En dépit du temps qui passe, l'éternelle lutte entre les chevaliers d'or et les fidèles servants de la déesse Athéna continue de faire fantasmer toute une génération de fans de l'oeuvre de Masami Kurumada. Et parce que Saint Seiya n'a été que trop rarement adapté en jeux vidéo, l'équipe de Dimps tente l'impossible en transposant le manga pour la première fois sur PS3.
Et désormais, plus question de se limiter à des affrontements classiques en un contre un, comme c'était le cas sur les deux titres déjà sortis sur PS2. Ici, l'heure est aux combats de masse, n'en déplaise aux puristes qui auront du mal à digérer le fait que l'on passe plus de temps à corriger les sbires du Grand Pope qu'à défier les fiers chevaliers d'or. La formule se rapproche donc davantage de celle d'un Dynasty Warriors. Comprenez que les armées du sanctuaire vous assailliront par centaines de milliers et tomberont comme des mouches autour de vous. Un choix discutable, tant la place que prennent ces phases de beat'em all s'avère importante durant l'ascension vers la maison du Grand Pope.
Un moyen un peu facile de rallonger une durée de vie autrement fort réduite en mode Histoire, même s'il eut été plus judicieux d'intégrer d'autres passages du manga et de l'anime. Ceux qui nourrissaient le fol espoir de participer au tournoi intergalactique, d'affronter les guerriers divins d'Asgard, de briser les piliers gardés par les généraux de Poséidon ou de s'aventurer dans les tréfonds du royaume d'Hadès resteront sur leur faim. Le jeu ne couvre en effet que la traversée des douze maisons du zodiaque, et pas toujours de manière très fidèle. En effet, si les affrontements contre les chevaliers d'or respectent scrupuleusement le déroulement de l'histoire originale, des intervenants inattendus se retrouvent parfois parachutés là où on les attend le moins lors des phases de beat'em all. Une façon bien maladroite d'accorder une modeste place à des personnages secondaires, comme Cassios, Misty ou les chevaliers noirs, le soft ayant au moins le mérite d'intégrer un très large éventail de combattants jouables.
Le mode Histoire est donc caractérisé par une alternance de combats de masse et de combats de boss, ces derniers constituant sans surprise le principal attrait du jeu. Le joueur incarne, tour à tour, les cinq chevaliers de bronze, chacun possédant sa propre grille d'évolution. Les points d'expérience acquis sont à répartir entre différents critères, permettant notamment de booster la puissance des attaques spéciales ou d'acquérir des bonus souvent très onéreux. Là encore, les développeurs ont joué la facilité en nous obligeant à multiplier les heures de jeu pour espérer débloquer toutes les compétences possibles. D'autant qu'il existe une multitude d'autres personnages à faire évoluer, en dehors des chevaliers de bronze. Encore faut-il que le gameplay se révèle suffisamment riche pour ne pas lasser le joueur avant même qu'il ait achevé la traversée des douze maisons, et c'est justement là que repose toute la problématique.
On pourra, certes, incomber la faute à l'auteur du manga, mais l'éventail plus que réduit des techniques propres aux chevaliers du zodiaque n'a pas facilité la tâche des développeurs. Les combattants ne possédant pas plus de deux ou trois attaques spéciales, l'équipe de Dimps a dû trouver un subterfuge pour éviter que la monotonie ne s'installe trop rapidement dans le gameplay. Les concepteurs ont ainsi mis en place plusieurs degrés d'attaques qui influent sur la puissance des coups utilisés. De base, les combos et les techniques tels que les météores de Pégase n'ont qu'un impact limité, même sur les vulgaires fantassins du sanctuaire. En revanche, il suffit de charger son cosmos pour que toutes les attaques passent en mode rafale et voient leurs dégâts décuplés. Ceux qui veulent assurer le spectacle abuseront surtout du septième sens, pas seulement utile pour esquiver les assauts fulgurants des chevaliers d'or mais aussi pour donner du relief aux techniques de base. Combinées avec le septième sens, les attaques rafales se retrouvent mises en valeur de bien belle façon, même si on se lasse assez vite de voir revenir toujours les mêmes angles de caméra dans leur mise en scène.
Face aux chevaliers d'or, le septième sens n'est plus une option mais bien une composante essentielle à la résolution de ces combats pour le moins ardus. Les assauts des gardiens des douze maisons ne pardonnent pas la moindre erreur, et n'imaginez même pas esquiver une aiguille écarlate ou un éclair foudroyant sans recourir au sens le plus aigu des chevaliers pour ralentir l'action. Toute la difficulté réside dans la gestion de la cosmo-énergie pour parvenir à trouver une ouverture permettant d'infliger une attaque Big Bang à son adversaire. Bien sûr, le challenge dépend énormément du degré de difficulté choisi et du niveau du personnage utilisé, mais on apprécie d'autant plus ces affrontements qu'ils sont ponctués de nombreuses cut-scenes reprenant les passages clefs de l'anime. Dommage que le moteur du jeu, un peu faiblard, ne rende pas justice au charisme des chevaliers, la modélisation 3D n'étant pas franchement du plus bel effet.
A noter qu'il est possible, à tout moment, de faire sauter son armure pour accélérer la récupération du cosmos au détriment de la défense. On peut aussi déclencher une parade rafale qui consiste à faire exploser son cosmos pour repousser les adversaires un peu trop collants. Quant aux potiches grecques, elles renferment souvent de la poussière stellaire qui confère différents effets aussi bénéfiques que temporaires. Ceux qui bavaient devant la possibilité de jouer à deux en coopération seront par contre déçus de constater que ce mode ne concerne que quelques missions bien spécifiques. Qui plus est, la caméra n'est jamais optimale puisque les deux joueurs apparaissent sur le même écran, mais c'est en tout cas le seul moment où les chevaliers d'or sont épaulés par des sous-fifres. Quant au online, aucun mode de ce style n'est proposé, si ce n'est la possibilité d'enregistrer ses scores pour intégrer un classement en ligne. Au final, difficile de se montrer réellement enthousiaste devant cette adaptation qui transpire la facilité et parvient tout juste à se hisser un cran au-dessus des épisodes PS2.
- Graphismes9/20
Une réalisation décevante caractérisée par une modélisation 3D grossière et des angles de vue qui se répètent à l'infini. On aurait préféré voir les cut-scenes remplacées par des séquences issues de l'anime.
- Jouabilité10/20
Les attaques rafales et le septième sens compensent un peu le caractère réduit des techniques utilisées par les chevaliers. Cela n'empêche toutefois pas le gameplay d'être extrêmement répétitif, même si on apprécie davantage les affrontements face aux chevaliers d'or que les combats de masse contre les sbires du Grand Pope. Les parties en coopération à deux joueurs sur un même écran sont autorisées, mais la caméra fixe rend l'action assez illisible.
- Durée de vie12/20
Terminer le mode Histoire ne requiert pas beaucoup de temps, mais il faudra multiplier les heures de jeu pour espérer débloquer tout le contenu du titre. En plus des scénarios additionnels, on trouve une poignée de challenges bonus et chaque personnage peut acquérir de l'expérience pour voir ses techniques gagner en efficacité. Dommage que seules quelques missions soient jouables en coopération et qu'il n'y ait qu'un système de classement qui soit proposé online.
- Bande son12/20
On ne trouve quasiment aucune reprise des musiques originales de l'anime, et leur absence se faire cruellement ressentir durant les moments forts de l'histoire. Les compositions du jeu sont certes dans la lignée de celles de la série, mais elles ne leur arrivent pas à la cheville. Le doublage japonais est heureusement conservé. Les textes sont en français mais certains noms d'attaques ne sont pas respectés.
- Scénario11/20
Parce que le jeu ne couvre que la partie dédiée au sanctuaire, avec la traversée des douze maisons du zodiaque, les fans resteront forcément sur leur faim. Si les duels contre les chevaliers d'or sont fidèles à l'histoire originale, ce n'est pas le cas des combats de masse qui nous opposent parfois à des adversaires qui n'ont rien à faire là.
On attendait évidemment beaucoup plus de cette adaptation PS3 de Saint Seiya qui ne dépasse que d'une courte tête les médiocres volets PS2. Le choix des combats de masse aurait pu se justifier si le gameplay était parvenu à se renouveler suffisamment pour empêcher l'ennui de s'installer trop rapidement, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Les missions en coopération sont anecdotiques et seuls les duels contre les chevaliers d'or empêcheront les fans que nous sommes de regretter notre achat.