SNK vs Capcom, Namco X Capcom, Marvel vs Capcom... On ne compte plus les cross-over imaginés par Capcom dans les années 2000. Souvent réussis, ces jeux de combat hauts en couleur ont connu un joli succès en arcade et sur consoles. A tel point que d'autres éditeurs s'y sont essayés comme Warner Interactive et son Mortal Kombat vs DC Universe. Dernièrement, Ultimate Marvel vs Capcom 3 a enthousiasmé tous les fans de baston en 2D. Nerveux, archi-complet, cet épisode à la fois accessible et technique constituait en quelque sorte l'aboutissement de la franchise. Moins de 6 mois plus tard, Capcom nous invite à retrouver les combattants prestigieux des séries Street Fighter et Tekken dans un soft attendu de longue date. Ken, Ryu, Chun-li et consorts contre Heihachi, Nina ou Yoshimitsu... L'affiche est vraiment belle et on comprend aisément l'impatience des fans. Qu'ils se réjouissent : Street Fighter X Tekken est une véritable tuerie !

Qui dit cross-over entre deux séries aussi connues que Street Fighter et Tekken dit casting de rêve. Ici, ce sont pas moins de 38 combattants qui répondent présents dès la première partie. Répartis en deux camps de force égale, la plupart des combattants emblématiques de chaque franchise sont prêts à en découdre. Guile, Sagat, Cammy, Vega, Kazuya, Law, Paul, Julia, ils sont tous là... Ou presque ! En effet, 12 autres personnages non moins connus, parmi lesquels Blanka ou Lei Wu-Long, nécessiteront l'achat d'un code pour être débloqués. Sachant qu'ils figurent déjà sur le DVD que l'on vient de se procurer aux alentours de 60 euros, il y a clairement de quoi se sentir floué. Simple désagrément pour les uns, véritable arnaque pour les autres, la politique commerciale de Capcom a déjà fait couler beaucoup d'encre et on n'a pas fini d'en entendre parler.

Mettant systématiquement en scène 4 personnages, Street Fighter X Tekken nous permet de switcher à tout moment entre 2 combattants pour affronter une paire d'adversaires. Toutefois, il suffit qu'un seul personnage soit mis K.O. pour que l'autre camp soit déclaré vainqueur. A peine la partie lancée, un constat s'impose d'emblée : le jeu est très beau. Parfaitement modélisés dans le style comics de Street Fighter IV, les héros des deux séries sont aussi agréables à regarder que bien animés. Contrairement à ce que l'on pouvait redouter, le nouveau design des personnages de Tekken passe très bien et on reconnaît sans peine leurs prises caractéristiques. En ce qui concerne le gameplay proprement dit, Capcom a également décidé de s'inspirer de l'excellent Street Fighter IV. De fait, on en retrouve les principales mécaniques agrémentées de quelques nouveautés. Il y a toujours 6 boutons, des coups spéciaux, des coups spéciaux EX et des Ultra Combos (renommés Special Arts) mais la plupart des commandes ont été simplifiées afin de convenir à un public plus large. Moins de quart de cercle, plus de raccourcis, Street Fighter X Tekken se prend en main très facilement sans pour autant perdre en profondeur, bien au contraire.

Encore plus dynamiques que dans Street Fighter IV, les combats en 2D que Capcom nous propose aujourd'hui sont aussi tactiques que nerveux. En effet, l'ajout d'un second personnage permet au joueur de mettre en place des stratégies redoutables pour terrasser l'équipe adverse. Il peut ainsi commencer un combo avec un combattant et le terminer avec un autre (Cross Rush), effectuer des Special Arts à deux (Cross Arts) ou encore l'appeler à la rescousse quelques secondes pour rouer de coups l'adversaire (Cross Assault). Comme si ça ne suffisait pas, on peut aussi changer de personnage en pleine attaque en effectuant un Cross Cancel ou le sacrifier pour entrer en mode Pandora et tenter d'éviter une défaite au dernier moment. Bien entendu, plus une manœuvre est puissante, plus elle consomme de barres sur notre jauge de puissance, mais l'utilisation judicieuse de notre allié est désormais la clé de la victoire.

Autre nouveauté notable de Street Fighter X Tekken, les gemmes ont suscité une grosse polémique lors de leur annonce. Octroyant à nos combattants divers bonus (+10% de dégâts, coups spéciaux simplifiés, etc.) lorsque leur condition d'activation était remplie (combo d'au moins 15 coups, 3 parades réussies....), elles influent sensiblement sur le déroulement des parties. De plus, certaines gemmes rares étant disponibles uniquement en précommande ou dans de futurs DLC, de nombreux fans ont craint que les joueurs les plus riches disposeraient d'un avantage certain par rapport aux autres. Après plusieurs heures de jeu, on peut raisonnablement penser qu'il n'en sera rien, les bonus de gemmes étant limités dans le temps et pas suffisamment puissants pour ruiner une partie. En fait, l'ajout de ces fameuses gemmes relève plus du gadget que d'autre chose et même si l'on se rendra volontiers dans l'interface dédiée pour tenter diverses combinaisons, elles ne nous garantiront jamais la victoire.

En ce qui concerne les modes de jeu disponibles, le soft s'en tient à des valeurs sûres. Outre un tutoriel assez superficiel et la traditionnelle section Entraînement, on trouve ainsi dans le menu un mode Arcade scénarisé bien kitsch, un mode Versus très classique, quelques défis et des affrontements online variés. Bien entendu, l'histoire volontairement minimaliste vole au ras des pâquerettes mais en la prenant au second degré, on peut s'en satisfaire. Le mode Versus nous permet de paramétrer des combats réunissant jusqu'à 4 joueurs sur la même console. Les défis, de leur côté, consistent à enchaîner des coups très techniques ou à terrasser un adversaire dans des conditions particulières. Enfin, le mode online comporte une rubrique replay pour uploader nos plus belles victoires ou mater celles des autres. Inutile de préciser qu'avant d'avoir fait le tour du propriétaire, il faudra passer pas mal de soirées devant son petit écran. Pêchu, bien équilibré et plutôt complet, Street Fighter X Tekken est donc un jeu de baston de premier choix. Si en plus, son roster avait été complet dès le départ, les fans du genre auraient été au paradis. Mais la perfection n'est malheureusement pas de ce monde...