Via son système de financement participatif, le site Kickstarter l'a prouvé ces derniers mois, de nombreux joueurs nourrissent aujourd'hui l'envie de voir revenir sur le devant de la scène des séries, des genres ou même des personnalités sur lesquels l'industrie ne semble plus miser en 2012. Le choix de l'éditeur 2K Games et du développeur Firaxis de redonner vie à la très populaire licence X-COM apparaît donc judicieux. D'autant que le duo a choisi de respecter l'ADN des épisodes originaux, apparus dans les années 90, à travers leur jeu sous-titré Enemy Unknown, prévu lui pour cet automne. Un parti pris séduisant pour un jeu qui l'est tout autant !
Après une première présentation intéressante mais purement théorique, nous avons cette fois pu mettre la main sur XCOM : Enemy Unknown. En l'occurrence, Firaxis nous a laissé parcourir le tutoriel du jeu. Celui-ci n'est en rien obligatoire. Les fans de longue date de la série pourront donc le zapper pour lancer directement une partie. D'autant qu'il demeure plutôt long et fourni. Toutefois, cette étape devrait notamment s'avérer très utile pour apprivoiser les versions consoles. En effet, si le combo clavier / souris a déjà fait ses preuves depuis longtemps concernant les jeux orientés tactiques, il n'en est pas exactement de même pour les manettes. Du moins, c'est ce que nous pensions avant la présentation. Nous avons depuis été rassurés. Car à notre grand étonnement, si la version présentée tournait bien sur PC, les développeurs ont souhaité que nous utilisions des pads 360 pour des questions d'optimisation. Évidemment, la version exposée était loin d'être définitive et au final, au moment de la sortie du titre, les joueurs PC pourront opter pour le clavier et la souris. Mais cela nous a en tout cas permis de constater que les versions Xbox 360 et PS3 devraient elles aussi être parfaitement jouables !
Pour rappel, XCOM : Enemy Unknown propose deux phases de jeu distinctes. On trouve d'un côté la partie gestion pure qui se déroule dans la base, sur laquelle nous allons revenir un peu plus loin. Et de l'autre, les phases d'intervention visant à repousser les offensives extraterrestres, qui prennent place sur des maps fermées. Car tel est le but du jeu : défendre la planète Terre contre les vilains envahisseurs. Du côté des combats, tout fonctionne sans accroc à la manette. Les commandes sont très simples à assimiler et l'interface pensée pour aider les joueurs. De petites icônes permettent de savoir immédiatement les interactions disponibles. Que ce soit avec le décor – les éléments derrière lesquels se planquer, les endroits inaccessibles... - ou avec les ennemis. Le jeu se déroulant au tour par tour, le joueur a en prime le temps d'effectuer chaque mouvement sans se précipiter. Pour déplacer l'une des quatre unités qui composent son équipe - au départ du moins, on pourra ensuite grimper jusqu'à six -, il suffit de déplacer un réticule grâce à l'un des sticks jusqu'à l'endroit où celle-ci va s'arrêter. Un soldat ne pouvant couvrir qu'une distance donnée par tour - qui est fonction de sa classe et de ses compétences - une zone bien délimitée à l'écran permet de savoir les spots qu'il peut atteindre.
Notons d'ailleurs que le jeu propose d'effectuer deux actions par tour et par soldat. Du coup, on peut par exemple enchaîner deux déplacements (forcément, on va plus loin) ou opter pour un déplacement et un tir sur l'ennemi. Lorsque vous êtes en position de shoot, la caméra se rapproche de votre personnage, offrant ainsi un meilleur aperçu de la situation. Une barre des tâches se déploie et affiche en parallèle les différentes possibilités, ainsi que leur pourcentage de réussite. On peut notamment tirer, lancer une grenade, utiliser une capacité spéciale ou tenir sa position en restant sur ses gardes. Certaines parties du décor étant destructibles, il convient toutefois de ne pas rester immobile trop longtemps et d'être vigilent en permanence. Un mauvais choix et l'opposant pourra mettre fin à la vie d'une unité. Et comme la mort est permanente dans XCOM (une unité morte l'est définitivement), chaque décision peut avoir une conséquence dramatique. Pour être sûr de ne pas se lancer dans une opération suicide, il faut donc minimiser les risques, jouer réellement à fond la carte tactique. On déplace ainsi ses troupes prudemment, de couverture en couverture, pour mettre à jour le positionnement des ennemis et guider ses unités jusqu'au meilleur spot de tir (parfois situé en hauteur, sur un toit). Le tout, en réfléchissant au danger potentiel que représente chaque action. Un peu comme dans une partie d'échecs, il faut toujours faire en sorte d'avoir plusieurs coups d'avance. Il se dégage des affrontements une vraie dimension stratégique. Pour ceux qui auraient peur que le challenge ne soit pas au rendez-vous, sachez que le dernier mode de difficulté n'autorisera qu'une unique sauvegarde, que l'on pourra en revanche écraser à volonté. De ce fait, chaque action aura un caractère réellement définitif.
Même si le tour par tour ne facilite pas la fluidité de l'action, Firaxis est parvenu à rendre les affrontements relativement dynamiques. La mise en scène, bien que très classique, se révèle soignée. Au lieu de conserver une vue en hauteur et d'encourager ainsi la monotonie des parties, la caméra suit souvent les unités au plus près, notamment lors de leurs courses, pour rendre les combats plus vivants. On se sent réellement impliqué dans la bataille. L'ensemble a en plus été pensé pour que vous ne perdiez jamais de vue vos unités. Les murs s'effacent lorsque le besoin s'en fait sentir et la caméra peut en permanence être bougée par le joueur. Les développeurs utilisent par ailleurs habilement de très courtes cut-scenes pour distiller quelques éléments scénaristiques ou souligner la tension d'une situation. Toutefois, le jeu se révèle aussi techniquement complètement dépassé. Sur ce plan-là, on a clairement l'impression de revenir plusieurs années en arrière. Les textures sont grossières, les animations raides et les différents effets spéciaux fades. Ce n'est certes pas le plus important pour un jeu de ce genre, mais le choc est au départ assez violent. C'est d'autant plus embêtant qu'il s'agit-là du seul vrai point négatif que nous avons relevé durant la présentation. Dommage car les lieux que nous avons visités possédaient leurs propres ambiances, la musique aidant grandement à installer ces dernières. Les docks sordides de la ville de Shanghai ne ressemblent en rien au centre-ville triste d'une cité allemande, inondé par des pluies diluviennes.
Si les combats au tour par tour s'annoncent plaisants à jouer, toute la partie gestion devrait elle aussi se montrer intéressante à plus d'un titre. Dès le début de la campagne solo, le jeu vous demande sur quel continent vous souhaitez établir votre base. Un bonus différent vous est donné en fonction de votre choix. La construire en Amérique du Nord permet par exemple d'avoir une réduction de 50% des prix sur tout ce qui touche aux avions et à leur armement. A l'intérieur de cette base, un plan de coupe permet d'apercevoir chacune des salles qui la compose. Grâce aux gâchettes de la manette, on switche alors aisément de l'une à l'autre. C'est à partir de ce camp, que vous pouvez à loisir réaménager, que se préparent les combats. Dans le laboratoire, des scientifiques analysent les technologies extraterrestres que vous avez au préalable dérobées sur le terrain. Cela permet à terme d'améliorer votre armement et votre équipement, mais aussi de débloquer des capacités spéciales. Plus tard dans le jeu, si la recherche a été l'une de vos priorités, vous aurez accès à des soldats avancés. Firaxis nous a montré un exemple concret de ce que cela peut donner à travers une mission située plus loin dans la campagne solo. Sur une map ravagée par des aliens imposants et surpuissants, les développeurs se sont servis de trois unités avancées, utilisant les technologies extraterrestres pour venir à bout de la menace. Le premier des soldats pouvait disparaître pendant quelques tours pour surprendre un ennemi. Le second avait un fusil très efficace lui permettant de tirer deux fois de suite, soit quatre fois par tour, ce qui est normalement impossible. Enfin, le dernier disposait d'une capacité spéciale plutôt intéressante puisqu'il pouvait prendre le contrôle d'un ennemi afin de le manipuler telle une marionnette.
La caserne permet quant à elle de gérer la progression de ses unités. En fonction des performances au combat, les soldats montent en grade. Caporal, sergent, lieutenant et ainsi de suite. A chaque étape, le joueur doit choisir parmi deux nouvelles compétences. On ne peut pas tout avoir avec un même soldat, ce qui pousse encore le joueur à prendre des décisions. Selon des classes (Assault, Heavy, Sniper et Support), ces compétences ne sont évidemment pas les mêmes. Sachez enfin qu'au laboratoire et à la caserne s'ajoutent la salle d'ingénierie et le hangar. Malheureusement, nous n'avons pas pu nous y rendre afin de voir ce qu'il s'y passait exactement. En amont des combats, vous pouvez également déterminer la composition de votre équipe d'intervention et personnaliser les unités (nom, apparence, équipement...). En cas d'offensives extraterrestres, c'est dans la salle de briefing qu'il faut se rendre. Vous y êtes mis au courant des endroits où les humains subissent des attaques et des missions à effectuer. Si la plupart d'entre elles vous mettent aux prises directement avec les aliens, il existe aussi des missions plus singulières, au cours desquelles vous pourrez intercepter et détruire le vaisseau extraterrestre avant qu'il ne se pose. Avant chaque intervention, vous avez d'ailleurs le choix entre plusieurs villes et pays. Dans la présentation, les aliens étaient sur le point de mettre simultanément à sac Dallas (Etats-Unis) et Shanghai (Chine). Il nous a donc fallu choisir laquelle des destinations nous souhaitions rallier. Pour le coup, cela signifie faire une croix sur l'un des lieux car l'horloge tourne en temps réel. La conséquence : une crise panique pour le pays laissé à l'abandon. Le tout est donc de savoir gérer les relations avec les seize pays qui ont adhéré au programme XCOM. Si huit nations décident de se désolidariser du projet, la partie prend immédiatement fin.
Pas de mauvaise surprise en vue avec XCOM : Enemy Unknown. Firaxis semble parfaitement maîtriser son sujet. Tout ce qui a trait au gameplay apparaît pour le moment réussi. D'un côté, on trouve des combats posés particulièrement plaisants car ils requièrent un sens tactique aigu. De l'autre, on a droit à une partie gestion très riche que l'on a hâte de découvrir plus en profondeur. Globalement, les choix de game design du studio américain sont judicieux. Ils permettent au développeur de rester très fidèle aux volets originaux, tout en arrondissant subtilement les angles pour ne pas rebuter le public d'aujourd'hui. Reste donc à gommer au maximum ce retard visuel même si, finalement, nous n’y attachons ici que peu d'importance.