Après nous avoir vanté les mérites du PlayStation Move via de nombreux titres aussi variés qu'inégaux, il était temps que Sony prenne les devants en transformant son périphérique en un artefact prévisible, mais forcément attendu : la baguette magique. C'est maintenant chose faite avec Sorcery, vous permettant de contrôler un magicien en herbe nettement plus effronté et irritant qu'un Harry Potter au saut du lit. Visite guidée de son monde forcément en danger.
Les comparaisons ne tarderont sans doute pas à tomber, mais pourtant, Finn - apprenti d'un sorcier nettement plus sage, plus vieux et plus doué que lui - n'a vraiment pas grand-chose à voir avec Harry Potter, le sorcier à lunettes. Tout d'abord, et ce dès le début du jeu, son univers est totalement dédié à la magie et empreint des codes bien connus de l'héroïc-fantasy. Finn est d'ailleurs toujours accompagné de son amie Erline, prenant la forme d'un chat blanc qui parle ! Il passe son temps à défier son maître en tentant de pratiquer la magie par ses propres moyens, sans rien maîtriser, alors que celui-ci ne lui en a pas encore donné l'autorisation et se contente de lui donner des tâches subalternes. Mais cette relative routine se trouve rapidement bouleversée, puisqu'au début du jeu, Finn doit réparer ses bêtises en allant récupérer de la poussière de tombe dans le monde des inhospitalières âmes errantes, à l'insu de son maître. Quand il retourne en ville, celle-ci est envahie de gobelins, venus là sur l'ordre de la reine Cauchemar, qui n'est visiblement pas contente. Finn comprendra bien vite les tenants et aboutissants de l'histoire, et tentera de contrecarrer les plans de cette reine elfe, toujours en compagnie de son amie Erline. De nombreux dialogues amusants et bien doublés entre ces deux personnages viendront d'ailleurs ponctuer votre aventure, puisque l'un est arrogant, et l'autre incarne plus ou moins la voix de la raison.
Cette quête initiatique s'appuie sur un scénario épousant avec habileté les thèmes traditionnels de l'héroïc-fantasy. On se trouve ainsi face à une histoire assez simple et touchant un public large, mais bien mise en scène et se laissant suivre avec plaisir. Les développeurs y ont même inclus un background intéressant, parlant d'une guerre entre elfes et humains ayant abouti à la fermeture des deux mondes grâce à quelques portes magiques, que vous n'aurez de cesse de traverser durant votre périple. Sorcery fait d'ailleurs la part belle à l'exploration et aux combats, notre jeune Finn acquérant au fur et à mesure des sortilèges bien pratiques, et de plus en plus dévastateurs. Au début du jeu, il n'est muni que d'une simple baguette capable de lancer un unique sort, c'est avec cette configuration que vous apprendrez à manier efficacement le PlayStation Move. Mais un Move n'est pas suffisant, il vous faudra aussi une manette, ou idéalement une manette de navigation, pour diriger votre personnage. La combinaison PS Move et contrôleur est efficace et ergonomique. Les sorts se lancent avec le Move, en effectuant le mouvement adéquat dans la direction de l'ennemi, que ce soit sur la droite, la gauche, ou en hauteur. Il est également possible de donner une courbe au sort de base pour taper l'adversaire sur le côté. Plus tard, d'autres pouvoirs sont mis à votre disposition, et votre apprenti sorcier pourra ainsi lancer des boules de feu ou construire des murs éphémères, geler des étendues d'eau pour se faire un chemin ou figer des ennemis avec un sort de glace, lancer des éclairs, créer des tourbillons... Les possibilités sont suffisamment variées pour donner l'impression au joueur que le gameplay se renouvelle. On peut également combiner les sorts d'éléments pour plus d'efficacité, et ainsi, par exemple, transformer un simple tourbillon en tempête de flammes !
Plus tard, on pourra également utiliser un bouclier pour se protéger des tirs ennemis, ou pour porter quelques attaques et même détruire des portes un peu faiblardes cachant des bonus. Dans l'ensemble, si la détection de la direction de nos mouvements d'attaque avec le Move n'est pas toujours des plus précises, Sorcery est permissif et laisse une bonne marge d'erreur au joueur. Il faut dire que celui-ci est clairement orienté vers la famille et se destine à un public très large (à partir de 12 ans), ce qui n'est pas un défaut, puisque Sony réussit à ne pas fournir un produit bâclé pour autant. Finn se battra ainsi contre de jolies sylphides, des araignées, des trolls, des âmes errantes, des chamanes de feu ou de glace... La stratégie à adopter pourra changer en fonction des ennemis, et on se doute qu'il sera plus efficace de balancer une flèche de glace à un chamane de feu que de jouer dans sa catégorie. Classique, on vous dit... Les sorts en votre possession ne vous serviront pas uniquement à trancher dans de la créature magique en tout genre, puisque vous pourrez également explorer les jolis et féeriques environnements du jeu en cassant diverses jarres pour obtenir d'intéressants bonus. Pièces d'or, ingrédients, potions de santé... les premières vous permettront également d'acheter d'autres ingrédients grâce aux quelques boutiques (toujours tenues par la même personne) parsemant l'univers de Sorcery. Il est en effet possible de créer des potions en mélangeant trois éléments différents. Celles-ci peuvent ensuite améliorer durablement l'une de vos compétences, comme la résistance aux dégâts physiques, ou la barre de vie. Si cet aspect du jeu n'est pas très poussé, il donne un air plus profond au gameplay, ce qui est grandement appréciable. De la même manière, on pourra parfois utiliser une attaque spéciale (acquise grâce à une potion) en remplissant au préalable une jauge bien précise, en exécutant rapidement diverses attaques.
Sorcery offre donc une aventure convaincante, dans un univers féerique classique. La construction des divers niveaux n'est pas brillante, mais la promenade se révèle satisfaisante, même si certains décors se ressemblent un peu trop, et que les mondes se présentent surtout comme des couloirs possédant très peu d'embranchements optionnels. Néanmoins, l'aspect graphique de Sorcery convainc lui aussi, grâce à des décors artistiquement très réussis, notamment au niveau de l'architecture des constructions visibles. Etant donné la portée grand public du titre, il aurait peut-être été intéressant que celui-ci offre un mode coopératif, ou même une aventure entièrement jouable à deux. Mais Sony est tout de même parvenu à créer un univers marquant, manquant peut-être un peu de personnalité, mais exploitant correctement son périphérique à reconnaissance de mouvements. Pour une quarantaine d'euros, Sorcery se présente donc comme un titre à conseiller à tout possesseur d'un PlayStation Move souhaitant décompresser quelques heures au cœur d'un monde féerique.
- Graphismes14/20
Si techniquement, le titre n'est pas forcément au mieux de sa forme, son esthétique rattrape le tout. Les mondes sont jolis à regarder et possèdent une certaine profondeur, et l'architecture des lieux est souvent recherchée.
- Jouabilité14/20
On aura parfois un peu mal au poignet à force d'agiter notre PS Move dans tous les sens, mais force est de constater que le jeu réagit bien, et que les sorts se lancent facilement, malgré un manque de précision parfois un peu gênant. Les caméras automatiques perdent un peu la tête, c'est d'ailleurs l'une des seules choses qui fera vraiment râler le joueur, qui aura parfois du mal à viser. Attention, le contrôleur du PS Move est vivement conseillé pour profiter du jeu.
- Durée de vie11/20
L'aventure de Finn et Erline se boucle en un peu moins de huit heures, durant lesquelles vous resterez quand même bien occupé, malgré certains temps morts dont on aurait sans doute pu se passer. Heureusement, le titre se renouvelle grâce aux nouveaux pouvoirs, et le système de potions et d'ingrédients à récupérer permet de varier les plaisirs.
- Bande son16/20
Les doublages sont de bonne qualité et donnent bien vie à Finn et Erline, deux personnages certes un peu caricaturaux, mais aux caractères bien trempés. Les musiques, épiques, sont du plus bel effet et ponctuent agréablement les divers rebondissements que compte l'aventure.
- Scénario13/20
Si l'histoire qui nous est contée n'est pas très recherchée, elle réutilise pourtant les thèmes classiques de l'héroïc-fantasy avec efficacité, si bien que le joueur s'intéressera rapidement au sort des deux protagonistes de Sorcery.
Pour une quarantaine d'euros, Sorcery offre une aventure à la durée de vie très convenable, portée par deux personnages attachants et encrée dans un univers très classique faisant pourtant son petit effet. Le PlayStation Move y est également employé de manière efficace, les possesseurs du périphérique de Sony ne devraient donc pas bouder leur plaisir, en s'offrant ce titre accessible et familial.