Alcahest est méconnu du grand public, et pour cause, il fait partie de ces nombreux jeux de rôle qui ne sont jamais sortis du Japon. A contrario, son développeur HAL Laboratory devrait déjà plus vous parler. Ce nom ne vous inspire pas non plus ? Peut-être faut-il alors vous rafraîchir la mémoire en citant les Kirby ou encore les Super Smash Bros ? Le studio est en effet à l'origine de ces séries incontournables, mais il n'est pas question ici de jeu de plates-formes ou de combats. Nous allons plutôt parler d'action-RPG, et plus important encore, d'action-RPG placé sous la houlette de Squaresoft. Gage de qualité ? Synonyme de jeu incontournable ? Une chose reste sûre, Alcahest est un titre qui ne paye assurément pas de mine au premier abord mais qui regorge finalement d'idées très intéressantes.

Le soft est un condensé de tous les clichés possibles des jeux de rôle de l'époque. Vous incarnez le guerrier Alen qui est choisi pour terrasser Alcahest, une entité maléfique qui apparaît tous les 1000 ans et ronge le monde. Malheureusement, vous n'avez aucune chance face à lui si vous ne ralliez pas à votre cause les quatre gardiens élémentaux. Votre mission est donc toute tracée et se résume à collecter de nouveaux pouvoirs, rencontrer différents alliés et finalement vaincre votre ennemi. Le monde dans lequel vous avancez n'est cependant pas ouvert, puisque le jeu est séparé en plusieurs stages. Chacun d'eux garde la même structure récurrente. Vous êtes dans ce qui s'apparente à un donjon et votre but est d'avancer à l'intérieur de celui-ci en trouvant divers objets nécessaires pour débloquer différentes portes qui vous mèneront finalement au boss des lieux. Si tous les donjons conservent cette structure et laissent présager une certaine redondance, n'y voyez pas là qu'une bête succession de stages qui s'enchaînent sans liens entre eux. La narration tient en effet un rôle plus ou moins majeur à ce niveau-là puisque différents dialogues jalonnent votre route. Leur contenu n'est pas forcément très inspiré, mais cela permet de garder une ligne directrice tout le long de votre périple. Et surtout, de rendre la succession des stages moins perceptible puisqu'elle prend la forme d'ellipses narratives. Vous savez donc pourquoi vous arrivez dans un nouveau lieu, mais sans pour autant avoir parcouru vous-même des kilomètres pour y parvenir.

L'aventure en elle-même est donc peu originale mais propose un contenu qui reste à la fois intéressant en termes de narration et cohérent dans sa structure. On prend du plaisir en jouant, c'est indéniable. Pourtant, le gameplay du titre a de quoi en rebuter plus d'un en début de jeu. En tant qu'action-RPG, vos actions de base sont d'attaquer à l'épée et de vous protéger avec votre bouclier. En pratique, vous faites bouger votre héros dans huit directions et vous avez une touche assignée à votre arme. Si vous la maintenez, vous chargez une jauge qui permet de lancer une puissante attaque de zone. Concernant le bouclier, il bloque la majorité des attaques automatiquement mais uniquement lorsque vous êtes à l'arrêt. Il faut donc gérer ses mouvements et ses placements intelligemment, surtout lorsque l'on sait que les ennemis réapparaissent à l'infini tout autour de vous. Attention, ici on parle bien de réapparition des ennemis à l'intérieur même de la zone où vous vous trouvez, et non en changeant de pièce. Cela se joue en plus au pixel près, il suffit de quelques pas pour que vos assaillants reviennent à la charge. Oubliez alors les retraites anticipées si trop d'ennemis vous submergent, le résultat pourrait être bien pire. Cependant, on ne peut pas non plus considérer cela comme un énorme problème. En effet, les ennemis se tuent très facilement au début comme à la fin du jeu. Mais il faut avouer que les premiers combats se résument principalement à marteler la touche d'attaque, ce qui est un peu rédhibitoire lorsque l'on ne possède encore aucun pouvoir.

Fort heureusement, la donne change assez vite et le gameplay se veut bien plus diversifié. Tout d'abord par la présence des quatre gardiens élémentaux, qui une fois ralliés vous octroient un nouveau pouvoir. Vous ne pouvez cependant utiliser qu'un gardien à la fois, une simple touche permettant de switcher entre chacun d'eux. Votre physique change ensuite en fonction du gardien choisi, ainsi que votre attaque chargée. De plus, les gardiens s'invoquent en combat et utilisent un talent qui leur est spécifique. Notez que là où les attaques chargées s'utilisent à l'infini, les invocations, elles, consomment des MP. En plus de ces alliés élémentaux, vous recevez l'aide de différents protagonistes rencontrés durant vos stages. Ils font partie intégrante de l'histoire, et sont d'une aide très précieuse pour vaincre vos ennemis. Contrairement à votre héros, l'acolyte qui vous accompagne ne possède pas de barre de vie. Il attaque en même temps que vous, selon ses prédispositions magiques et/ou physiques. Il possède néanmoins une attaque spéciale, qui se lance grâce cette fois-ci à une barre de SP. Notez qu'au même titre que la santé, les MP et les SP se récupèrent dans les coffres ou en tuant des ennemis. Vous l'aurez donc compris, le gameplay d'Alcahest est très bien pensé. Avec seulement quatre touches, il est possible d'appréhender, de plusieurs façons, vos combats et votre avancée dans les différents niveaux. Même si la touche d'attaque reste votre principale arme et que vous continuerez quoi qu'il arrive à la marteler, l'ensemble de vos pouvoirs confère au gameplay un côté très intuitif pour des traversées de donjons vraiment dynamiques. Autre point important, vous rencontrez très souvent sur votre route des sortes de tremplins bleus ou verts, qui permettent de foncer ou de sauter sur vos ennemis. Très utiles face aux boss.

Bien que le titre soit très accessible, la difficulté n'est pas pour autant absente du jeu. Il faut tout d'abord savoir que vous possédez un certain nombre de vies. Chaque ennemi terrassé augmente votre quantité d'expérience, et une fois un palier atteint vous gagnez donc une vie supplémentaire. En cas de simple mort, vous perdez une vie et recommencez au début de la zone où vous vous trouviez. Mais si votre nombre de vies tombe à zéro, vous perdez et recommencez au tout début du stage. Il y a quand même peu de chance d'en arriver là pour peu qu'on fasse un minimum attention. Notez qu'il n'y a pas de sauvegardes mais un système de mot de passe afin d'accéder à n'importe quel stage du jeu. Malheureusement, le gameplay du titre pousse le joueur à foncer dans le tas sans se soucier des dégâts. Les items de soins se trouvent en général assez vite, mais il arrive souvent de parvenir à un boss avec une réserve de MP/SP et de santé déjà bien entamée. Autant dire qu'à moins d'être surhumain, il est impossible d'en venir à bout dans de telles conditions. En effet, là où la traversée d'un donjon reste une promenade de santé, les boss eux nécessitent une toute autre approche. Il faut constamment rester en mouvement, trouver le gardien et l'élément susceptible de causer le plus de dégâts, et bloquer les attaques si besoin est. Et si cela ne suffisait pas à vous convaincre, les boss possèdent deux formes pour autant de combats successifs. Donc, conserver au maximum ses items de secours et ses MP est absolument primordial, ce qui amène finalement le joueur à temporiser ses actions en cours de jeu. Au final, Alcahest n'est pas l'action-RPG du siècle mais il possède un charme évident. Malgré son manque d'originalité, il réussit brillamment à nous plonger dans son univers, grâce notamment à une narration minime mais pertinente couplée à un gameplay bourrin mais qui reste propice à la réflexion.