Votre aspirateur automatique vous renvoie la poussière à la figure ? Votre mixeur se remet brutalement en marche lorsque vous approchez vos doigts de sa lame ? Votre PC a décidé de faire grève et d'écraser toutes vos données par la même occasion ? Il n'y a pas de doute, tous les robots et toutes les IA de votre entourage se sont ligués contre vous et sont bien décidés à écraser l'humanité. Appelez-le HAL 9000 ou Skynet si ca vous chante mais le résultat est le même : le monstre de Frankenstein est de retour et il a mangé un joli bol de puces informatiques à son petit déjeuner. Heureusement, les petits gars de Binary Domain sont là pour remettre de l'ordre et pour sauver les fragiles unités biologiques que nous sommes.
Quel plus bel hommage à Philip K. Dick que de se demander encore, trente ans après sa mort, si les androïdes rêvent de moutons électriques ? On ne compte plus les œuvres de science-fiction qui mettent en scène des robots pour nous amener à nous demander ce qui distingue l'homme de la machine. Binary Domain n'est donc ni le premier, ni le dernier héritier de cette longue tradition. Le jeu nous entraîne en 2080 dans un monde qui a été totalement ravagé par les bouleversements climatiques. C'est l'essor de la robotique qui a permis aux grandes puissances de perdurer tant bien que mal en creusant encore un peu plus les inégalités sociales. Ces avancées technologiques se sont faites dans le cadre très précis de la Nouvelle Convention de Genève qui interdit la conception d'androïdes ressemblant un peu trop à des humains. Un organisme est même dédié à traquer tous les contrevenants à cette règle : l'IRTA. Ses agents s'apprêtent à avoir du pain sur la planche car on vient de découvrir que des robots à l'apparence humaine, des « simulacres », se sont déjà infiltrés un peu partout. Ils sont d'autant plus difficiles à repérer qu'ils ne savent pas eux-mêmes qu'ils sont des machines.
C'est dans ce contexte que l'IRTA décide d'envoyer une force internationale enquêter au Japon. La société Amada est en effet suspectée d'être à l'origine de cette discrète invasion. Vous incarnez un américain dénommé Dan, l'un des membres de ce fameux commando. Votre but est non seulement de trouver des preuves impliquant Amada mais aussi de capturer vivant le dirigeant de la compagnie. Votre mission était censée rester discrète mais vos premiers pas dans un Tokyo ravagé s'avèrent un peu plus explosifs que prévu. Vous pourrez heureusement compter sur l'aide de Big Bo, un compatriote fort en testostérone, pour vous épauler. Vous aurez d'autres camarades tout au long de l'aventure. Votre escouade comprend aussi deux anglais dont une experte en démolition, une ravissante sniper chinoise, un robot français un peu trop poli, ainsi que quelques soutiens locaux que vous trouverez en route... Tout ce beau monde ne sera pas toujours collé à vos baskets : on vous demandera régulièrement de choisir un ou deux compagnons en particulier pour vous aider, mais on vous attribuera aussi parfois d'office vos coéquipiers pour le besoin du scénario.
Dans le fond Binary Domain est un TPS relativement classique qui se base sur un système de couverture et de dégâts localisés plutôt efficace. Vous serez ainsi amené à viser la tête pour que les robots tirent sur leurs confrères ou à dégommer leurs jambes pour les ralentir. Si vous cherchez la réelle originalité de ce Binary Domain, c'est plutôt du côté de la gestion des coéquipiers qu'il faut regarder. En effet, le jeu propose un système de reconnaissance vocale qui vous permet de leur donner des ordres ou tout simplement de taper la discussion. Seuls quelques mots sont reconnus mais ils vous permettent notamment de flatter ou d'engueuler vos collègues, de leur demander de vous aider, de se planquer ou de partir à l'assaut... Dans les faits, on se rend compte que cette fonctionnalité originale ne marche que dans 80 à 90 % des cas. On pourrait s'en satisfaire, mais malheureusement les interprétations tordues ont le chic pour tomber toujours au mauvais moment : vous êtes par exemple à terre et vous voulez demander du secours mais votre appel à l'aide passe pour une remontrance, ou vous essayez de draguer la jolie petite Faye lorsqu'une insulte bien sentie sort à la place d'un mot doux... Une telle bourde peut avoir des conséquences plus importantes qu'il n'y paraît car la confiance que vous portent vos coéquipiers influe directement sur le gameplay.
Une petite jauge placée à côté du portrait de vos collègues vous indique d'un coup d'œil quels sont les personnages qui vous ont à la bonne et ceux qui ne peuvent pas vous voir en peinture. Si vous voulez vous faire apprécier, il faut tout d'abord y aller doucement sur le tir ami, bien répondre aux différentes questions qui vous sont posées et assurer sur le champ de bataille. Concrètement, vos actes comptent autant que vos paroles ! Vous pouvez prendre le parti de jouer au héros solitaire et ténébreux en envoyant bouler tous vos coéquipiers, mais vous risquez alors de rencontrer quelques problèmes dans le feu de l'action. Non seulement vos collègues ne suivront pas vos ordres, mais ils vous laisseront sans problème sur la paille si jamais vous êtes blessé. Bref, faites attention à eux si vous voulez qu'ils fassent attention à vous. Vous pouvez aussi améliorer leurs performances en boostant leurs armes et en leur attribuant des nanomachines. Ces dernières viennent s'insérer dans un damier de six cases et permettent d'augmenter leur défense, leur vitesse de rechargement ou le nombre de packs de soin qu'ils peuvent embarquer. Ce système de progression n'est pas très original mais il s'avère tout ce qu'il y a de plus efficace et il vous poussera à décrocher un maximum de crédits pour optimiser votre petite équipe.
On l'aura compris, la seule originalité de ce Binary Domain n'est pas une grande réussite, mais le titre n'en reste pas moins un jeu d'action fort sympathique qui propose des situations assez variées pour vous tenir en haleine une petite dizaine d'heures. De nombreux boss viendront ponctuer votre ballade dans ce Tokyo futuriste. Il s'agit toujours d'impressionnants monstres mécaniques au design particulièrement réussi. Préparez-vous donc à quelques combats musclés qui ont malheureusement tendance à s'éterniser plus que de raison. Le jeu propose aussi un multijoueur en ligne rassemblant des parties compétitives tout ce qu'il y a de plus classique et un mode Invasion qui ressemble furieusement à certain mode Hordes... Ces ajouts sont toujours bon à prendre mais, étant donné que la campagne s'y prêtait, on aurait préféré avoir un véritable mode coopératif. Au final, on ne fera pas la fine bouche car ce Binary Domain demeure une bonne surprise qui devrait satisfaire sans problème tous les amateurs de jeux d'action explosifs qui rêvent d'allumer des robots par paquet de douze.
- Graphismes14/20
Le titre est loin d'être extraordinaire techniquement parlant, les textures par exemple paraissent un peu datées lorsqu'on les regarde de près. Cependant, quand l'action bat son plein on oublie vite ce genre de petits détails pour ne voir plus que la façon dont les robots volent agréablement en éclats lorsqu'on leur tire dessus.
- Jouabilité15/20
L'action est soutenue sans pour autant devenir effrénée et on prend un vrai plaisir à démolir des hordes de robots. On regrette par contre que la reconnaissance vocale ne soit pas encore tout à fait au point et qu'elle vienne souvent alourdir la gestion des relations avec les coéquipiers.
- Durée de vie16/20
Comptez entre 8 et 9 heures pour faire le tour de la campagne, c'est plutôt honnête étant donné que l'aventure est assez intense et qu'elle propose des phases variées. On regrette juste quelques longueurs lors des combats contre les boss. Le multijoueur en ligne est tout ce qu'il y a de plus classique mais on aurait aimé qu'un véritable mode coopératif vienne étoffer la campagne.
- Bande son11/20
Les musiques manquent de pèche et il faut s'accommoder d'un doublage français en dents de scie : certaines répliques sont dans le ton mais d'autres manquent d'émotion ou sont même totalement à côté de la plaque (on pense notamment au superbe marseillais qui conseille le président des Etats-Unis...).
- Scénario13/20
Le scénario nous sert une belle compilation de clichés et de tirades soit disant viriles. On est donc bien loin de Blade Runner mais heureusement quelques retournements de situation vous maintiendront éveillé jusqu'au combat final.
Binary Domain ne tient peut-être pas toutes ses promesses et ne brille pas par son originalité, mais il s'agit tout de même d'un bon jeu d'action qui fournira un belle dose d'adrénaline aux amateurs du genre. Préparez-vous à dessouder des armées de robots et à y prendre goût !