Les PCistes le haïssent encore. A cause de sa gourmandise, la plupart d'entre eux ont été obligés d'aller faire un tour chez les marchands de composants pour trouver l'arme ultime, capable de faire disparaître la bouillie de pixels inondant l'écran. Mais si Crysis a marqué un tournant dans l'histoire du FPS en dévoilant un moteur excessivement vorace, il faut avant tout retenir que le troisième volet revient sur le chemin délaissé par Crysis 2 : une aventure dans un monde totalement ouvert.
Commettre des erreurs n'est pas une tare en soi. C'est encore moins répréhensible lorsqu'on le reconnaît et que l'on met tout en œuvre pour les réparer. C'est ce qui est arrivé à Crytek avec Crysis 2. Alors que le premier épisode s'était construit l'image fantastique d'un FPS dans un univers gigantesque, loin des scripts et autres horreurs, les développeurs ont semble-t-il, jugé plus sympathique de nous livrer un jeu linéaire et introverti, dans lequel le moindre espoir de liberté est proscrit. Sans doute attirés par l'odeur du troupeau de FPS se complaisant dans ce style, ils ont heureusement réagi à temps avant de sauter comme ces moutons de Panurge, dans le précipice du copier-coller. Grâce à cette prise de conscience, Crysis 3 a évité le pire, préférant tourner les sabots à un anonymat qui lui tendait les bras. Non, ce troisième volet ne marchera pas sur les traces de Modern Warfare, Black Ops, Battlefield et autre Medal of Honor. Le retour à un monde ouvert est officiel et on ne peut que s'en réjouir.
En temps normal, il serait de bon ton d'avouer que les scénaristes ont de plus en plus de mal à nous surprendre. En effet, que New York soit dévastée et infestée d'aliens, franchement, plus que du réchauffé, ça sent carrément le cramé. Seulement voilà, il y a Crysis... et les autres. Evidemment, si l'on se moque royalement de l'histoire, la mise en scène et surtout la claque visuelle que l'on prend, ont de quoi nous remettre les idées en place. Dix minutes de gameplay nous ont suffi pour avoir les joues bien rouges. Et ce héros, quel style, quelle classe dans sa Nanosuit, cette superbe combinaison grâce à laquelle il saute, il se camoufle et tabasse au corps-à-corps ! Evidemment, histoire d'épater la galerie, tout le niveau présenté a été traversé en mode Camouflage. Mais qu'on se le dise, Crysis n'est pas Splinter Cell et sa fameuse zone où la végétation prédomine sur le reste aurait pu se boucler en 2 minutes en fonçant dans le tas. Une option qui se serait avérée bien moins efficace pour nous montrer le nouvel arsenal mis à disposition de ce tueur solitaire.
Cet arc et ces flèches explosives (Composite bow), ce Typhoon, flingue à la cadence de tirs infernale, cet Heavy Mortar, pourtant propriété exclusive des aliens (que vous pourrez récupérer auprès d'un corps sans vie)... les voilà les nouveaux compagnons de route de notre héros en combinaison moulante. Des armes dévastatrices, bien utiles pour contrer la puissance de frappe d'ennemis coriaces. D'où cette question qui reviendra souvent sur le tapis : Faut-il la jouer discret et passer en mode Camouflage ou au contraire se prendre pour Rambo ? C'est l'éternelle question. On profite de ces tourelles "piratables" à distance ou non ? Quoi qu'il en soit, en quelques minutes, on a pu voir l'étendue du travail réalisé par Crytek. Si le gameplay a sensiblement évolué tout en préservant les bases édictées dans le premier épisode, les environnements absolument somptueux et les différentes stratégies disponibles pour avancer dans ces lieux ne font que confirmer la marche en avant reprise par Crysis 3. Le moteur CryEngine tourne à plein régime parvenant à donner une âme à des marécages inhospitaliers tout en jonglant avec des jeux de lumières à couper le souffle. Même égorger un alien en le surprenant par derrière ressemble plus à de l'art qu'à un acte de barbarie. Si dix minutes et un seul niveau présenté, c'est assez peu pour se faire une idée objective, cela s'avère suffisant pour voir que Crysis 3 renoue avec ses premières amours et une liberté de mouvements accrue. L'arsenal s'est étoffé, le terrain de jeu s'est agrandi, les textures se sont encore affinées... finalement Crytek a bien pris note de ses erreurs et a tout fait pour rallier des joueurs déçus à sa cause. Un mea culpa qui pourrait bien faire de Crysis 3 le FPS de l'année. Tout simplement.
Crysis 2 nous a fait peur. Prenant le parti d'un monde fermé sans grande surprise, le titre d'EA semblait rentrer dans les rangs des FPS sans envergure. Heureusement, le tir a été rectifié et Crytek nous rouvre les portes d'un univers où le danger peut survenir de partout. La Nanosuit, les aliens, cette ville de New York plongée dans le chaos, ces nouvelles armes, Crysis 3 nous a encore une fois dévoilé des combats nerveux, un univers fantastiquement modélisé, de quoi nous donner une irrésistible envie de (re)croquer dans la grosse pomme.