
- Bande son13/20
Certains apprécieront la dizaine de musiques (une par niveau) très synthétiques qui rythment la démarche guerrière de la Valkyrie. D'autres n'y verront qu'un plantage total et une faute de goût difficilement pardonnable tant les thèmes sont en désaccord avec cet univers d'heroïc-fantasy.
- Scénario12/20
Contrairement au premier volet, le joueur maîtrise ici le déroulement des évènements et se retrouve guidé niveau par niveau. Malheureusement, le titre ne profite pas de cette structure linéaire pour livrer une histoire bien travaillée. Il faudra se contenter d'une banale lutte contre des forces démoniaques pour sauver le monde de Marveland.
Que dire de cette suite des aventures de la Valkyrie de Namco... Déjà que ce n'est absolument plus un RPG. Ensuite, qu'il s'agit d'un jeu d'action très sympathique et dynamique permettant de retrouver la demoiselle casquée en grande forme. Cela dit, ce changement radical de cap semble avoir froissé un certain public, ce qui expliquerait pourquoi cet épisode sera le dernier mettant en scène la célèbre guerrière que la firme japonaise continue pourtant de solliciter inlassablement lors d'apparitions caméos toujours très appréciées.