Déjà à l'origine de la démo technique Linger in Shadows ayant envahi le PSN en 2008, les développeurs de chez Plastic nous reviennent avec Datura, nouveau titre un brin expérimental. Si celui-ci surfe allègrement sur la mouvance des jeux possédant un concept fort, saura-t-il imposer ce dernier en nous offrant par exemple un gameplay également abouti ?
Comme on le disait, Datura repose bel et bien sur un concept particulier, puisqu'il nous permet déjà de contrôler... une main, à l'aide du Playstation Move. En effet, c'est ce périphérique qu'ont choisi les développeurs (aidés par le studio Sony Santa Monica), pour tenter de happer le joueur dans l'univers un peu barré de ce jeu d'aventure à la première personne. Il faut dire que le titre nous mettait déjà sur la voie, puisque la Datura est une plante hallucinogène puissante et très toxique. On nous propose donc quasiment un trip qui aurait pu être induit par cette drogue, commençant par une scène peu réjouissante. Vous vous trouvez en effet à l'arrière d'une ambulance, sur un brancard. On vous invite alors à repousser votre couverture, puis à retirer un à un les fils vous reliant au monitoring. Son strident continu, une infirmière tente de vous ranimer, vous pique au cœur avec une grosse seringue, fondu blanc... et vous vous réveillez en pleine forêt. Le voyage commence ici, on vous proposera d'ailleurs de vous familiariser avec le système de déplacement, bien pensé, mais forcément déstabilisant. Notez qu'il est également possible de jouer l'aventure intégralement au pad, même si les développeurs ont pourtant tout misé sur la jouabilité au PS Move. Il ne vous en faudra d'ailleurs qu'un seul pour effectuer toutes les actions demandées dans le jeu.
En bref, au Move, il suffira d'appuyer sur un bouton pour avancer librement dans les environnements (nous ne sommes pas coincés sur un rail, rassurez-vous), en pivotant notre vue à l'aide du périphérique. Lorsque votre personnage approche d'une zone interactive, appuyer sur le bouton triangle permettra de zoomer sur l'endroit en question afin de tenter de comprendre ce qu'on attend de vous. Généralement, il suffira ensuite de positionner correctement le Move, en voyant le résultat sur la main à l'écran, avant d'appuyer sur la gâchette à l'arrière de l'appareil. Enfin, « il suffira »... autant le dire tout de suite, la maniabilité se révèle vite plus frustrante qu'immersive, le joueur bataillant toujours un peu avant d'arriver à effectuer les bonnes actions, même quand il s'agit simplement de se déplacer. On aurait presque tendance à dire que la jouabilité au pad est plus gratifiante, sauf que Datura possède un gameplay très basique, l'intérêt principal du jeu étant justement cette tentative d'immersion du joueur... Mais quel monde tente-t-on vraiment de rendre tangible ? Eh bien, un monde un brin décousu, déjà.
Comme on le disait, on atterrit immédiatement dans une forêt mystérieuse et plutôt bien retranscrite malgré une technique un peu faiblarde (feuilles qui volent, oiseaux qui batifolent... on s'y croirait) parsemée d'éléments interactifs prenant parfois la forme de petites énigmes simplistes, ayant uniquement pour but de vous dévoiler d'autres brèves séquences de jeu, encore plus intrigantes. En effet, le joueur se retrouve régulièrement happé, au sortir d'une petite énigme de ce genre, dans une nouvelle scène semblant totalement hors de propos, et surtout particulièrement dépaysante. D'autre part, le joueur pourra parfois y effectuer des choix, qui influeront sur le déroulement de cette courte aventure. Selon vos décisions, la forêt changera d'ailleurs légèrement d'apparence, et la fin du jeu ne sera pas non plus exactement la même. Difficile de décrire davantage le titre sans gâcher le plaisir de la découverte, d'autant plus que cette promenade sous Datura souffre d'une durée de vie famélique, de moins de deux heures. Difficile également de louer sa rejouabilité car, malgré ces fameux petits choix dont on vous parlait, la maniabilité un peu défaillante et ce côté « juxtaposition de scènes surréalistes » difficiles à relier entre elles en rebuteront plus d'un. Datura saura sans doute plaire à une frange restreinte de joueurs, à qui cette « histoire » conceptuelle et sans doute philosophique parlera, mais les autres auront bien plus de mal à rentrer dans ce délire justement un peu trop impénétrable.
- Graphismes14/20
Si techniquement, le résultat n'est pas vraiment réjouissant, c'est dans la forêt que Datura parvient le mieux à nous immerger dans son univers, grâce au soin apporté aux petits détails, comme les oiseaux, les insectes et papillons ou les feuilles mortes qui volettent devant vous.
- Jouabilité9/20
Au pad, le titre devient moins intéressant, et le Move n'arrive que partiellement à vraiment nous immerger au cœur de « l'action ». Quelques problèmes de maniabilité entachent le tout, et on se retrouve plus souvent à pester contre les commandes qu'à vraiment profiter de la promenade.
- Durée de vie8/20
La durée de vie est particulièrement courte, et même s'il est possible de recommencer Datura en faisant d'autres choix lors de certaines séquences, le joueur n'aura pas forcément envie de s'infliger une nouvelle fois cette balade un peu indigeste.
- Bande son14/20
L'ambiance sonore est réussie, tant au niveau des bruitages que des musiques, le tout se faisant assez immersif.
- Scénario/
Difficile de juger ce critère, puisque Datura ne nous offre pas une narration vraiment construite. On profitera donc, ou non, des quelques séquences abstraites qui nous sont offertes, en tentant d'abord au moins d'en tirer une leçon, avant de laisser tomber et de juste profiter de cette promenade dans les bois.
On pourra tout à fait apprécier l'expérience que nous propose Datura, en faisant fi de son « histoire » vraiment trop abstraite et donc difficile à appréhender, même si tout n'est évidemment pas fait pour être disséqué ou analysé. Dommage que cette maniabilité lourdingue au Move nous détache encore un peu plus du jeu, en nous faisant pester devant notre écran.