La simulation de combats aériens typée arcade a besoin de peu d'éléments pour motiver les troupes. Alors quand les éléments en question sont absents et qu'en plus le bidule est développé à la truelle, il ne reste pas grand-chose à sauver.
Dire que JASF : Jane's Advanced Strike Fighters cumule les tares revient à enfoncer les portes ouvertes. Déjà, même si ça n'a pas grande importance, on a tendance à ricaner un peu bêtement en découvrant son scénario qui se déroule dans le pays fictif d'Azbaristan. Parce que curieusement, quand on a besoin d'un pays fictif dans un jeu ou dans un téléfilm, son nom commence souvent par un A ou un K pour se terminer par "istan" avec n'importe quoi au milieu, du moment qu'on a l'impression d'y trouver du pétrole du gaz et une dictature militaire. Précisément, vous incarnez ici un pilote américain venu au secours de l'Azbaristan du Sud, en lutte contre l'infâme Azbaristan du Nord. La gentille coalition démocratique de l'ouest vient donc au secours du joliment nommé Président Akram (ricanements étouffés) en échange de quelques milliards de litres d'or noir. Vous, dans tout ça, vous êtes Razor, pilote émérite prêt à dégommer l'Azbaristan du Nord à vous tout seul. Même si dans les faits vous allez surtout rapidos jeter l'éponge et filer aux Antilles en bombardier.
Orienté arcade, JASF ne cherche pas vraiment à faire dans l'original. D'ailleurs, les missions ne surprendront personne et on enchaînera les classiques consistant à mettre à mal les structures au sol, escorter un appareil allié ou au contraire poursuivre un appareil ennemi. Tout ça en évitant de se faire descendre par les lanceurs SAM ou les chasseurs ennemis. Le seul léger problème, c'est qu'on s'ennuie à mourir. La première chose dont ce genre de soft a besoin, c'est d'offrir des sensations. Or, ici, elles sont aux abonnés absents. Le gameplay est mou, l'ambiance ne décolle jamais et les missions traînent souvent en longueur. En même temps ça se comprend, on vous envoie seul combattre 50 chasseurs soutenus par 23 batteries SAM et une tripotée de DCA. Avec en plus des armes en mousse. Pour une raison étrange, les roquettes et missiles qui arment vos avions sont d'une faiblesse invraisemblable et plusieurs passages sont systématiquement nécessaires rien que pour se débarrasser d'un lance-missiles au sol. C'est loooong, c'est trop looong !
N'attendez pas non plus le grand frisson dans les sensations de vol. On a plutôt le sentiment de se balader en vieux coucou, sans même la crainte d'un décrochage si on fait trop de folies. On notera d'ailleurs que si des termes tels que "manœuvres d'évitement" ou "contre-mesure" vous sont étrangers, il vous faudra tout apprendre sur le tas dans JASF puisqu'on ne vous explique à aucun moment comment réagir quand un ennemi vous a accroché. Et ce n'est pas l'affichage abominable qui va vous aider à vous y retrouver. Passons sur sa laideur pour nous concentrer sur sa confusion. Il est impossible de filtrer les cibles affichées et on se retrouve fréquemment envahi par une myriade de petits points rouges, un peu comme si on traversait une nuée de moustiques mutants. D'ailleurs, très souvent, les cibles se chevauchent, de même que le texte qui les désigne, au point que l'ensemble devient purement illisible. Un vrai bonheur. Et tant qu'on est sur le sujet, si vous êtes amateur de la vue cockpit, faites une croix dessus, on ne trouve qu'une caméra poursuite et une vue à la première personne.
Et pour enfoncer le clou, il semblerait que Evolved Games porte bien mal son nom puisque le studio a un tantinet oublié de terminer son jeu. JASF est truffé de bugs hallucinants et autres idées débiles. On est ainsi passablement surpris de constater la disparition soudaine des textures au sol, remplacées par de grosses tâches noires ou de voir une mission se terminer subitement et sans la moindre raison par le crash de son avion, ce qui ne vous empêchera nullement de passer au checkpoint suivant et de reprendre le jeu. Les freezes sont également omniprésents, pouvant se produire plusieurs fois en quelques minutes. Plus surprenant encore, il est arrivé qu'un game over se produise sans aucune raison en pleine partie ! Quant à ceux qui souhaiteraient sauver le jeu en optant pour un de ses modes multijoueurs, on leur souhaite bien du courage puisque personne ne semble répondre présent en ligne. Ce qui n'est en fait pas très étonnant.
- Graphismes11/20
Au sol, en rase campagne, l'affichage est dans la petite moyenne du genre, ni à tomber ni vraiment moche. C'est autre chose quand on survole des bâtiments modélisés à la hache. Les avions sont grossièrement reproduits. Le HUD est affreusement laid. Pour couronner le tout, le jeu est truffé de bugs, du freeze à la disparition de textures.
- Jouabilité8/20
Les commandes sont pataudes et pas toujours super précises. Le gameplay n'est globalement pas passionnant, les sensations et le rythme faisant cruellement défaut et l'arsenal se montrant étonnamment faiblard, faisant traîner les missions en longueur jusqu'aux portes de l'ennui
- Durée de vie9/20
Avec son gameplay tantôt frustrant tantôt soporifique, JASF ne parvient pas à maintenir l'intérêt en solo. En multi, encore faut-il parvenir à trouver quelqu'un avec qui jouer. Ce qui semble impossible.
- Bande son6/20
Les doublages sont très moyens, les musiques carrément anecdotiques, les effets peu convaincants et des bugs font parfois s'évanouir une partie de la bande-son. Carton plein.
- Scénario/
Entre ennui et agacement, JASF parvient à caler l'étonnement face à ses bugs et l'effroi devant son interface d'un autre âge. On voit mal ce qu'on pourrait sauver dans cette triste expérience.