Sorti fin 2010 en plein milieu d'une période très concurrentielle, Two Worlds II avait eu un peu de mal à se distinguer. Sa jouabilité laborieuse et ses doublages en français monstrueusement mauvais avaient convaincu les amateurs de jeux de rôle de se reporter sur d'autres titres. A l'occasion de la sortie en téléchargement de son extension Pirates of the Flying Fortress, ainsi que d'une édition Game of the Year regroupant le jeu de base et son add-on, le titre de Reality Pump se rachète une conduite et devient parfaitement recommandable.
Pirates of the Flying Fortress est une extension qui, comme son nom l'indique, vous entraîne dans l'univers de la flibuste. Elle développe une trame totalement indépendante de celle du jeu de base : il vous sera impossible de profiter des deux en même temps. Pour plonger dans cette nouvelle aventure, vous aurez besoin d'un avatar de niveau 42 ou plus. Vous pourrez donc, soit importer un personnage existant, soit en créer un nouveau, le jeu se chargeant dans les deux cas de le mettre à niveau. Votre personnage est convoqué, de manière un peu brutale, par le redoutable Capitaine Teal, qui l'entraîne avec lui dans l'archipel d'Ublaryak, à la recherche d'un trésor légendaire qui aurait le pouvoir de procurer "ce que l'on désire le plus". Les lieux sont hélas chargés d'une lourde malédiction qui semble empêcher tout visiteur d'en repartir. Aurait-elle un rapport avec cette forteresse volante qui flotte à l'horizon et qui effraie l'équipage de Teal ? Voilà l'intrigue que vous propose de démêler cette extension. Si les quêtes ne sont pas extrêmement nombreuses, elles restent plaisantes car elles mettent en scène des personnages bien croqués, et ont surtout le mérite de vous proposer quelques choix : Pirates of the Flying Fortress propose à ce titre trois fins possibles.
La première chose qui saute aux yeux, ce sont les améliorations par rapport au jeu de base, que ce soit sur le plan de la réalisation ou de la jouabilité. Visuellement, Two Worlds II est plus beau que jamais : dans de jolis décors servis par un cycle jour/nuit du plus bel effet, évoluent des PNJ bien plus crédibles, qui bénéficient de visages enfin réalistes et d'animations retravaillées. Le boost graphique n'est pas peut-être pas aussi prononcé que sur la version PC en raison d'une modélisation moins fine, d'un clipping encore trop prépondérant et d'une fluidité pas toujours optimale. Mais le jeu rattrape le coup artistiquement parlant : on se prend à admirer le reflet de la lune sur l'eau à l'occasion d'une virée nocturne en bateau. Mais le plus réjouissant, c'est de voir que TopWare Interactive, l'éditeur, a tenu compte des critiques des joueurs, et propose cette fois des voix en français décentes, ce qui fait d'autant plus plaisir que les dialogues sont mieux mis en scène. On aurait certes apprécié que les doublages soient entièrement refaits, afin que les anciens ne jurent pas autant avec les nouveaux, mais on s'en contentera, d'autant que votre personnage a le mérite de vous épargner la plupart de ces phrases niaises qu'il sortait à chaque fois que vous terrassiez un ennemi !
De son côté, le studio Reality Pump a lui aussi écouté les doléances des joueurs et propose quelques améliorations en matière de jouabilité. Il faut certes continuer à se farcir une interface globalement peu ergonomique, impliquant un nombreux faramineux de boutons et de combinaisons de boutons pour accomplir les actions de base, mais certains défauts gênants ont été corrigés. Vous pestiez contre le système d'autoloot, qui vous contraignait à ramasser d'un coup tous les objets droppés ? Une fenêtre vous permet à présent de looter ce que vous voulez. Vous en aviez assez de devoir préparer systématiquement votre arme même après avoir utilisé le raccourci dédié ? Cette précaution n'est plus nécessaire. Qui plus est, les options de paramétrage sont plus nombreuses. Le jeu est devenu bien plus agréable à jouer, et vous pouvez désormais profiter pleinement de son gros point fort : la variété des approches possibles en combat, en liaison directe avec la liberté offerte dans la progression de votre personnage. Il subsiste toutefois quelques défauts, comme ces combats dans des endroits clos (de véritables guet-apens pour les combattants à distance) et cette IA toujours aussi poussive, dont vous pouvez exploiter les errements pour triompher. Mais rien de rédhibitoire.
Très axé sur l'exploration, Pirates of the Flying Fortress vous invite à visiter une demi-douzaine d'îles, dont la surface paraît particulièrement vaste en raison de l'absence (judicieuse) de montures. Outre les téléporteurs, toujours aussi pratiques pour se déplacer rapidement, vous retrouvez la possibilité d'utiliser un bateau, qui offre désormais une option de navigation automatique. Au programme également : quelques monstres inédits et de nouveaux équipements (l'arbalète !) pour un contenu somme toute très décent, offrant une quinzaine d'heures de jeu supplémentaires. Si l'extension paraîtra plutôt facile à qui importera un personnage déjà bien stuffé, les autres risquent d'en baver un peu plus. Quoi qu'il en soit, on est loin de la durée de vie d'un vulgaire DLC, d'autant que cet add-on inclut en sus 4 nouvelles cartes multijoueurs, que nous n'avons pas eu l'occasion de tester mais qui viennent renforcer un secteur du jeu dont la présence a été très appréciée. Disponible indépendamment ou dans le cadre d'une édition Game of The Year incluant le jeu de base, Pirates of the Flying Fortress est donc un add-on fortement recommandable, qui représente l'occasion parfaite de relancer un titre que l'on avait peut-être trop vite enterré.
- Graphismes16/20
Animations, expressions faciales, cycle jour/nuit : le jeu a bénéficié de légères améliorations sur le plan visuel, qui le rendent plus joli à regarder même si le clipping toujours trop prononcé et la modélisation moins fine que sur PC nous rappellent que nous sommes sur une console de 5 ans d'âge.
- Jouabilité14/20
Là encore, l'équipe de Reality Pump a rectifié le tir en corrigeant les défauts de jouabilité les plus gênants. Bien que l'ergonomie générale de l'interface reste très perfectible, le gain évident en termes de confort de jeu rend Two Worlds II bien plus agréable à parcourir.
- Durée de vie15/20
Pirates of the Flying Fortress procure une quinzaine d'heures de jeu supplémentaires. La présence de 3 fins possibles lui assure un petit potentiel de rejouabilité, tandis que l'inclusion de 4 nouvelles cartes multijoueurs achève d'en faire une valeur sûre en termes de longévité.
- Bande son15/20
Alléluia ! Profiter de Two Worlds II avec des voix françaises décentes revient vraiment à redécouvrir le jeu, même si on aurait apprécié que les anciens doublages soient réenregistrés. Les thèmes musicaux n'ont rien perdu de leur beauté, mais les bruitages laissent toujours un peu à désirer.
- Scénario14/20
Portée par des enjeux à la fois plus légers et plus intimistes, la trame principale se révèle pourtant plus intéressante à suivre que celle du jeu de base. C'est en parti dû au fait que les personnages sont plus travaillés. Dommage que les quêtes annexes soient si peu nombreuses.
Si vous aviez fait l'impasse sur Two Worlds II, il est grand temps de lui donner une nouvelle chance à l'occasion de la sortie de son extension Pirates of the Flying Fortress, qui en corrige les défauts les plus fâcheux. La jouabilité a été légèrement améliorée et les dialogues profitent enfin d'un doublage décent ! Il subsiste bien quelques écueils plus ou moins gênants, mais le titre de Reality Pump devient nettement plus agréable à parcourir. Bref, n'hésitez pas à craquer pour cette extension dépaysante à l'intrigue sympathique. Et si vous ne possédez pas encore le jeu de base, l'édition Game of the Year, combinant Two Worlds II et son add-on, est une acquisition avisée !