A l'instar de la série des Professeur Layton, conçue elle aussi par Level 5, chaque nouvel opus de Inazuma Eleven semble condamné à ne débarquer en France que trois ans après sa sortie nippone. Qu'à cela ne tienne : les fans savent bien qu'il leur faut prendre leur mal en patience, et qu'ils savoureront d'autant mieux cette suite aux évolutions timides mais au gameplay toujours aussi bien fichu.
Avec son nouveau générique, son découpage en épisodes distincts s'achevant par un to be continued et l'incursion de séquences animées encore plus nombreuses, toujours intégralement doublées en français, Inazuma Eleven 2 s'inscrit plus que jamais dans la mouvance de la série animée, qui semble rencontrer un vrai succès auprès du public. Le jeu vidéo avait de toute façon été conçu dès le départ pour être au centre d'une vaste franchise. Mais ce que les fans du premier volet attendent par-dessus tout, c'est que cette suite en corrige les trois défauts les plus gênants : la répétitivité, la simplicité et l'absence de jeu en ligne. Or, cette préoccupation n'était visiblement pas à l'ordre du jour. Le mélange très réussi de football et de RPG s'étoffe certes de quelques petites nouveautés, mais rien de vraiment flagrant. Les équipes de Level 5 ont préféré consacrer leurs efforts à la déclinaison de cette suite en deux versions distinctes : Tempête de Feu et Tempête de Glace - de quoi permettre à la série de lorgner encore davantage vers le public acquis à la cause de Pokémon.
En fonction de celle pour laquelle vous opterez, vous bénéficierez de certains adversaires, recrues, techniques et maillots exclusifs, bref, de quoi faire chauffer la fonction Echanges du mode multijoueur. Quant à l'amourette du héros, elle impliquera plutôt Silvia ou Nelly, sans que cela change foncièrement grand-chose. N'hésitez pas à lire la description au dos de chaque jaquette pour vous aider à choisir la version qui correspond le plus à vos affinités. Dans les deux cas, l'histoire restera la même. Elle se déroule une semaine seulement après la victoire de Raimon au Football Frontier. Mark et ses équipiers n'ont pas vraiment le temps de savourer leur succès, puisqu'ils sont confrontés à l'attaque subite de leur collège par des envahisseurs venus de l'espace ! La redoutable Alius Academy a décidé de mettre à l'épreuve les différentes équipes de foot du Japon et de détruire le collège de chaque vaincu ! Terrassés lors de leur première rencontre avec les extraterrestres, les joueurs de Raimon, chapeautés par une intrigante nouvelle entraîneuse, vont parcourir tout le pays à la recherche des meilleurs espoirs, afin de pouvoir rivaliser avec cette équipe venue d'ailleurs.
Ce virage encore plus prononcé vers le surnaturel ne sera pas du goût de tout le monde, d'autant que si la trame réserve quelques surprises, elle se révèle plus prévisible, plus convenue et au final moins prenante que celle du premier opus. Mais si le jeu est plus verbeux que jamais, parfois pour pas grand-chose, les nouveaux protagonistes sympathiques et pleins de bonne humeur (mention spéciale à Tori !) et la théâtralisation toujours aussi délicieusement excessive finiront par provoquer votre adhésion. D'autant que vous ne risquez pas de perdre vos repères, le jeu étant très similaire à son prédécesseur, une impression renforcée par le fait que vous y retrouverez des lieux et des équipes déjà croisées, ainsi que toutes les fonctionnalités que vous connaissez déjà. Vous troquerez ainsi le local de foot du club de Raimon, qui a été détruit, par une vaste caravane toute équipée qui vous permettra non seulement de parcourir le Japon, mais aussi d'accéder à toutes vos options favorites : recrutement de nouveaux équipiers (parmi une base portée à 1500 joueurs), élargissement de votre chaîne de relations, organisation de matchs amicaux... Rien ne manque à l'appel.
Le gameplay est constitué d'un mélange savamment dosé de football et de jeu de rôle qui n'a rien perdu de son efficacité. Vous dirigez un petit groupe de personnages qui explorent des endroits variés avec rencontres aléatoires à la clé (les défis), progressent en gagnant des niveaux, en s'équipant et en acquérant de nouvelles capacités, et affrontent de grosses équipes qui font figure de boss. La partie aventure étant inchangée, c'est au niveau des matchs qu'il faut aller chercher les réelles nouveautés, qui se font toutefois discrètes. Vous pouvez d'abord tirer de loin en utilisant certaines techniques prévues à cet effet (signalées par un T), tout joueur adverse situé sur la trajectoire ayant l'opportunité d'intervenir en utilisant une technique de blocage (indiquée par un B). Les gardiens sont donc susceptibles d'encaisser des buts encore plus spectaculaires, mais cela ne rend pas le gameplay plus exigeant vu que l'IA ne profite pas au mieux de cette fonctionnalité. Autres ajouts : les joueurs polyvalents, qui peuvent switcher entre plusieurs rôles, l'amélioration possible des techniques les plus fréquemment utilisées, ou encore la présence de capacités passives à débloquer.
Les nouveautés sont donc un peu maigres, mais rappelons, à la décharge de Level 5, que la version européenne du premier volet intégrait déjà certaines améliorations, comme la gestion automatique de la frénésie, qui n'ont été incluses au Japon que dans les épisodes ultérieurs. On déplorera davantage que les défauts majeurs n'aient pas été corrigés : les défis participent toujours autant à la répétitivité de l'ensemble (était-ce si difficile d'en imaginer de nouveaux ?), le challenge est une fois encore très relatif (ce qui le rend en contrepartie accessible à de jeunes enfants) et surtout, il n'y a toujours aucun jeu en ligne possible. La notice vous allèche en vous invitant à affronter vos amis en ligne, mais il s'agit en réalité du mode Contact, qui se résume à télécharger l'équipe d'un joueur distant afin de rivaliser contre elle. Bref, il faut une fois encore se replier sur le mode wi-fi, néanmoins fort sympathique, qui permet de jouer jusqu'à 4 en local. Au final, si Inazuma Eleven 2 : Tempête de Feu/Tempête de Glace plaira à n'en point douter à tous ceux qui ont adoré le premier, il n'apporte pas une valeur ajoutée suffisante pour mériter un achat à l'aveugle.
- Graphismes17/20
Les nouveaux lieux, plus variés, plus détaillés et plus jolis, témoignent d'un léger upgrade graphique, mais globalement, le rendu visuel est similaire à celui de l'épisode précédent. Toujours aussi superbes et encore plus nombreuses, les séquences animées sont aussi mieux intégrées.
- Jouabilité15/20
Le gameplay s'enrichit surtout au niveau de la gestion des techniques, qui peuvent être utilisées de loin, améliorées à l'usage, etc. Pour le reste, c'est le statu quo ; on déplore que les défauts les plus gênants (notamment le challenge insuffisant et la répétitivité) n'aient pas été corrigés.
- Durée de vie15/20
L'aventure étant un peu plus courte que celle du premier volet, il ne vous faudra pas plus de 15 à 25 heures pour la boucler, mais la base de joueurs conséquente et les fonctionnalités multijoueurs rehaussent la durée de vie, même si on regrette toujours autant l'absence de jeu en ligne.
- Bande son17/20
Un effort particulier semble avoir été consacré aux compositions musicales, qui s'avèrent à la fois plus variées et plus travaillées que dans le premier volet. Les bruitages sont toujours aussi soignés et les voix en français se font entendre encore plus fréquemment, pour notre plus grand plaisir.
- Scénario13/20
Il est toujours difficile pour les scénaristes de rebondir après l'effet de surprise et la magie de la découverte qui caractérisent un premier volet. Mais on attendait sans doute autre chose que cette abracadabrante histoire d'extraterrestres adeptes de football qui détruisent les collèges japonais.
Inazuma Eleven 2 est-il meilleur que son prédécesseur ? Malheureusement, non. La formule, qui combine football et RPG, est toujours aussi efficace et le gameplay tactile n'a rien perdu de son attrait. Mais les évolutions s'y font bien trop timides et les quelques écueils du premier volet n'ont pas été corrigés : facile et répétitif, le jeu ne permet toujours pas d'affronter un adversaire en ligne. Si ces défauts vous avaient rebuté, ils le feront tout autant, et si vous n'avez jamais touché à un Inazuma Eleven, on ne voit pas très bien ce qui pourrait vous inciter à privilégier cette suite. Et ça, c'est quand même un problème.