Développé initialement en arcade sur le Sega System 18, le jeu d'action Shadow Dancer a par la suite été converti sur les consoles de salon de Sega. Alors que la version Megadrive s'éloignait assez significativement du gameplay de la borne (avec notamment un système d'otages à libérer), l'adaptation Master System se voulait plus fidèle à l'esprit et au déroulement du hit d'origine. C'est justement de cette version dont nous allons parler aujourd'hui.
Un groupe de terroristes répondant au nom de l'aurore d'Asie (!) s'est mis en tête de détourner une navette spatiale destinée à contrôler un ensemble d'armes. L'idée est simple : en détournant le vaisseau, les terroristes prendront par la même occasion le contrôle de l'armement, ce qui leur permettra de semer la panique dans le monde. Il appartient donc au valeureux ninja Takashi d'arrêter ce complot pendant qu'il est encore temps. Pour ce faire, notre héros devra traverser quatre niveaux (l'aéroport, le train, les égouts et la station de lancement). D'emblée, on constate que les stages bénéficient d'arrière-plans plutôt jolis. Les sprites des personnages sont également réussis et ils impressionnent par leur taille. Dommage que quelques bugs d'affichage disgracieux viennent ça et là perturber l'animation. Sans cela, ce Shadow Dancer aurait pu figurer dans la catégorie des plus beaux jeux de la 8 bits de maître Sega.
En ce qui concerne le gameplay, on retrouve la simplicité de la borne d'arcade. Côté déplacements, Takashi bénéficie d'un double saut qui lui permet d'atteindre les plates-formes en hauteur et il peut également ramper pour passer en dessous des projectiles adverses. Côté combat, le ninja dispose de plusieurs possibilités : il peut tout d'abord lancer des shurikens ou encore donner des coups de sabre s'il se trouve à proximité de son adversaire. Attention cependant à ne pas trop privilégier cette tactique car les ennemis ont bien souvent tendance à toucher en premier. Il peut ensuite faire appel à son chien qui ira volontiers goûter les mollets des différents ennemis. A noter que contrairement à la borne d'arcade, le chien ne se promène plus aux côtés du héros et se contente d'apparaître lorsque l'on fait appel à lui. Et enfin, il peut utiliser des magies appelées aussi Ninjutsu, lesquelles sont au nombre de trois : la tornade, le feu et une attaque envoyée par un bouddha. Très efficaces, elles apparaissent aléatoirement au début de chaque niveau et éliminent tous les adversaires de l'écran, dans une mise en scène du plus bel effet. Il convient malgré tout de les utiliser avec parcimonie car elles sont en quantité très limitée.
En déambulant dans le premier stage, on s'aperçoit rapidement que la difficulté du soft est très élevée. En effet, il n'y a pas de barre d'énergie, de telle sorte que le moindre coup encaissé par le ninja est synonyme de vie perdue. Et des vies, il n'y en a pas beaucoup : trois seulement, avec la possibilité d'en gagner quelques-unes supplémentaires si on arrive à terminer les difficiles bonus stages qui s'intercalent entre les mondes principaux. Pour rajouter encore un peu plus de challenge, les développeurs ont eu l'idée vicieuse de ne mettre aucun système de continus. Autant dire qu'il faut progresser à tâtons dans l'aventure car la moindre erreur d'inattention se paie cash. La connaissance parfaite de chaque recoin des niveaux (savoir où se situe chaque ennemi, quelles sont exactement ses attaques...) sera la condition indispensable pour pouvoir avancer. Après avoir passé de longues heures à arpenter les stages, on se retrouve face à un autre problème : les boss. Ces derniers sont incroyablement difficiles à battre car il faut non seulement connaître leurs attaques parfaitement, mais il faut en plus bien souvent sauter par-dessus les projectiles qu'ils envoient, dans des séquences où les bonds du héros se calculent au pixel près : un centième de seconde trop tôt ou trop tard, et c'est perdu. Cerise sur le gâteau, les magies sont inutilisables contre les boss et il faut tout faire avec les shurikens.
Bref, finir Shadow Dancer relève plus de la gageure qu'autre chose et si la série Shinobi a toujours été réputée pour sa difficulté, les développeurs auraient dû faciliter un tantinet la tâche du joueur en rajoutant par exemple une barre de vie. En l'état, le titre exige un tel degré de concentration et de maîtrise que seuls les acharnés du paddle arriveront à voir le troisième niveau. Les autres, excédés par cette difficulté outrancière, lâcheront bien vite l'affaire pour se tourner vers des jeux plus accessibles. C'est plutôt dommage, car le bilan technique du jeu est satisfaisant et les sensations de la borne d'arcade sont très bien retranscrites.
- Graphismes14/20
D'un point de vue technique, le jeu souffle un peu le chaud et le froid. D'un côté, les arrière-plans sont réussis, la taille des sprites est réellement impressionnante pour une Master System et la mise en scène des différentes magies ne manque vraiment pas de cachet. De l'autre, le jeu souffre de bugs d'affichage extrêmement fréquents et son animation n'est pas exempte de tout reproche quand l'écran est un peu chargé. Dans l'ensemble, le bilan technique reste toutefois positif.
- Jouabilité14/20
Le personnage répond bien aux commandes de base, et les mouvements plus atypiques comme le double saut ou les magies sortent sans aucun problème. Cependant, le héros est extrêmement rigide et il faut un peu de temps avant de s'habituer à ses déplacements.
- Durée de vie13/20
C'est un critère très délicat à noter. Le jeu n'est doté que de quatre niveaux, mais le joueur qui voudra voir la fin du titre devra s'armer de patience et passer de longues heures avant de connaître l'intégralité des stages par cœur. La difficulté est très relevée et la moindre touchette fait perdre une vie. De plus, les boss sont incroyablement durs à battre, et il faut connaître leurs attaques sur le bout des doigts pour avoir une infime chance de remporter le combat.
- Bande son15/20
Les thèmes musicaux sont vraiment réussis et changent en fonction des stages. Les bruitages sont bons et la petite 8 bits nous gratifie même de digits vocales lorsque le héros déclenche ses magies.
- Scénario14/20
Vous incarnez le ninja Takashi, lequel doit déjouer un complot dirigé par un groupe de terroristes. Ces derniers ont le funeste projet de détourner une navette spatiale. Le ninja sera aidé dans sa tâche par un canidé qui n'hésitera pas à aider son maître dans les situations difficiles.
Shadow Dancer sur Master System est un jeu très frustrant. Sa difficulté est en effet si importante qu'elle risque de décourager la plupart des personnes qui auront l'audace de se frotter à un tel titre. Toutefois, ceux qui posséderont le courage et la patience de progresser dans les niveaux découvriront un bon jeu d'action bien réalisé et doté d'un gameplay très fidèle à celui de la version arcade. Il s'agit en définitive d'un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains et qui est sans doute l'opus le plus difficile de la franchise Shinobi.