Depuis sa création par Nintendo, Metroid a toujours eu droit à au moins un titre sur chacune des consoles de la firme. On se souvient de bien des volets mais pas forcément de Metroid II sur Gameboy. Cet épisode a même été tristement surnommé « l'oublié ». Si ce pseudonyme semble renvoyer à un passage noir de la série culte, il n'en est rien.
Metroid II : Return of Samus est avant tout une suite. Le 6 août 1986, Nintendo sort le premier volet pour garnir le catalogue de la Nes. Les possesseurs de la console, alors comblés, ne savent trouver les mots quand ils découvrent la rare qualité de Metroid entre leurs mains. En effet, le soft créait tout simplement une révolution vidéoludique, qui surprend toutes les attentes et surpasse les limites du jeu vidéo en matière de gameplay. L'entente parfaite et si délicate entre exploration, action et plates-formes est d'une maîtrise telle qu'elle impose Metroid comme un titre historique. Les joueurs sont conquis, la critique tout autant. En conséquence, Nintendo se devait de faire perdurer cette licence. Parallèlement à cela débarque en 1989 la Gameboy, aujourd'hui considérée comme mère de toutes les consoles portables. C'est donc logiquement que Nintendo décide de refaire appel à Samus en guise de réponse au succès de Metroid sur Nes. Metroid 2 : Return of Samus verra le jour, avec comme dessein d'enrichir la ludothèque de la Gameboy tout en succédant dignement au premier épisode.
Samus est bien de retour. En effet, alors que la chasseuse de primes réduisait à néant l'élevage de Metroids sur Zebes, la fédération galactique décide néanmoins d'expédier une équipe de recherche sur la planète SR388. Berceau et source de tout Metroid, la planète constitue une menace évidente à surveiller de très près. Or le signal de l'équipe est perdu dans des circonstances mystérieuses. Les Metroids seraient-ils de retour ? Pour répondre à cela, moult raids de soutiens sont envoyés, mais le problème subsiste : l'étrange phénomène est réitéré. Prenant connaissance de l'ampleur de la menace, une méthode alternative est choisie, mais pas des moindres : contacter Samus Aran. Nouvelle mission, tuer tous les Metroids. Cet objectif, certes banal, réserve toutefois au joueur quelques pirouettes scénaristiques intéressantes… Après une courte cinématique d'introduction où le gracieux vaisseau de la chasseuse de prime atterrit sur SR388, la non moins gracieuse Samus apparaît enfin à l'écran de notre Gameboy. A noter que le jeu en lui-même n'intègre aucune explication de scénario, tout est écrit dans le manuel. Dommage pour les joueurs délestés de ce dernier.
On remarque instantanément les sprites d'une qualité remarquable, reproduisant avec autant de fidélité les divers environnements que les animations fluides et précises de l'épisode fondateur. En outre, si on retient du premier opus un monde à la fois sauvage et mécanique, celui-ci paraît plus hostile encore. Sans oublier la présence des Metroids, bien sûr, qui vous donneront du fil à retordre. Pourtant, le plaisir de l'exploration est toujours au rendez-vous, autant par la grandeur de la map que par la transition quasi inexistante entre les différents tableaux liant les multiples pièces du jeu. En revanche, bien que le soft exploite pleinement les caractéristiques de la console, il opère cependant un retour en arrière technique par rapport à son aîné. Cette transition osée a certainement contribué à la négligence des joueurs vis-à-vis de cette suite, ne serait-ce que par la disparition des couleurs. Certes, cette contrainte est imposée par la console, mais elle reste pour nous un peu désagréable pour les yeux. Il faudra donc supporter cette régression pour apprécier Metroid II à sa juste valeur.
Une fois le passage à la Gameboy assumé, nous pouvons enfin nous lancer dans notre quête : réduire le compteur des Metroids à zéro. De ce but découlent deux phases de jeu intelligemment composées. La première consiste tout simplement à exterminer tous les Metroids présents dans une zone donnée. La seconde, elle, complètera la première puisque leur nettoyage déclenchera un tremblement de terre dévoilant l'accès à l'aire suivante. Ainsi, le plaisir de la deuxième phase réside dans la recherche de nouveaux équipements, qui permettront de progresser beaucoup plus facilement dans les profondeurs de SR388. Certains Metroids étant très résistants, un arsenal garni vous donnera l'avantage. C'est alors que l'on se réjouit de la quantité faramineuse de bonus éparpillés avec parcimonie sur l'ensemble de la map. Produire une sensation de découverte, voilà une vertu qui n'a aucunement perdu de son charme. Du rayon de glace aux missiles, en passant par la fameuse boule morphing ou encore la combinaison Varia, tout ce qui a fait l'attrait de Metroid premier du nom est présent avec en bonus de nouveaux équipements très utiles.
Parmi ces nouveautés on comptera la boule araignée, pouvoir atypique proposant à Samus de grimper au mur, tel l'animal éponyme. Cette faculté pourrait paraître clairement trop avantageuse dans un jeu de la série Metroid, mais elle se révèle au final parfaitement maîtrisée par les développeurs. Nous pourrons accéder à moult plates-formes autrement interdites, par la traditionnelle transformation en morphball. Et visiblement, Nintendo a vraiment voulu donner plus de liberté au joueur puisqu'il a adjoint au soft le fameux saut en vrille. Cette nouvelle trouvaille, maintenant bien connue des fans de la série, permet carrément à Samus de voler ! Bien sûr, à condition que l'on appuie sur la touche de saut avec le bon timing. Bref, ce ne sont pas les équipements qui manquent dans cet opus. Tous seront fatalement indispensables pour votre survie dans l'écosystème de la planète, car celui-ci profite d'un bestiaire aussi varié que dangereux. Non seulement vous aurez droit aux Metroids dans des stades différents de leurs évolutions, mais vous combattrez aussi de multiples bestioles prêtes à vous étriper à la moindre occasion, tout au long de votre périple, malheureusement relativement court.
En effet, le compteur des Metroids a tendance à diminuer rapidement. Toutefois, la durée de vie peut être altérée selon son sens de l'orientation et sa capacité à trouver son chemin. Et même si certains se perdront au moindre embranchement, les régions à explorer sont tout de même peu nombreuses. En revanche, elles sont structurées de façon linaire, tel que le voulaient les développeurs. Pour coller au principe de zones successives à nettoyer, cette architecture était nécessaire. C'est d'ailleurs un reproche qu'on pourrait adresser à Metroid II, puisqu'il est relativement pauvre en connections entre les zones certes grandes, mais distinctes. On doit en conséquence faire quelques allers-retours parfois pénibles. En contrepartie, on parvient facilement à se repérer sans carte. A noter que cette dernière n'apparaîtra que dans l'épisode suivant sur Super Nes. Ainsi, les différentes aires sont reliées à un même couloir descendant de plus en plus en profondeur, au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Ceci dit, rien n'empêche de revenir sur ses pas pour sonder à nouveau les environnements déjà visités et récupérer les bonus que l'on aurait éventuellement laissés passer.
Le jeu vous paraîtra également linéaire sur le plan musical. Et malheureusement, ce sont une fois de plus les limitations techniques de la console qui sont à pointer du doigt, et qui peine à fournir une musique digne de ce nom. Malgré cela, Nintendo a su créer une ambiance étonnante, en jouant justement sur l'absence de musique. De la sorte, la peur de trouver un Metroid s'installe subitement. Et lorsque l'un d‘eux finit par pointer le bout de son nez, une musique terrorisante intervient, glaçant le sang du joueur. Une sensation unique et propre à cet épisode. D'ailleurs, la peur ira crescendo durant l'aventure, grâce à l'évolution des Metroids. Finalement, ce Metroid II fut bien un épisode à part. En y jouant, on se rend compte qu'en réalité il s'agit d'une expérience vidéoludique remarquable, s'adaptant avec brio à la Gameboy, mais ayant malheureusement pâti des limites techniques de la console.
- Graphismes16/20
En dépit des limitations techniques de la Gameboy, le jeu parvient avec succès à instaurer des graphismes variés et détaillés.
- Jouabilité18/20
C'est là que cet opus frappe fort. Non seulement il s'adapte aux contraintes de la Gameboy, mais il propose en outre un déroulement inédit et étonnamment efficace, à savoir la destruction de tous les Metroids avec l'aide d'un compteur. Cet épisode n'hésite pas non plus à apporter son lot de nouveautés qui se répercuteront dans les volets suivants.
- Durée de vie14/20
Ce qui est sûr, c'est que vous ne passerez pas énormément de temps sur ce Metroid 2. Etant donné que le nombre de zones se compte sur les doigts d'une main, on en fait vite le tour. Cependant, il faut admettre que les lieux ont une taille conséquente et qu'ils regorgent de bonus en tout genre. De quoi revenir fréquemment sur ses pas pour tout trouver.
- Bande son15/20
Le jeu ne profite que d'une pauvre présence musicale. En effet, la musique que vous entendrez dès le début du jeu est l'une des seules pistes à écouter. L'autre thème intervient lorsque Samus parvient à débusquer un Metroid. Nintendo a tout de même intelligemment joué sur l'absence sonore pour créer le suspense. L'ambiance est alors soignée, ce qui est très appréciable.
- Scénario14/20
Certes, le pitch écrit dans le manuel peut sembler exaltant, mais le bilan scénaristique du jeu en lui-même est relativement faible. Par contre, il est important de dire que cette trame permet une augmentation progressive de la tension chez le joueur au fur et à mesure qu'il s'approche de la source des Metroids. On n'oubliera pas non plus la fin qui nous réserve quelques surprises !
Metroid II : Return of Samus ne laissa personne indifférent à sa sortie. Beaucoup de joueurs, déçus de la régression technique causée par le passage de la NES à la Gameboy, feront tout pour le chasser de leur mémoire, ce qui a donné à la cartouche son injuste surnom, « l'oublié ». Certes, moins élégant que son prédécesseur, ce deuxième épisode de la série est aussi un pur chef-d'œuvre et un classique de la Gameboy.