C'est bien connu, la mythologie regorge de références que les développeurs n'hésitent pas à exploiter à tout va, comme dans God of War, ou plus proche de nous, Devil May Cry. Seulement voilà, pour les développeurs de Ninja Theory, le temps était venu de laisser tout ce joli monde de côté, et donner à son héros une nouvelle orientation. Une prise de risques pour cette institution du beat'em all qui bousculera les fans. Mais qu'ils se rassurent : Dante reste Dante.
Devil May Cry comme on le connaît, est bel et bien mort. Le temps où Dante arborait une chevelure grisonnante appartient désormais au passé. Ou plutôt au futur. Car ce nouvel opus fait clairement office de "préquelle", c'est-à-dire qu'il se situe avant le premier épisode. Une pirouette agile de la part des développeurs qui s'évitent ainsi tout argument alambiqué pour expliquer les raisons du changement de look de leur héros. Là au moins ils sont au chaud, et peuvent tranquillement dévoiler la nouvelle dégaine de Dante, sans (trop) s'attirer les foudres des fans qui auront de quoi être surpris ! Eh oui, avant d'avoir cette belle chevelure poivre et sel, qui se mariait à merveille avec son style vestimentaire très rock, Dante était plutôt du genre étudiant androgyne, plus intéressé par la gent féminine que la guerre des mondes. D'ailleurs la première scène du jeu ne trompe pas, pour illustrer ce virage "teenager". Gros plan sur un soutien-gorge puis élargissement du plan laissant admirer qu'un ado ne sait pas ranger sa... Caravane. Oui, cela prête à sourire de voir que cette bête de combat que l'on a tant adulé dans les autres épisodes, a vécu une vie de bohème. Néanmoins, la transition "à l'envers" opérée par Ninja Theory fonctionne parfaitement. Amusé du ton pris par cette introduction, on est finalement rassuré de voir que les affaires sérieuses reprennent rapidement. Un monstre marin surgit de l'eau et voilà Dante sur le pied de guerre. Du moins, le temps d'enfiler ses habits façon Austin Powers (le sexe toujours caché par un élément du décor) et de fuir dans cette ville qui cache bien des mystères.
Car Dante va le constater rapidement, cette cité chatoyante n'a visiblement pas envie de le garder vivant. Et elle le lui fait bien comprendre en lui dévoilant deux dimensions diamétralement opposées. Alors que l'une reflète la vie de tous les jours, sans grande surprise, l'autre le plonge instantanément dans un enfer de distorsions en tout genre. Le sol s'effrite, les murs bougent, cherchant à l'écraser, les caméras de surveillance se muent en œil vivant... oui cet univers-là est inquiétant, mais notre ami pourra compter sur une femme qui le guidera dans les ruelles de cette cité. C'est ainsi qu'au détour d'un chemin, il découvrira qu'il peut tirer profit de ce changement de plan dimensionnel. Si nous ne sommes plus dans la réalité, alors pourquoi ne pas s'amuser à étirer des bouts de mur en envoyant le grappin sur les symboles rouges ? De ces plates-formes naîtront, la plupart du temps, une petite phase de réflexion. Ici, dans ce premier niveau, l'objectif étant d'aller arracher cet œil malveillant.
Que les fans se rassurent, si la direction artistique de Devil May Cry a osé chambouler l'univers du titre, le système de combats comme le reste du gameplay n'ont pas bougé. Dante manie toujours aussi bien les flingues que sa serpe à la taille démesurée, et peut aussi compter sur son grappin afin d'attirer les ennemis ou se projeter vers eux. La combinaison de cet armement donne lieu, encore et toujours, à des combos fantastiques, à l'image de ce malin plaisir que l'on prend à s'envoyer en l'air avec un ennemi pendant plusieurs secondes, tout en le truffant de coups. Vous le voyez, nous vous l'avions promis, Dante n'a pas changé. Mieux encore, si nous n'avons pas eu plus de détails sur les conséquences de cet apport de gameplay, Dante pourra faire évoluer son côté angélique ou démoniaque en fonction de l'arme avec laquelle il se battra. La hache rouge et la serpe bleue... A vous de choisir votre voie.
Après la petite demi-heure passée à jouer au niveau proposé, nous pouvons décemment affirmé que ce DMC cartonne. Certes, tout le côté mythologique a cédé sa place à un univers plus "Inception" mais le coeur du jeu, l'essence même de ce qui a contribué au succès de la série est intact. En dépit de son look plus jeune, Dante dégage toujours autant de charisme et de puissance à travers des combats nerveux s'enchaînant à un rythme effréné. Et c'est finalement ça l'âme de DMC : un beat'em all "épuisant", "enthousiasmant", "virevoltant", alors que les détracteurs ne commencent pas leur campagne de dénigrement ! Goûtez-y et vous verrez que le goût qu'il vous restera dans la bouche vous renverra quelques années en arrière vous aussi, à l'époque où Dante avait les cheveux poivre et sel.
Forcément dubitatif quant à la direction prise par les développeurs de Ninja Theory, nous avons vite compris après quelques combats que DMC restera bien dans la veine des précédents volets. Certes, l'ambiance a changé mais tout se tient. Du nouveau look de Dante aux environnements qu'il traverse, tout se fond parfaitement au milieu de ces combats acharnés et combos monstrueux. Devil May Cry n'est pas mort, au contraire. Cette cure de jouvence lui offre un second souffle, de nouveaux horizons dont bien d'autres titres devraient s'inspirer.