Vous pensiez que le grand Batman pouvait ramener l'ordre à lui tout seul dans les rues de Gotham City ? C'était sans compter sur la horde de petits malfrats qui prennent le Joker en exemple pour mettre la ville à feu et à sang. Il faut réveiller le super-héros qui sommeille en vous pour arrêter cette terrible armée de clowns. Enfilez votre plus belle cagoule sur laquelle vous avez greffé des oreilles pointues, confectionnez une jolie cape en taillant les rideaux, bref, mettez un peu de chauve-souris dans votre garde-robe et transformez-vous en véritable petit Batman en herbe dans Gotham City Imposteurs.
Pas la peine de vous faire un dessin, Batman n'en est pas à sa première adaptation dans le petit monde des jeux vidéo. La licence DC Comics s'est ainsi récemment distinguée avec les deux excellents opus signés Rocksteady : Arkham Asylum et Arkham City. Ces deux titres ont en effet ravi les fans du justicier masqué en proposant certes un scénario original mais en se montrant surtout particulièrement fidèles à l'esprit de la série. Autant vous le dire tout de go, Gotham City Imposteurs ne joue pas du tout sur le même registre. Le soft développé par Monolith est tout simplement un FPS multijoueur qui joue clairement la carte de la dérision. Comprenez par là que vous ne verrez pas l'ombre d'un super-héros mais que vous assisterez plutôt à une lutte opposant des clowns totalement déjantés à d'apprentis redresseurs de torts au moins aussi tordus. La ville de Gotham n'est donc ici qu'un prétexte pour vous plonger dans des échauffourées aussi loufoques qu'explosives.
Il suffit de faire un détour par les différents modes de jeu disponibles pour avoir une bonne idée de ce qui nous attend. On pourra bien entendu commencer par lorgner du côté des modes Initiation et Défis pour prendre en main les commandes en solo, mais c'est véritablement avec 11 autres joueurs que les choses sérieuses commencent. Si le traditionnel Deathmatch en équipe se contente de faire s'opposer les deux camps, les modes Guerre Psychologique et Fumigation méritent une petite explication. Le premier est une variante d'un mode CTF plus classique à la différence qu'ici le drapeau est remplacé par une unique batterie que se disputent les deux équipes. Celle-ci permet en effet de mettre en route un énorme haut-parleur qui va totalement saper le moral des ennemis. Ces derniers seront alors incapables d'utiliser une arme ou un gadget, autant dire qu'ils constitueront du gibier sans défense... Le but est bien entendu de marquer le plus de points possible en apportant cette précieuse batterie au haut-parleur. Le mode Fumigation ressemble un peu plus à un mode Conquête : il s'agit de prendre le contrôle puis de défendre des points précis qui sont ici matérialisés par des diffuseurs de gaz. On en trouve trois sur toute la map et il suffit qu'une équipe en possède deux pour que son gaz se répande plus vite. La victoire n'est acquise que lorsque l'un des gaz a totalement supplanté l'autre, apportant dans son sillon son lot de fous rires dévastateurs ou de chauves-souris vengeresses. Ce mode de jeu est certainement le plus dynamique puisqu'il faut constamment rester mobile pour occuper le terrain. Il suffit d'une petite baisse de régime pour que la vapeur s'inverse et que l'équipe qui était sur le point de gagner se retrouve finalement à la traîne.
Ces modes de jeu viennent dépoussiérer de grands classiques mais la véritable originalité de Gotham City Imposteurs est plutôt à chercher du côté des kits de personnages. De nombreux FPS multijoueurs ont déjà joué la carte des classes personnalisables, mais celui-ci apporte un vent de folie à l'ensemble qui n'est pas pour nous déplaire. Vous pourrez d'emblée choisir entre cinq kits prédéfinis vous permettant notamment d'endosser le rôle du médecin, du sniper ou du défenseur. Mais là où les choses deviennent un peu plus intéressantes, c'est lorsque vous commencez à construire vos propres kits personnalisés. On commence ainsi par choisir le gabarit de son avatar sachant qu'un modèle fluet sera plus rapide mais moins résistant et moins à l'aise avec les armes lourdes qu'un gros pataud. Il faut ensuite choisir ses deux armes, les modifier à sa convenance, et organiser tout un ensemble d'atouts divers et variés. Les choses deviennent un peu plus croustillantes avec le choix de l'objet de soutien et du gadget. Le premier est encore relativement classique puisqu'il peut s'agir par exemple d'une bombe artisanale, d'un boomerang qui peut cibler plusieurs adversaires, d'un piège à ours qui va considérablement ralentir celui qui s'y prend les pieds ou d'une boîte à piège qui fait office de mine antipersonnel. On tombe clairement dans l'heureux n'importe quoi avec le gadget puisqu'on y trouve des semelles gonflables permettant d'effectuer des doubles-sauts, un lance-grappin et des bottes à ressorts pour s'élever dans les airs ou encore des jumelles de visée pour voir les adversaires à travers les murs et pour les signaler à ses coéquipiers.
Vous imaginez bien que les affrontements mettant en scène un tel arsenal manquent furieusement de sérieux. Entrer dans une partie de Gotham City Imposteurs revient plus ou moins à pénétrer dans une immense cour de récréation : les explosions font des bruits ridicules, les joueurs virevoltent dans tous les sens et vous risquez à tout moment de tomber sur un gadget insolite qui vous fera passer l'arme à gauche. Ceux qui cherchent des combats bien organisés ou même équilibrés peuvent passer leur chemin, ici les différents atouts et équipements mettent tout le monde sur un pied d'inégalité ! Finalement, on se retrouve avec un jeu qui mise avant tout sur le fun. La recette est certes alléchante mais elle n'est pas parfaite. Le jeu rencontrait ainsi des problèmes de matchmaking à sa sortie, mais ceux-ci ont été assez bien résolus par un patch. Il demeure tout de même un souci de taille : le modèle économique du jeu est vraiment bancal. Non seulement il vous faudra débourser une quinzaine d'euros pour un titre multijoueur qui ne comporte pour l'instant que six maps, mais le soft intègre aussi une foule de microtransactions un peu à la manière d'un free-to-play. Vous pourrez ainsi mettre la main au porte-monnaie pour acquérir quelques bonus esthétiques, mais aussi pour avoir droit à des bonus d'expérience. On comprend qu'un jeu proposé gratuitement emploie ce procédé mais la pilule passe un peu moins bien lorsqu'il s'agit d'un titre payant. L'addition se révèle donc finalement un peu trop salée et il aurait fallu que ce Gotham City Imposteurs se montre moins gourmand pour conserver toute notre sympathie.
- Graphismes14/20
Le jeu est loin d'être extraordinaire d'un point de vue graphique et les plus observateurs risquent d'être choqués par des animations d'une incroyable rigidité. Heureusement, le côté totalement loufoque de cet univers rattrape le coup et nous offre un joli spectacle.
- Jouabilité15/20
Ne cherchez pas un gameplay équilibré valorisant uniquement le skill des participants, Gotham City Imposteurs joue clairement la carte du fun. Au final on s'amuse vraiment, même lorsque les parties semblent jouées d'avance, et c'est tout de même le plus important.
- Durée de vie12/20
On peut désormais s'amuser sur six maps mais le compte reste tout de même un peu juste quand on sait que le jeu coûte une quinzaine d'euros. La présence d'une foule de petits DLC payants ne fait qu'accentuer cette impression de rester un peu sur sa faim.
- Bande son12/20
Les amateurs d'effets sonores délirants trouveront certainement leur bonheur mais les autres auront parfois un peu de mal à rester concentrés sans baisser le volume de l'ensemble.
- Scénario/
Gotham City Imposteurs est un FPS multijoueur bourré de bonnes idées et qui a la bon goût de ne pas se prendre au sérieux. Il vous réserve certainement quelques parties aussi endiablées que loufoques mais on a du mal à pardonner les excès de son modèle économique. Vous aurez en effet vraiment l'impression de jouer à un free-to-play payant...